Immobilier  : le PTZ dans l'ancien... ça marche

Le nouveau dispositif du prêt à taux zéro destiné à l'achat de logements existants pose des conditions très restrictives pour en bénéficier. Pourtant il semble qu'il soit très prisé dans certains territoires de France.
Mathias Thépot
En Île-de-France, le nouveau PTZ dans l'ancien ne rencontre pas le succès escompté.
En Île-de-France, le nouveau PTZ dans l'ancien ne rencontre pas le succès escompté. (Crédits : CC0 Public Domain)

De manière surprenante, le nouveau prêt à taux zéro (PTZ) dans l'ancien serait finalement un succès. Au moment de l'instauration par le gouvernement de ce dispositif destiné à relancer l'accession à la propriété, beaucoup s'étaient pourtant insurgés contre les conditions définies pour en bénéficier dans l'immobilier existant. En effet, pour obtenir ce prêt destiné aux ménages souhaitant accéder à la propriété pour la première fois, il faut réaliser 25 % du montant total de l'acquisition en travaux... une part trop jugée trop importante par la plupart des acteurs du logement.

Il aurait en fait fallu, selon eux, un montant d'environ 10 % de travaux pour rendre le nouveau PTZ réellement attractif sur le marché de l'immobilier ancien. Mais Bercy et l'Elysée ont voulu limiter la portée du PTZ renforcé, d'une part pour éviter la dégradation des finances publiques, et d'autre part pour réduire les effets inflationnistes sur l'immobilier qui peuvent être induits par ce type de mesure.

Différé d'amortissement

Pourtant, 6 mois après son instauration, les discours changent. Le président de la Fnaim, la principale fédération d'agents immobiliers en France, Jean-François Buet, a par exemple avoué faire son « mea culpa » au sujet du PTZ dans l'ancien, car il y a bien des territoires où ce dispositif participerait réellement à la hausse du nombre de transactions sur le marché de l'immobilier ancien. En 2016, la Fnaim en prévoit 840.000, ce qui serait la meilleure année sur ce marché depuis le début du siècle.

Ainsi le PTZ dans l'ancien, « ça marche vraiment. Lorsqu'il a été annoncé, ce dispositif nous semblait réducteur, on ne pensait pas qu'il aurait un tel succès », a concédé Jean-François Buet. Une source bancaire a même indiqué à l'AFP que le PTZ dans l'ancien représente 20 % du total des prêts à taux zéro distribués depuis début 2016. Il faut en effet dire que ce prêt à taux zéro nouvelle version donne, au delà des contraintes de travaux, quelques avantages significatifs. D'abord, depuis le 1er janvier dernier, il est accessible à 40 % de primo-accédants supplémentaires, puisqu'il est distribué sur tout le territoire, contre seulement 6.000 communes rurales en 2015.

Des avantages non négligeables

Ensuite, il permet de financer jusqu'à 40 % de l'opération. Mais surtout, en cette période de taux d'intérêt nominaux de crédits immobiliers très bas (1,77 % en moyenne en mai selon l'Observatoire Crédit Logment/CSA), c'est en fait moins le taux à 0 % qui attire l'emprunteur que la possibilité accrue de différer le remboursement de son prêt qui rend le dispositif attrayant. Au début de l'emprunt, le primo-accédant perçoit ainsi le PTZ comme constitutif d'un apport personnel, ce qui peut débloquer des opérations d'achat, et permet de compenser la part importante de travaux imposée par ce dispositif dans l'ancien.

Cependant il faut bien différencier les territoires pour comprendre le succès apparent du prêt à taux zéro dans l'ancien. Les zones où ce nouveau PTZ rencontre un franc succès sont en effet « semi-rurales, ou en périphérie des villes moyennes », indique-t-on du côté de la Fnaim. C'est en fait là où les prix de l'immobilier sont les plus bas que le PTZ fonctionne dans l'existant.

Succès dans les zones détendues

Par exemple à Mulhouse, un appartement ancien de 80 mètres carrés vaut environ 75.000 euros, et pour bénéficier du dispositif PTZ, il faut entreprendre 25.000 euros minimum de travaux. A l'inverse, dans la zone la plus tendue, à Paris, un appartement de 80 m² vaut 600.000 euros, et il faut donc réaliser 200.000 euros de travaux pour bénéficier du PTZ... Autant dire que pour des primo-accédants, le surplus de travaux demandé dans les zones où les prix de l'immobilier sont élevés devient excluant.

D'ailleurs ce n'est pas pour rien que les chiffres du PTZ dans l'ancien publiés par la préfecture de l'Île-de-France, la région la plus tendue de France, sont très mauvais. Ils montrent que seuls 5 % des PTZ accordés entre janvier et avril 2016 l'ont été dans l'ancien. Il se dégage donc une dichotomie évidente entre les zones détendues et les zones tendues.

Mathias Thépot

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Commentaires 6
à écrit le 30/06/2016 à 8:35
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Résumé des épisodes précédents : 1) Les prix de l'immobilier, entre 1997 et 2012, ont pris +250% ou plus dans les grandes métropoles (et, dans le cas de Paris, dans l'intégralité de la Région). 2) Curieusement, suite à cette explosion de prix, on ...

à écrit le 29/06/2016 à 21:54
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On a tendance a faire de moins en moins confiance au prêt de banque dépendante de la politique de l'UE et de la BCE qui ne travaille pas pour l’intérêt de la Nation mais de la finance!

à écrit le 29/06/2016 à 20:58
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Très bien ce principe de pret pour rénover l'ancien en zone rural, intéressant pour les campagne et zone rural ou ça peut apporter de l'emploi en rénovation, très bonne initiative du gouvernement !

le 30/06/2016 à 8:47
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oui mais après 4 a,ns de massacre de ce secteur......la moindre des choses est de limiter la casse,.

le 30/06/2016 à 12:56
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quel massacre?

à écrit le 29/06/2016 à 18:22
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J'ai un scoop : pour vendre plus facilement il faut baisser les prix.

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