L'or noir boucle un trimestre bien sombre

Avec une décrue de 12 %, le WTI affiche sa plus forte baisse trimestrielle depuis la fin 2008 sous l'effet des craintes sur la croissance et sur l'évolution des prix du baril en 2012.
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Crise de la dette en zone euro, inquiétudes sur la croissance économique mondiale : le trimestre qui s'achève aura été déprimant pour le pétrole. À 83,30 dollars le baril ce mercredi, le WTI affiche une décrue de 12 % dollars sur les trois derniers mois. Il faut remonter au quatrième trimestre de 2008 pour retrouver pire déconvenue - elle était tout de même de 55 % alors. Sur le brent, la décrue est plus limitée (- 6,3 %), mais reste prononcée. « Les turbulences en zone euro ont joué un rôle important sur la confiance des investisseurs, minant leur appétit pour les actifs risqués », rappelle Harry Tchilinguirian, en charge de la stratégie sur les matières premières chez BNP Paribas. À l'exception de l'or, cela vaut pour de nombreuses matières premières. « En outre, les prévisions de croissance en zone euro et aux États-Unis ont été revues à la baisse. Le marché en a déduit un effet négatif sur la demande de pétrole ».

Mardi, Morgan Stanley a revu son scénario pour 2012. Selon ses analystes, le prix moyen du brent devrait se situer autour de 100 dollars le baril... et non plus 130 dollars, comme prévu jusqu'alors. Morgan Stanley craint que l'augmentation de la production au sein de l'Opep avec le retour de la Libye - avec une capacité augmentée de 800.000 barils/jour au total pour l'organisation - mais également en dehors du cartel, ne coincide avec des perspectives plus faibles côté demande. Avec une hypothèse de croissance économique mondiale de 3,1 % l'an prochain, Morgan Stanley anticipe une hausse de la demande de 600.000 barils par jour. Sans compter l'effet perturbateur d'un dollar plus fort ou d'une aversion pour le risque qui resterait élevée. Du coup, Morgan Stanley n'exclut pas de voir tomber le brent à 85-90 dollars au premier semestre, mais se veut plus optimiste s'agissant du second semestre 2012.

Retour de la Libye

« Nous restons positifs, indique de son côté Harry Tchilinguirian. Nous n'anticipons pas de ralentissement prononcé et prolongé de la croissance dans les pays émergents, et en Chine en particulier - premier contributeur à la croissance de la demande de pétrole - qui peut encore se permettre des politiques de relance. »

Pour BNP Paribas, qui voit le WTI évoluer entre 80 et 90 dollars et le Brent autour de 110-115 dollars d'ici à la fin de l'année, la croissance de la demande pourrait être moins forte, mais ne menace pas de s'effondrer. Côté offre, la Libye peut certes revenir à 600.000 barils/jours d'ici à la fin de l'année. Mais des questions se poseront au sein de l'Opep. « L'Arabie Saoudite va-t-elle continuer à augmenter sa production ? Il est peu vraisemblable que l'Opep souhaite une baisse durable du cours du WTI sous les 80 dollars. Le cartel interviendra probablement pour fixer un cours plancher ». Le pétrole peut également compter sur des facteurs externes : les politiques monétaires, notamment de la part de la Fed, synonymes de taux d'intérêt nominaux très bas et de liquidités supplémentaires, combinés à des anticipations d'inflation, soutiendront également les cours fait valoir l'expert.

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