Faut-il fermer le très coûteux musée de Jacques Chirac en Corrèze ?

Par latribune.fr  |   |  480  mots
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Selon la chambre régionale des comptes du Limousin, le musée consacré au prédécesseur de Nicolas Sarkozy est un gouffre pour le contribuable.

Le musée du président Jacques Chirac, ouvert depuis dix ans en Corrèze, coûte plus de 30 euros aux contribuables du département chaque fois qu'un visiteur s'y rend,

Ce musée situé à Sarran, dans le fief corrézien de Jacques Chirac, rassemble les cadeaux officiels reçus par l'ancien président français pendant ses deux mandats entre 1995 et 2007, simples bibelots, dont des vases, ou oeuvres d'art. Il compte actuellement un peu plus de 5.000 pièces et 17.000 livres réunis dans une bibliothèque.

Dans un rapport remontant à octobre et rendu public jeudi par Le Monde, la chambre régionale des comptes critique le coût de cette structure. "Les dépenses de fonctionnement du musée excèdent très largement les recettes", peut-on notamment lire dans ce document consultable sur le site des chambres régionales des comptes.

L'établissement situé dans un petit village de 300 habitants loin de tout, a ainsi enregistré, en 2008, 200.000 euros de recettes - le billet d'entrée coûte en moyenne 3,3 euros - contre 1,7 millions d'euros de dépenses en 2008. "Le rapprochement du déficit annuel d'exploitation avec le nombre de visiteurs détermine un déficit induit par visiteur légèrement supérieur à 30 euros", ajoute le rapport.

La fréquentation du musée a baissé constamment de l'ouverture en 2001 à 2006, année où elle s'est élevée à 28.500 personnes, avant de remonter à 46.953 entrées en 2009 et 62.000 en 2010, soit 185 visiteurs par jour d'ouverture cette année, grâce à des expositions temporaires.

Construit pour 7,1 millions d'euros de fonds publics, le musée a été agrandi entre 2004 et 2006 pour plus de 9,5 millions d'euros, un coût très supérieur aux prévisions initiales. Il a employé jusqu'à 13 personnes, effectif ramené par la nouvelle majorité socialiste régionale à 10 en 2009. La masse salariale est supérieure à 400.000 euros par an et le coût de la maintenance du bâtiment s'élève à 488.000 euros par an.

Le restaurant du site a déjà coûté depuis son ouverture 270.000 euros aux contribuables, précise la chambre des comptes régionale, puisque la convention déléguant à une société privée sa gestion prévoyait une prise en charge des pertes à hauteur de 80% au départ, et à 45% après cinq ans en 2008. Une nouvelle convention signée pour la période 2008-2013 prévoit que les fonds publics seront toujours mobilisés jusqu'à un euro par convive.

La majorité socialiste du conseil général a déjà réalisé des économies qui ont ramené les pertes du musée à 20 euros en moyenne par visiteur en 2010, a déclaré à Reuters Dominique Ceaux, directeur général des services du département. Ce travail se poursuivra, a-t-il précisé. "Cette structure existe, la majorité n'a ni l'intention de la fermer ni de la démolir. Notre objectif est donc de la faire fonctionner au mieux", a-t-il dit.