EADS rêve encore de vendre ses Airbus en euros

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  410  mots
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Pour pallier l'impact de la faiblesse du dollar sur ses comptes, le groupe cherche à convaincre des compagnies aériennes d'abandonner la monnaie de référence en aéronautique.

Cela paraît irréaliste mais traduit bien les difficultés d'EADS sur les questions de parité monétaire. Confronté à la faiblesse du dollar face à l'euro (un euro vaut 1,4 dollar), qui pénalise Airbus - la majorité de ses coûts est libellée en euros pour des recettes 100 % en dollars -, Hans-Peter Ring, le directeur financier d'EADS, maison mère d'Airbus, a fait des déclarations surprenantes.

Mercredi à New York, devant quelques journalistes, il a indiqué, selon l'agence Bloomberg, que le groupe européen discutait avec des compagnies aériennes pour libeller ses factures en euro et non plus en billet vert, la monnaie de référence dans l'aéronautique. L'impact négatif du dollar sur son résultat d'exploitation est en effet dévastateur puisqu'il absorbe une grande partie de la rentabilité d'EADS et d'Airbus. « Selon que l'euro s'échange à 1,20 ou 1,35 dollar, c'est 1,5 milliard de résultat en plus ou en moins pour Airbus », indiquait-on chez l'avionneur peu avant l'été. Tous les efforts de compétitivité ces dernières années n'ont fait que compenser la dégringolade du dollar.

Reste que les souhaits d'Hans-Peter Ring en ont étonné plus d'un, y compris en interne chez Airbus. « En 2006, Noël Forgeard, lorsqu'il était aux commandes du groupe, avait également émis cette hypothèse. Cela avait fait ?pschitt? ». « C'est complètement irréaliste. Ne serait-ce que parce que le dollar est aussi la monnaie unique sur marché de l'occasion, ce dont doivent tenir compte les compagnies au moment de leurs achats d'avions neufs qui ont vocation à être revendus », explique de son côté un banquier spécialisé dans le financement d'avions.

Il n'en demeure pas moins que la force de l'euro par rapport au dollar handicape Airbus face à Boeing. Pour tenter de se prémunir, l'avionneur dispose de couvertures de change sur la partie de ses coûts qui ne sont pas libellés en dollars. Plus fondamentalement, « l'enjeu est d'accroître nos achats en dollars », expliquait début juin le directeur général d'Airbus, Fabrice Brégier. Cela a notamment été fait sur l'A350 dont une bonne partie des coûts est en dollars. Hans-Peter Ring presse d'ailleurs les fournisseurs européens de produire en zone dollar ou dans les pays à faibles coûts de main d'oeuvre. Un redéploiement qui est dans les cordes des grands sous-traitants (qui ont pris ce virage depuis longtemps) mais beaucoup plus problématique pour les PME.

Fabrice Gliszczynski