Espionnage chez Renault : une simple vengeance ?

Par latribune.fr  |   |  461  mots
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Selon Le Parisien, les enquêteurs de la DCRI orienteraient désormais leurs recherches vers l'entourage "très proche" de Michel Balthazard, le plus haut-gradé des trois cadres licenciés en janvier par le constructeur pour espionnage.

Décidément, l'affaire d'espionnage dont Renault assure avoir été victime semble se dégonfler de jour en jour. Si on en croit Le Parisien de ce samedi, la Drection Centrale du Renseignement intérieur (DCRI), officiellement en charge de cette étrange affaire, oriente désormais ses investigations vers l'entourage très proche de Michel Balthazard, ex-patron de la division «amont, projets et prestations» du constructeur, licencié le mois dernier avec deux autres cadres du groupe, Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochette. Elle soupçonne en effet ce collaborateur proche - une dizaine de personnes seraient interogées - d'être l'auteur des lettres anonymes envoyées à la direction du groupe au milieu de l'an dernier et qui ont conduit Renault à déclencher sa propre enquête interne.

La dernière lettre, envoyée fin août et dévoilée voilà quelques jours par les médias, était ainsi rédigée : «En mai de cette année, j'ai vu Balthazard Michel négocier un pot-de-vin en prétendant que, si Bob Bell de la F1 en profitait, lui aussi voulait en profiter et alimenter son compte en banque». L'auteur menaçait d'alerter les médias si aucune suite n'était donnée à ses courriers.

Renault avait alors mis en alerte son propre service de sécurité interne. Lequel avait mené des investigations, à partir de méthodes aujourd'hui contestées, et conclu que les trois cadres avaient reçu des paiements importants sur des comptes en Suisse ou au Lichtenstein. Sur la base de ces éléments, Renault avait licencié ses trois collaborateurs qui ont saisi la justice pour dénonciation calomnieuse.

La justice tente de vérifier l'existence de ces comptes bancaires. Pour Bertrand Rochette, les investigations menées fin décembre n'ont rien donné. Dans sa dernère édition, Le Canard Enchaîné révélait que le parquet fédéral de Berne a informé le parquet de Paris, de manière officieuse, que  Mathieu Tenenbaum, ne possédait aucun compte à la Zürcher KantonalBank. La justice attend encore la réponse d'une autre banque concernent Michel Balthazard, censé, selon Renault, posséder dans cet établissement un compte sur lequel 550.000 euros aurait été versés.

La DCRI soupçonnerait donc désormais, si on en croit Le Parisien, un "corbeau" qui aurait voulu se venger de Michel Balthazard. Et elle enquête donc dans l'entourage de ce dernier.

L'affaire deviendrait alors très embarrassante pour Renault. Carlos Ghosn, le PDG du groupe, se défend depuis début janvier d'avoir agi à la légère et assure que cette accusation d'espionnage est bien fondée. Voilà quelques jours, en marge de la présentation du nouveau plan stratégique du groupe, il demandait à nouveau qu'on lui fasse confiance.