Passe d'armes autour de la réforme bancaire britannique

Le rapport sur la séparation partielle entre banques d'investissement et de détail au Royaume-Uni est attendu lundi.
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J-4 pour les banques britanniques. C'est lundi que le très attendu rapport sur leur régulation sera publié. Un comité de cinq sages doit trancher sur la façon exacte dont sera effectuée la séparation partielle entre banque de détail et banque d'investissement. À quelques jours de l'échéance, la passe d'armes entre les lobbys bancaires et les partisans d'une réglementation dure prend de l'ampleur.

Le rapport intérimaire des sages en avril était clair : il faudra une séparation partielle des établissements bancaires, une « barrière », pour éviter que les dépôts des particuliers ne viennent financer la partie « casino ». Concrètement, la banque de détail devra avoir un ratio de fonds propres minimum de 10 %, qui ne pourra pas être utilisé pour la banque d'investissement. L'idée est notamment qu'une faillite du côté des marchés puisse se dérouler sans entraîner avec elle l'argent des particuliers, et donc sans nécessiter le secours de l'État. Comme pare-feu, les banques britanniques ont choisi de brandir le spectre de la récession. « Veut-on vraiment créer un système bancaire qui restreindrait structurellement les prêts ? », s'inquiète Angela Knight, directrice de l'Association des banquiers britanniques. Elle souligne que cette séparation partielle va imposer un coût supplémentaire aux établissements britanniques, pour financer leur développement dans la banque d'investissement sans utiliser les dépôts.

Coûts supplémentaires

« On pourrait avoir une situation par exemple où les dépôts en surplus sont placés sur le marché interbancaire (...) avec un très faible rendement, pendant que la même banque doit lever des fonds pour financer des prêts à des multinationales », expliquent les analystes de Citigroup. Ceux-ci estiment que cette nouvelle règle risque de coûter 2,5 milliards d'euros supplémentaires par an aux quatre grandes banques britanniques (voir graphique). À cause de cela, ils estiment que leur valorisation boursière (hors HSBC, qui est très internationale) est « 22-28 milliards d'euros » inférieure à ce qu'elle serait autrement.

« Tout va dépendre de la façon dont la séparation partielle sera définie, réplique Richard Reid, du Centre international pour la régulation financière (ICFR). Plus elle sera inflexible, plus cela coûtera cher aux banques. » Selon lui, il est probable que le rapport ne sera pas trop strict.

Il ajoute que l'autre question clé sera la date d'application. « Si c'est suffisamment repoussé, et que le débat politique se calme, cela deviendra un débat technique avec le régulateur, et les banques n'ont alors pas trop à craindre. Mais pour l'instant, le sujet est politiquement explosif... »

Le débat divise effectivement le gouvernement. D'un côté se trouve Vince Cable, ministre de l'industrie, qui veut une application dure et rapide. De l'autre, le premier ministre David Cameron serait prêt à repousser la réforme à 2015 ? soit après les prochaines élections.

Dès lundi, le rapport devrait donner l'avantage à l'un des deux. Ce sera ensuite au gouvernement de trancher et de démontrer si son ton dur contre les banques se traduira dans les actes.

Éric Albert, à Londres

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