Croissance : une nouvelle erreur de pronostic ?

Lors du collectif budgétaire qui sera présenté mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement annoncera une prévision de croissance de 0,5% pour 2012. Il visait encore une hausse de 2,5% du PIB il y a quelques trimestres. Mais la montée du chômage fragilise ce nouvel objectif.
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Mercredi sera présenté le nouveau projet de loi de finances rectificative en Conseil des ministres. Pour tenir compte du ralentissement actuel de l'activité, le gouvernement ne table plus sur une croissance de 1% mais de 0,5% cette année. Mais ne s'apprête-t-il pas à faire une nouvelle erreur de pronostic ? Ce serait la cinquième de rang. En effet, les très nombreux projets de loi de finances et les collectifs budgétaires présentés depuis l'automne 2011 ont successivement anticipé des progressions de 2,5%, 2,25%, 1,5%, 1% et enfin 0,5% du PIB en 2012.

La question se pose en effet puisque la prévision du gouvernement est bien plus optimiste que celle des économistes. Ainsi le Fonds monétaire international (FMI) ne vise qu'une croissance de 0,2%. Comme l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Les prévisions intégrées au consensus Forecast sont encore plus maussades : pour les vingt économistes interrogés pour établir ce baromètre, la croissance sera nulle en 2012.

La morosité a gagné nos partenaires européens 

Première explication de ces distorsions:  la morosité des économies de la zone euro avec qui la France réalise les deux tiers de ses échanges extérieurs. Selon Bruxelles, le PIB de la zone euro n'augmentera que de 0,3%. La dépréciation récente de l'euro face au dollar, qui permet d'alléger la facture énergétique libellée en billets verts, ne peut donc avoir un effet que limité sur la compétitivité prix des produits made in France qui sont exportés hors de la zone euro.

L'augmentation attendue du nombre de chômeurs s'annoncer aussi très pénalisante. « Quand on sait qu'une croissance annuelle de 1,1% est nécessaire pour commencer à créer des emplois, la reprise des destructions d'emplois paraît inévitable. Si l'on ajoute à ce sombre constat une population active toujours dynamique, le nombre de chômeurs franchirait la barre des 3 millions d'ici la fin de l'année », explique Marion Cochard sur le « blog de campagne » de l'OFCE. On peut imaginer les effets sur une consommation déjà chancelante - mais qui reste encore le seul moteur de l'activité - d'une telle dégradation du marché de l'emploi.

Un nouveau plan de rigueur ?

Reste à évaluer les effets d'une croissance encore plus faible. Si le gouvernement a précisé que le coût budgétaire lié à ce ralentissement de 1% à 0,5% de la croissance, estimé à 5 milliards d'euros, pouvait être financé grâce à ses réserves, une nouvelle révision à la baisse prévisions ne serait pas sans dommage. Autrement dit, un nouveau plan d'austérité ne serait pas à exclure pour que la France puisse tenir ses engagements de réduction de déficit public. Bercy vise une impasse budgétaire à 4,5% du PIB en 2012 et à 3% en 2013. Qui assumera la paternité de nouveau plan de rigueur, celui-ci ne devant pas être décidé avant les élections présidentielles ?

 

 


 

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