Le "plan Marshall" promis par Sarkozy pour banlieues est abandonné

Le "plan Marshall" pour les banlieues françaises n'est plus à l'ordre du jour, crise économique oblige, déclare Maurice Leroy dans une interview à Reuters.
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Le ministre de la Ville appelle à une mobilisation en faveur des quartiers populaires mais explique que l'heure n'est plus aux coûteux plans de grande envergure.

"Les grands plans 'globaux', les grandes promesses, les plans Marshall, c'est inutile car personne n'y croit et de surcroît, c'est désormais irréaliste dans un contexte financier qui nous contraint à une grande vigilance budgétaire", dit-il, précisant vouloir "concentrer" et "cibler" les efforts.

Le candidat Nicolas Sarkozy avait promis, lors de sa campagne pour la présidentielle de 2007, un "plan Marshall" pour les banlieues. Il était revenu sur le sujet après son élection, évoquant en février 2008 un plan "Espoir banlieues" et affirmant lors d'un discours à l'Elysée devant des habitants de quartiers difficiles qu'il fallait "réinventer la ville".

Fadela Amara avait dessiné les grandes lignes de cet ambitieux projet qui devait se concentrer sur une centaine de quartiers avec comme priorités l'insertion par le travail, la lutte contre l'échec scolaire et le désenclavement.

La secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la Ville avait évoqué imprudemment un effort d'un milliard d'euros pour ce vaste programme avant d'être écartée du gouvernement et de céder la place, à la faveur d'un remaniement de novembre 2010, à Maurice Leroy, qui lui a succédé avec le rang de ministre.

Malgré l'abandon du "plan Marshall", les banlieues sont au coeur de l'action du gouvernement, insiste ce dernier.

"DE FORMIDABLES GISEMENTS"

"Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et notamment depuis son discours de février 2008, un changement de fond s'est produit", dit-il à Reuters.

"Ce discours marque une volonté de changement avec la détermination de faire prendre conscience à tous les acteurs, l'Etat, les collectivités locales, les entreprises, le tissu associatif d'agir et de converger dans le même sens. Le seul plan qui m'intéresse, c'est celui de la mobilisation de toutes les énergies que compte la République en faveur des quartiers populaires et des femmes et des hommes qui les habitent."

Le ministre de la Ville invite à poser un regard positif sur des quartiers souvent réduits à quelques mots-clés plus ou moins effrayants : insécurité, immigration, islam.

"C'est vrai, dans les quartiers populaires, la vie est plus difficile qu'ailleurs, il serait absurde de le nier", dit-il. "Mais je réfute toutefois l'idée selon laquelle il n'y a que des difficultés dans nos banlieues. Nos quartiers populaires sont aussi de formidables gisements d'énergies, d'initiatives, d'actions et les personnes qui y vivent regorgent de grands talents."

Homme politique atypique, passé du communisme au sarkozysme sans jamais rien renier de son parcours, Maurice Leroy, membre du Nouveau Centre, est naturellement au fait des études qui prédisent que l'électorat périurbain jouera un rôle crucial dans le résultat de la présidentielle du printemps prochain.

"Je suis convaincu que les quartiers populaires sont un enjeu majeur pour l'avenir de notre pays, notamment parce qu'ils sont peuplés de très nombreux jeunes. C'est en leur coeur que la République a rendez-vous avec elle-même", dit-il.

FRUSTRATION

De nombreux observateurs craignent que les banlieues, où se concentrent les problèmes de la société française, expriment leur frustration par une forte abstention.

"Je veux réaffirmer avec vous que le vote est un engagement fondamental de tous les citoyens", répond Maurice Leroy. "J'invite nos jeunes à faire entendre leur voix en votant."

Souvent critiqué pour son inaction et son absence de moyens, le ministère de la Ville agit cependant concrètement, avance Maurice Leroy. Il insiste notamment sur le renforcement du volet transports des prochaines générations de "Projet de rénovation urbaine" et promet d'autres propositions concrètes dont il réserve la primeur au Premier ministre, qui l'a mandaté pour préparer l'acte 2 du Plan national de rénovation urbaine.

Tous ces sigles plus ou moins barbares masquent l'absence de réelle politique publique en faveur des banlieues, font valoir de nombreux responsables de terrain, sceptiques quant à la volonté du gouvernement de faire bouger les choses.

"Les quartiers populaires ont été laissés à l'abandon pendant de trop nombreuses années", reconnaît Maurice Leroy. "Depuis vingt années, la politique de la ville a pour objectif de corriger les erreurs du passé.

"En revanche, si l'on prend la peine d'y regarder de près, le quinquennat de Nicolas Sarkozy est marqué par une mobilisation sans précédent du droit commun et de l'Etat sur la rénovation urbaine, la lutte contre le chômage, le décrochage scolaire, la réussite éducative ou encore les zones franches urbaines."

Commentaire 1
à écrit le 15/12/2011 à 14:38
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"Malgré l'abandon du "plan Marshall", les banlieues sont au coeur de l'action du gouvernement," les resultats sautent aux yeux :)

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