Grande-Bretagne : un consensus nucléaire assumé

L'accident de Fukushima n'a pas refroidi les ardeurs britanniques : la relance du programme a été ralentie mais se poursuit plus que jamais.
Copyright Reuters

 Fukushima ou pas Fukushima, Londres trace sa route. Le gouvernement anglais poursuit sans relâche la relance de son programme nucléaire. Le Royaume-uni dispose de dix-sept centrales nucléaires en activité sur neuf sites, produisant 10,5 gigawatts d'électricité mais la fermeture de six stations est prévue d'ici à 2016 (d'une puissance cumulée de 2,6GW). Un sérieux souci alors que le gouvernement espère accroître la part du nucléaire dans la production nationale d'énergie, actuellement de moins de 18% alors qu'elle représentait 26% à son pic en 1997. Pour ce faire, entre huit et dix centrales sont dans les tuyaux pour une puissance totale évaluée entre 15 et 19 GW.

Le désastre japonais a pourtant obligé les spécialistes britanniques du secteur à s'interroger. Après une enquête de trois mois, Mike Weightman, le directeur de l'organisme de supervision de la santé et de la sécurité au travail, a estimé début juin dernier que « les événements naturels extrêmes qui ont précédé l'accident de Fukushima ne sont pas crédibles au Royaume-Uni (..) Le design et la technologie de nos réacteurs en opération et futurs sont différents de ceux de la centrale de Fukushima. » Il a ainsi indiqué n'avoir pas trouvé de « faiblesse significative » dans le régime d'attribution des licences ni dans les mesures de sécurité.

Une émotion après le choc, mais pas de recul sur le programme

Même si les autorités ont ensuite apporté vingt-sept recommandations aux constructeurs, cette annonce fut un soulagement pour EDF et pour les autres entreprises du secteur. « Depuis un an, Fukushima a décalé les choses, nous avons dû attendre le rapport des autorités sur la sécurité tandis que le vote au parlement sur la politique énergétique nationale n'a été retardé que de quelques mois au mois de juillet dernier, » explique Vincent de Rivaz, le directeur exécutif d'EDF Energy au Royaume-Uni. « Il y a eu une émotion après le choc, en interne comme à l'extérieur, mais il n'y a pas eu de recul sur la question.

Les Britanniques ont tenu bon car le débat politique avait eu lieu, concluant que, pour eux, le nucléaire considéré comme sûr doit faire partie du mix énergétique. Ils sont de plus conscients de l'importance de ses répercussions en termes d'emplois, d'investissements et de croissance en ces temps difficiles. Tout se poursuit donc sans pause, même si le calendrier aura été légèrement adapté. » La première centrale est ainsi prévue pour 2019 et non plus pour 2018 comme initialement imaginé.

Quinze réacteurs exploités pas EDF

Depuis son acquisition en janvier 2009 de British Energy, EDF gère quinze réacteurs nucléaires britanniques répartis dans huit sites, contre cinquante-huit réacteurs dans dix-neuf sites en France. Elle a prévu la construction de quatre nouvelles centrales munies de l'EPR, le réacteur de 1,67GW produit par Areva. Le Bureau de réglementation nucléaire et l'Agence de l'environnement devraient donner leur accord final au design du réacteur aux alentours d'octobre prochain. Leur construction débutera alors sur le site de Hinkley Point, dans le Somerset (sud-ouest du pays), où EDF a déjà entamé les travaux d'aplanissement du terrain. Le second site visé se trouve à Sizewell, dans le Suffolk (est du pays).

Deux autres consortiums sont en course pour l'obtention de la construction des autres centrales. Horizon rassemble les Allemands Eon et RWE, tandis que NuGeneration allie le Français GDF Suez et l'Espagnol Iberdola. Ce dernier n'a pas encore annoncé de choix préliminaire pour la technologie du réacteur qu'il entend sélectionner, alors qu'Horizon doit bientôt se déterminer entre l'AP1000 du Japonais Westinghouse et de l'Américain GE et l'EPR d'Areva.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.