Rome veut que le FESF et le MES rachètent sa dette

Mario Monti veut que le FESF ou le MES intervienne sur le marché secondaire de la dette souveraine. Mais les détails restent à définir et l'adhésion de Berlin à obtenir.
Matio Monti, Président du conseil italien Copyright AFP

Les fonds de sauvetage européens vont-ils intervenir sur le marché de la dette pour réduire le coût de la dette ? L'idée a  apparemment été avancée par le président du conseil italien, Mario Monti, lors du G-20 de Los Cabos au Mexique. « Il s'agit de stabiliser les coûts d'emprunt, en particulier pour les pays qui se conforment à leurs objectifs de réforme », a indiqué le chef du gouvernement italien. Les détails de cette proposition ne sont pas connus, mais le président français François Hollande a confirmé qu'elle pourrait être discutée lors de la rencontre à Rome ce vendredi entre les dirigeants des quatre principales économies de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne).

Une demande ancienne

Le Fonds européen de Stabilité Financière (FESF) et le Mécanisme européen de Stabilité (MES) qui devrait rapidement lui succéder, ont, en théorie, le droit de procéder à des rachats de titres obligataires souverains sur le marché secondaire. C'était une décision du sommet européen du 21 juillet 2011 et, déjà, le but était de stopper les attaques contre l'Italie et l'Espagne. Mais cette arme n'a jamais été utilisée.

Les détails manquent

Il semble difficile de savoir exactement ce que veut Rome : une intervention ponctuelle ou un mécanisme permanent qui permettrait d'intervenir à partir d'un « seuil » comme le font, par exemple, certaines banques centrales pour agir sur le cours de leur monnaie. La question de la force de frappe est également essentielle : peut-on « brûler » les cartouches des fonds de soutien pour maintenir les cours des obligations italiennes ou espagnoles et se retrouver à nouveau nu comme Job lorsqu'il faudra éteindre un foyer sérieux ?

Soulagement

L'objectif de Mario Monti est clairement de faire retomber la pression sur la dette italienne. Une pression causée notamment par les inquiétudes sur l'Espagne et que Rome estime non justifiée compte tenu de la réalité des comptes italiens. Mais une intervention du FESF ou du MES sauverait-elle l'Italie ? Pas si sûr. Chez BNP Paribas, par exemple, on estime qu'une intervention pourrait causer " un soulagement sur les coûts d'emprunt à court terme, mais ne fait sens que s'il s'inscrit dans une stratégie plus large et plus profonde".

Convaincre Berlin

Mario Monti entend cependant rassurer les Allemands en voulant écarter l'argument de « l'aléa moral » qui leur est cher. Ce mécanisme ne fonctionnerait en effet que pour les pays qui ont engagé des réformes. Du coup, il n'encouragerait pas le laxisme budgétaire, mais bien plutôt la rigueur. Reste à savoir qui sera l'arbitre qui décidera de qui a engagé ou non les réformes. Une chose est cependant certaine : à chaque euro versé par ces mécanismes pour racheter de la dette, il faudra l'aval du Bundestag via une commission siégeant à huis clos. C'est cette commission qui autorisera, ou non, le représentant allemand au conseil d'administration du FESF ou du MES d'accorder le versement. Or, l'Allemagne pèse pour près de 28 % des voix dans ce conseil. Angela Merkel a indiqué mercredi soir qu'il n'avait pas été question de ce projet de rachat au G-20. Au lendemain d'un jugement de la Cour de Karlsruhe qui renforce les droits du Bundestag, elle entend avancer prudemment dans sa stratégie européenne.
 

Commentaires 5
à écrit le 20/06/2012 à 19:42
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si mes informations ne sont pas erronées : avant l `élection de mr Pompidou en 1973 la banque nationnale de chaque pays enropéens avait la possibilité de faire des prêts obligataires a zero interêts . pendant la présidence de pompidou son gouvernem...

à écrit le 20/06/2012 à 17:59
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vu le mode de fonctionnement de ces machins, ils vont être obligés de demander du fric au pays européens, donc à l'Italie qui va être obligée d'emprunter sur les marchés pour donner le fric au MES qui rachètera sa dette ... brillantissime !!!!

à écrit le 20/06/2012 à 17:59
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Mario réinvente les eurobonds mais cela ne passera pas plus qu'avant. La question de l'aléa moral est essentielle. Engager des réformes ne suffit pas. Que se passera-t-il si, une fois les dettes mutualisée, une nouvelle majorité en Italie cesse d'hon...

à écrit le 20/06/2012 à 17:56
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"Rome veut que" Ben, on va lancer une collecte, voire un impôt pour les soulager.

à écrit le 20/06/2012 à 17:21
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C'est un peu un marché de dupes. en admettant que l'Italie obtienne satisfaction, il faudrait aussi que le FESF puis le MES rachètent les dettes de la Grèce (elle a fait un effort considérable même s'il ne suffit pa, et quid du Portugal, de l'Irlande...

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