La Grèce au bord de la crise de nerf

Par latribune.fr  |   |  643  mots
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Les recettes fiscales rentrent au compte-goutte, l'objectif de déficit vient d'être révisé à la hausse et les divisions minent le gouvernement. Et la contestation sociale gronde. Une grande manifestation est prévue à Athènes ce samedi et 5.000 policiers sont mobilisés.

Athènes est en plein désarroi. Faute de pouvoir remplir les caisses de l'État par la collecte d'impôt ou des privatisations qui tardent, le gouvernement grec, pressé par les bailleurs de fond du pays a augmenté mercredi la TVA de 10 % dans la restauration, sur les boissons, les plats préparés, les sandwichs et les gâteaux. Une mesure d'urgence, qui sera abrogée en janvier lorsque la nouvelle loi fiscale sera appliquée, mais qui a provoqué l'ire de la population.

L'Union des restaurateurs de Grèce a annoncé qu'elle n'augmenterait pas ses tarifs pour ne pas avoir à reverser cette TVA au fisc, « nos magasins sont vides, les gens n'y entrent plus, explique Yiannis Tsiakos son président. On a déjà absorbé les deux précédentes hausses de la TVA. On n'en peut plus, on va tous fermer ». 15.000 entreprises et plus de 45.000 employés sont concernés.

Déficit public en hausse

Cette nouvelle majoration divise même le gouvernement socialiste de George Papandreou. Selon l'ex-ministre de l'Économie, Loucas Katseli, elle « va renforcer la récession », dans une situation qui vire au cauchemar. Seuls 20 % des impôts escomptes vont être encaissés d'ici la fin de l'année. Pire, mercredi soir, une fuite de la commission d'experts indépendants pour le contrôle de la dette indiquait que « la dynamique » de la dette grecque serait désormais « hors de contrôle ». Selon cette commission, les dérapages par rapport aux objectifs de réduction du déficit menacent d'annuler les bénéfices du nouveau plan de sauvetage de la Grèce de 159 milliards d'euros adopté le 21 juillet dernier par les pays de la zone euros.

Le déficit public est devenu insoutenable à plus de 21 milliards d'euros au premier semestre 2011, alors que l'objectif était d'environ 16 milliards pour toute l'année. Il vient d'ailleurs d'être révisé à la hausse à 8,8% du produit intérieur brut contre 7,4% initialement prévus. « La réévaluation de l'objectif est automatique du fait de l'aggravation de la récession », a affirmé le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos ce vendredi. En montant absolu, il espère "arriver tout près" d'un objectif de 17 milliards d'euros de déficit.

Le PIB ne cesse de se contracter. La production devrait se réduire de 5% en 2011, contre 3,5 % lors de l'évaluation de départ. Par ailleurs la dette totale s'élève à plus de 350 milliards d'euros.

Le ministre gred des Finances a jugé  "extrêmement risqué" de tabler sur un retour à la croissance en 2012, contrairement aux objectifs du plan de redressement économique dicté au pays par l'UE et FMI. De nouvelles négociations avec les créanciers du pays, zone euro et Fonds monétaire international devraient avoir lieu à la mi-septembre.

Privatisations

Le ministre des Finances grec jugeait récemment ces estimations peu sérieuses, y voyant une gaffe malheureuse... Pourtant, les privatisations annoncées en grande pompe il y a quelques mois sont restées à quelques exceptions près lettre morte. La récession entraîne une dépréciation des actions des entreprises privatisables et le gouvernement temporise. Mais les bailleurs, selon la presse grecque, se font pressants.

Ils veulent que « d'ici la fin du mois, les privatisations aient rapporté 1,3 milliard d'euros, » que « les coûts salariaux doivent encore baisser et l'État réduire ses dépenses ».

Dans ce contexte, la contestation sociale reprend de plus belle. Mercredi, les étudiants étaient dans les rues, 90 facultés sont occupées. Samedi, les « indignés » relancent leur mouvement et le 10 une grande manifestation est prévue à Athènes mais surtout à Thessalonique à l'ouverture de la Foire internationale où le Premier ministre doit venir prononcer un discours inaugural.

Plus de 5.000 policiers sont mobilisés pour éviter les affrontements. Les rues d'Athènes sont d'ores et déjà tapissées d'appels à la grève.