Les deux tours géantes de La Défense vont-elles enfin voir le jour ?

Bouygues a pris une part minoritaire dans le projet de construction de deux tours jumelles géantes à la Défense, mêlant logements haut de gamme, bureaux et commerces. Preuve de la viabilité d'une opération dont on doute depuis 2007 ?
Mathias Thépot
Est-il trop tard pour construire deux tours géantes à la Défense ?

Le projet de construction des deux plus grandes tours d'Europe (320m) à la Défense va-t-il enfin voir le jour ? Voilà plusieurs années qu'Emin Iskenderov, le patron du promoteur immobilier Hermitage qui porte l'opération, promet que la mise en chantier de ce projet pharaonique mêlant logements de luxe, bureaux et commerces, est imminente. Mais depuis le démarrage du projet en 2007, plusieurs contretemps auraient empêché le bon déroulé des opérations, principalement les nombreux recours, ainsi que le relogement des familles occupant les lieux.

Toutefois, en ce mois d'octobre 2015, le promoteur a annoncé plusieurs bonnes nouvelles : d'abord Bouygues prend une part minoritaire dans la société qui porte ce projet de 2,9 milliards d'euros, ensuite la quasi totalité des familles occupant les lieux ont déjà été relogées, et enfin les recours sont presque tous purgés.

Le financement du projet reste flou

De quoi assurer définitivement le lancement des mises en chantier ? Pas certain, car d'une part la présence de Bouygues dans l'opération n'est pas un gage de succès. Le géant de la construction français conseille en effet déjà Hermitage depuis 2007 et annonce prendre une participation très minoritaire dans l'opération.

Et d'autre part, parce qu'Emin Iskenderov reste, depuis le démarrage du projet, très flou sur l'identité des partenaires financiers qui l'accompagnent. Ce qui, de fait, entretient le doute. « Très sincèrement, tous les acteurs financiers nécessaires à la mise en œuvre du projet sont présents, notamment des fonds de pensions. Mais comme on ne connait pas encore exactement la date de lancement des opérations, nous ne préférons pas encore communiquer précisément sur ce point », se justifie Emin Iskenderov. Pourquoi alors ne pas annoncer la date de départ du chantier ? Impossible, car avant cela « il faut se poser, et travailler sur le cahier des charges des opérations encore quelques mois », explique-t-il aussi.

Un projet qui en vaut 15 !

D'ici la fin de l'année, assure-t-il, les dates de démarrage du chantier seront connues. Dans l'ordre, les hôtels seront les premiers à sortir de terre, suivis des logements de luxe (qui devraient être commercialisés à des prix supérieurs à 13.000 euros du mètre carré), des bureaux, et enfin des commerces. Le tout prendra 4,5 années à être livré, au lieu de 6 ans initialement, se réjouit le promoteur russe, grâce au progrès technique dans la bâtiment. Commercialisés dès 2017, les logements de luxe coûteront chacun entre « 2,5 et 3 millions d'euros, pour une surface d'environ 150 à 180 mètres carrés en moyenne. Et nous espérons que plus de la moitié seront vendus à des français », indique Emin Iskenderov.

Mais la commercialisation des logements provoque le scepticisme chez des observateurs extérieurs très attentifs à ce seul projet qui « pèse comme 15 projets de promoteurs ! », s'exclame Emin Iskenderov. En effet, le nombre de transactions dans l'immobilier de luxe en France s'est fortement réduit ces dernières années.
Certes, ce marché semble se stabiliser depuis quelques mois du fait de la baisse de l'euro qui ramène des investisseurs étrangers, et qu'Emin Iskenderov espère pérenne.
Mais beaucoup d'experts du secteur pensent toutefois que le promoteur risque de ne pas trouver preneur pour ses logements.

Un promoteur qui n'a pas été pris au sérieux ?

Peut-être d'ailleurs que le promoteur russe nourrira de gros regrets sur la longueur prise par les opérations. En effet, avec le recul « un projet mixte logements/bureaux/commerces comme celui-ci était loin d'être utopique en 2007 », estime un spécialiste de l'immobilier de bureaux en Europe. « Plusieurs projets de ce type ont d'ailleurs connu un franc succès dans des grandes métropoles mondiales, notamment en Asie », ajoute-t-il.

« Mais c'était une première en France. Et en 2007, les acteurs du secteur ont vu arriver ce promoteur russe avec méfiance, parfois sans le prendre au sérieux. Ce qui ne lui a pas facilité la tâche », regrette ce même spécialiste.
A l'inverse, Emin Iskenderov dit de son côté avoir « toujours évolué dans un climat favorable » en France, et qu'il nourrit d'ailleurs déjà « d'autres réflexions pour des immeubles de la Défense ». De quoi tordre le cou au discours ambiant sur le french bashing.

Mathias Thépot

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Commentaires 11
à écrit le 19/10/2015 à 22:53
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Ce genre de tours (déjà vues et revues) montre qu'on a pas evolué un iota sur la construction ecologique et qu'on ne fait qu'empiler des chiffres pour se donner l'illusion d'une toute puissance! gouffre à fric et à CO2!!! rien de plus!

à écrit le 19/10/2015 à 20:57
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Ce projet me semble aussi nécessaire pour redynamiser et rajeunir l'image de la métropole parisienne.

à écrit le 19/10/2015 à 19:51
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Que d'immobilisme et de conservatisme dans les réactions des uns et des autres. Et quelles peurs ? Évidemment qu'il faut les faire ces tours. Pour l'image de Paris.Pour le retour des investisseurs. Pour La Défense qui a besoin d'être redynamisée et ...

le 19/10/2015 à 22:09
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Ce qui ne vas pas c'est que des tours, on n'en veut pas. Un point c'est tout. Combien de temps avez vous passé dans une tour ? Climatisation limite ! Vous confondez Paris ( un joyaux ) et la Défense, un quartier très mal désservit. Combien de fois ...

le 20/10/2015 à 10:32
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Dans quelques années le télétravail videra les tours de la Défense ...et après les friches industrielles vous aurez des milliers de mètres carrés de bureaux vides . L'immobilisme serait de penser, de croire que le monde de demain ressemblera à celui...

le 25/10/2015 à 15:46
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Je pense que Paris veut copier Londres sur le modèle de tours démesurées et Luxurieuses tel que le Shard. Sauf que la grande majorité des acheteurs intéressés par ce genre d'investissement sont étrangers et ne cherchent qu'à placer leur argent dans d...

à écrit le 19/10/2015 à 18:32
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Voici peut être la traduction des logements sociaux attendus notamment en Région Parisienne ? Nos riches amis Quataris vont pouvoir investir et profiter de la niche fiscale qui leur est tout spécialement réservée. Personnellement, l'architecture qui...

à écrit le 19/10/2015 à 17:56
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Y aurait-il une course "à qui aura la tour la plus haute" ? La France se prend pour le Qatar, l'Arabie Saoudite et le Bahreïn réunis !!

le 20/10/2015 à 15:32
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Quand on sait que l'Arabie Saoudite a mis sur les rails une tour de 1000 m de hauteur, Dubaï inauguré celle de plus de 800 m et qu'il se construit des tours de plus de 400m de hauts dans beaucoup de pays du monde y compris aux USA (sans compter le Sh...

à écrit le 19/10/2015 à 17:54
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Ce projet à La Défense est une ânerie. La ligne A du RER qui dessert ce quartier est saturée. Construire des milliers de m² de bureaux supplémentaires dans cet endroit accroît le déséquilibre de Paris. La concentration du tertiaire a des limites qui ...

le 20/10/2015 à 15:28
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Ah oui ? Parce que selon vous, les acheteurs des logements de luxe de ces tours (dont, entre nous, il faut la construction) vont prendre le RER A ? Vous arrive-t-il de réfléchir ?

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