La Turquie redouble ses efforts envers l'Afrique

Le Premier Ministre turc se mobilise pour la Somalie. Un nouvel exemple du récent activisme turc en Afrique. Jusqu'ici la Turquie n'y joue qu'un second rôle.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan

C'est à la demande de la Turquie que l'Organisation de la coopération islamique (OCI) qui représente 57 pays musulmans s'est réunie en urgence mercredi à Istanbul pour débattre de la crise humanitaire qui frappe la Somalie et la Corne de l'Afrique.


"Nous venons de la communauté du prophète qui nous dit que nous ne pouvons dormir calmement si notre voisin meurt de faim. Le peuple somalien nous regarde. Pouvons-nous détourner notre regard ?" a lancé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dans un discours aux nombreuses références islamiques et "coups de gueule" envers l'Occident.

"J'espère que les efforts de l'OCI vont réveiller les consciences. Nous espérons que le monde occidental qui aime développer son PIB montrera son soutien envers la Somalie".

C'est dans ce contexte qu'il se rendra vendredi 19 aout en Somalie, accompagné de sa famille. Une visite délicate puisqu'il visitera la capitale, Mogadiscio, en proie à d'importants problèmes de sécurité, avant de visiter des camps de réfugiés.

Même mission pour son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu qui poursuivra sa tournée africaine par l'Ethiopie, le Kenya et l'Afrique du Sud.

Comme l'écrit le chroniqueur du journal Milliyet, Sami Kohen, au delà de l'aspect humanitaire et de la simple solidarité musulmane exprimée en période de ramadan par Ankara, cette hyperactivité turque en Afrique s'insère aussi dans "un nouveau cadre africain".

Figure montante de la scène internationale et de l'économie mondiale (elle a connue la plus forte croissance mondiale au premier trimestre 2011) la Turquie affiche en effet un retard évident sur le continent africain. Tandis que les exportations chinoises et indiennes ont dépassé respectivement les 107 et 32 milliards de dollars en 2010, celles de la Turquie atteigent difficilement les 7,27 milliards de dollars.

Conscientes de leur retard, les autorités turques tentent depuis 2005 d'inverser la tendance après des décennies de négligence.

Comme le résume le spécialiste Mehmet Ozkan du think tank Seta, l'Empire ottoman a entretenu d'importantes relations avec ce continent avant que la création de la République en 1923 n'y mette un terme. Le récent changement de cap de la diplomatie turque entrepris de manière active en 2005 fait partie intégrante de la nouvelle stratégie turque qui consiste à mener une politique à 360 degrés au lieu de se limiter à ses relations privilégiées avec l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis.

Depuis, Ankara a ouvert 18 représentations diplomatiques sur le continent et prévoit d'en ouvrir deux autres d'ici 2012 tandis que la compagnie aérienne nationale multiplie les nouvelles lignes vers ce continent. Dans le même temps, les contrats et accords acommerciaux se multiplient notamment avec l'Afrique du Sud, le Tchad et le Ghana, des pays où le président Abdullah Gul s'est rendu en mars lors d'une grande tournée.

Cet activisme politique et économique a aussi coincidé avec la volonté turque d'obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Onu.

L'obtention de ce siège pour l'année 2009-2010 a été largement dûe au soutien des pays africains. Hasard ou non du calendrier, en début d'année, Ankara a de nouveau annoncé briguer ce même siège pour 2015-2016.

Les ambitions turques sur le continent africain possèdent par ailleurs un volet culturel. La congrégation religieuse du leader Fethullah Gulen y est de plus en plus implantée via son réseau d'écoles et par le biais de son association d'entrepreneurs, Tukson.

Commentaires 2
à écrit le 21/08/2011 à 12:14
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L'Afrique doit mettre en place une politique de régulation des naissances car avec 7 enfants par femme en moyenne et juqu'à 15 pour certaines ethnies, il est impossible de réduire le nombre d'affamés et donc de morts qui se chiffrent par dizaines de ...

à écrit le 18/08/2011 à 7:43
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