EDF lance le premier parc hydrolien mondial

Par Dominique Pialot  |   |  486  mots
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La première turbine sous-marine qui va être immergée au large des Côtes-d'Armor préfigurer la création d'une filière industrielle.

Seize mètres de large, 21 mètres de hauteur, une masse de 1.000 tonnes... les caractéristiques de l'hydrolienne sont impressionnantes, à la mesure de ses larges haussières d'amarrage. Assemblée sur le port de Brest cet été, elle est aussi haute qu'un immeuble de sept étages. On ne peut l'immerger ou la sortir de l'eau qu'à l'aide de puissants treuils. Une barge spécialement conçue pour son transport par les chantiers navals STX l'a acheminée mercredi dans la baie de Douarnenez (Finistère) pour des essais techniques. Elle sera mise à l'eau dans le courant de la semaine prochaine pour une période d'essais au large de Bréhat (Côtes-d'Armor), le site d'expérimentation dédié à l'hydrolien dans le cadre du plan de développement des énergies marines.

Cette turbine constitue l'amorce de la première ferme mise en place au niveau mondial. Imaginée par la société irlandaise OpenHydro, dont DCNS est l'un des actionnaires de référence, elle affiche une puissance nominale de 0,5 mégawatt (MW). Posée par 35 mètres de fond, elle capte les courants marins et grâce à une turbine de 16 mètres de diamètre les transforme en énergie électrique. « Au total, le parc comptera quatre hydroliennes et pourra alimenter un peu plus de 2.000 habitants ; elle sera raccordée au réseau à l'automne 2012 par un câble de quinze kilomètres de long », affirment Xavier Ursat et Cyril Abonnel, responsables du projet pour EDF. L'énergéticien français, qui investit 40 millions d'euros dans ce projet espère « le démarrage d'une filière industrielle prometteuse ». À terme, 50.000 emplois pourraient être créés en France grâce aux énergies marines, dans la construction - 70 % de l'hydrolienne d'EDF ont été fabriqués en France - et dans la maintenance des parcs.

Devenir leader

Le défi pour les industriels est d'atteindre un coût de production de l'électricité équivalent à celui de l'éolien offshore : entre 160 et 185 euros le MWh. « Pour cela, nous devons vérifier la fiabilité du matériel dans un milieu hostile, la mer, et notre capacité à être réactifs pour les opérations de maintenance », précise Frédéric Le Lidec, responsable de l'incubateur consacré aux énergies marines mis en place par DCNS l'an dernier sur le port de Brest. Cinquante personnes travaillent au développement de ces nouvelles technologies sur lesquelles le groupe naval ambitionne de devenir l'un des leaders mondiaux. Le projet breton doit permettre un retour d'expériences pour la conquête de marchés à l'exportation.

Dans le monde, seuls quelques sites bénéficient de courants de marée suffisamment puissants pour intéresser les opérateurs de l'hydrolien : l'état de Washington aux États-Unis, la baie de Fundy au Canada, le nord de l'Écosse et... La France, notamment le raz Blanchard sur la presqu'île du Cotentin et le passage du Fromveur, près de l'île d'Ouessant.