L'Allemagne critique vertement la politique monétaire des Etats-Unis

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s'irrite que Washington ne tienne pas les engagements du G20 de Toronto d'une réduction des déficits publics. De quoi hypothéquer le prochain Sommet du G20 de Séoul jeudi 11 novembre...
Wolfgang Schäuble

L'Allemagne critique vertement la politique monétaire américaine. La banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), a en effet décidé mercredi de relancer l'activité économique en achetant d'ici la fin de l'année 2011 pour 600 milliards de dollars de bons du Trésor américain.

Interrogé à ce sujet jeudi soir par la télévision publique ARD (« Tagesthemen »), le ministre fédéral allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré « ne pas croire que les Etats-Unis résoudront ainsi leurs problèmes ».

"En fait les Etats-Unis créent ainsi plus de problèmes au monde entier" a noté le ministre. "Nous évoquerons cette question de façon critique avec nos amis américains lors de nos discussions bilatérales mais aussi la semaine prochaine lors du sommet du G20 en Corée " a-t-il précisé.

"Je souhaite aux Américains qu'ils résolvent leurs grands problèmes le plus vite et le mieux possible mais si vous regardez le succès de l'Allemagne [dont le déficit public devrait repasser sous la barre des 3 % du PIB dès 2011, NDLR] vous noterez que la solution ne consiste pas en plus de déficits. D'ailleurs la politique commune à laquelle les pays industrialisés, dont les Etats-Unis, se sont obligés lors du Sommet du G20 de Toronto fin juin dernier, est de réduire les déficits" a ajouté Wolfgang Schäuble.

"Mon impression est, avec tout le respect que nous leur devons, que les Etats-Unis sont déboussolés " a même déclaré le ministre , cette fois-ci lors d'une rencontre à la Fondation BMW à Berlin.
L'atmosphère entre les dirigeants de la politique économique à Berlin et à Washington est, on peut plus, électrique.
Lors du récent sommet des ministres des Finances à Gyeongju en Corée, le secrétaire d'Etat américain au trésor, Timothy Geithner avait proposé de limiter à +4 % ou - 4 % du Produit Intérieur brut (PIB) la variation de la balance des paiements courants (soit le solde des flux monétaires d'un pays issu de ses échanges internationaux de biens et services, revenus et de transferts courants) de chaque pays.
Implicitement cela signifierait que des puissances exportatrices aux forts excédents commerciaux comme la Chine et l'Allemagne utilisent leur politique budgétaire et leur taux de change pour soutenir leur demande intérieure.
Berlin avait déjà réagi en indiquant que son excédent commercial n'est pas le fruit de la politique monétaire mais de la compétitivité élevée de son économie.
Les prochains face-à-face américano-allemands s'annoncent pour le moins tendus.
L'agenda du Sommet du G20 de Séoul ce jeudi et vendredi risque lui aussi d'être éclipsé par la décision de la Fed qui provoque des remous chez de nombreux participants.

 

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