La demande pour la dette espagnole s'essouffle

Par latribune.fr  |   |  370  mots
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Le ratio de couverture a chuté lors de l'émission de jeudi.

Rentrée décevante pour les Trésors espagnol et italien. Après le résultat mitigé de l'émission italienne réalisée ce mardi, l'Espagne a à son tour déçu par les marchés ce jeudi à l'occasion du placement de 3,6 milliards d'euros de titres à 5 ans. À l'instar de l'adjudication italienne, le taux d'emprunt de Madrid est certes ressorti en baisse, à 4,49 % contre 4,87 % le 7 juillet dernier. Mais la demande des investisseurs s'est révélé plus modérée qu'à l'accou- tumée.

« Le ratio de couverture s'est établi à 1,8, plus bas que lors des deux opérations de juillet, où le ratio global était ressorti à 2,6, dont 2,85 pour l'émission à 5 ans », souligne Chiara Cremonesi, stratégiste taux chez UniCredit. « Bien que la base de comparaison ne soit pas parfaite, cela témoigne néanmoins du ralentissement de la demande », prévient-elle. Ce résultat est d'autant plus inquiétant que l'Espagne a concédé une « prime » de 8 points de base par rapport au taux à 5 ans prévalant sur le marché au moment de l'opération.

Dans le sillage de l'opération, le taux des obligations à 10 ans espagnoles - la référence du marché, qui varie en sens inverse des prix - a bondi jusqu'à 5,12 %, avant de se reprendre à 5,05 %, dans le sillage du retour du goût du risque induit une statistique américaine meilleure que prévu.

Les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie avaient bondi début août à plus de 6 %, ce qui faisait craindre que les deux pays ne puissent plus se financer. La BCE avait alors décidé d'acquérir des titres de dette des deux pays pour éviter une contagion de la crise aux troisième et quatrième de la zone euro.

Grâce à plus de 40 milliards d'euros d'achats, la BCE a pour l'instant réussi son pari, mais la spéculation pourrait repartir de plus belle si la baisse de la demande des investisseurs se confirme. D'autant que l'Espagne est le pays le moins avancé dans son programme de financement au sein de la zone euro, avec encore 30 milliards d'euros à émettre cette année.

Julien Beauvieux

La spéculation pourrait repartir de plus belle si la baisse de la demande des investisseurs se confirme.