Alerte rouge sur le déficit abyssal de la sécu

Par Isabelle Moreau  |   |  375  mots
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La Cour des Comptes pointe le niveau historique du déficit en 2010, à près de 30 milliards d'euros, et le gonflement de la dette sociale qui atteint 136,2 milliards.

C'est un véritable cri d'alarme que Didier Migaud a poussé jeudi, en présentant le rapport annuel de la Cour des Comptes sur la Sécurité sociale. « Jamais le déficit de la Sécurité sociale n'a atteint un niveau aussi élevé qu'en 2010 », a indiqué le premier président. Avant de poursuivre : « à 29,8 milliards, le déficit des régimes de base et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) a un caractère historique, il a triplé en deux ans ». Et si les difficultés économiques expliquent pour partie le trou de la Sécu, elle n'est pas seule responsable. Selon la Cour, « pour le seul régime général, qui concentre l'essentiel de difficultés, la crise n'explique qu'un peu moins de la moitié du déficit global ».

Autre situation alarmante pointée par les Sages de la rue Cambon : l'accumulation des déficits qui fait gonfler la dette sociale. Fin 2010, celle-ci a atteint 136,2 milliards d'euros. « La dégradation sans précédent des comptes et l'accumulation des déficits conduisent à entretenir une spirale de la dette sociale, particulièrement dangereuse pour la légitimité et la pérennité même de notre protection sociale.

« Anomalies »

« Comme le déficit qui en est à l'origine, la dette sociale est elle aussi une anomalie », martèle le président. Et si la cour note que les comptes 2011 devraient être en amélioration par rapport aux prévisions en raison de la bonne tenue des cotisations sociales et du fait que le gouvernement a annoncé des recettes supplémentaires dont bénéficiera majoritairement la Sécu (environ 6,5 milliards d'euros), elle reste inquiète. Notamment en raison de perspectives économiques peu favorables. C'est pourquoi elle recommande « de revenir à l'équilibre, selon un calendrier rapproché » et préconise « d'intensifier la maîtrise des dépenses sociales, notamment d'assurance maladie » et « d'augmenter les recettes en agissant prioritairement sur les niches sociales ». Dans le collimateur de la Cour, figurent en tête les dépenses d'assurance maladie. Tout particulièrement les dépenses de médicaments dont la « maîtrise est un enjeu considérable ». Epinglée également la recomposition de l'offre de soins qui doit « porter sur l'hôpital (...), dont les marges de progrès sont considérables ».