L'économie est-elle encore un bon thème de campagne ?

Par Fabien Piliu  |   |  843  mots
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L'économie sera à nouveau au centre des débats jusqu'au 6 mai. Sur ce terrain, la compatibilité des programmes des deux finalistes avec ceux de leurs principaux adversaires du premier tour n'est pas si évidente. C'est le moins que l'on puisse dire.

Le compte à rebours est lancé. A moins de deux semaines du second tour des élections présidentielles, la bataille s'annonce rude. Pour les deux candidats encore en course, Nicolas Sarkozy et François Hollande, l?objectif est simple et double : convaincre les abstentionnistes de revenir dans les isoloirs afin qu?ils votent pour eux et attirer dans leur giron les électeurs qui ont accordé leurs voix à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou ce dimanche. Certes, l?économie ne sera pas le seul thème abordé par les deux candidats encore en lice. L?Europe, la sécurité, le développement durable devraient en effet occuper une bonne place dans le débat ou les débats(à distance et en face à face) qui les opposeront bientôt.
Mais parce que l?économie touche à la plupart des préoccupations majeures des Français comme le pouvoir d?achat, l?emploi, la terrible dette publique et que de son dynamisme dépend l?action publique en faveur de la santé et du logement - entre autres -, la compatibilité en la matière des programmes des candidats de l?UMP et du PS avec ceux qui furent jusqu?à dimanche portés par les autres prétendants à l?Elysée peut peser lourd dans la balance.


La question du retour au franc ne se pose pas pour les deux finalistes 

Entre les programmes  de Marine Le Pen et ceux des deux finalistes, on note peu de points communs. La sortie urgente de l?euro et le retour au franc réclamés par la candidate du FN rendent tout rapprochement impossible. Reste que la lutte contre l'assistanat plaidée par Nicolas Sarkozy peut séduire. Une lutte qui se traduit notamment par les sept heures d'activité d'intérêt général devenant obligatoires pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA). Mais c?est surtout en mettant l?accent sur le respect des frontières, les délocalisations, l?immigration, le travail et la sécurité que le président sortant compte piocher dans l?électorat frontiste.

Sans surprise, les programmes de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou sont compatibles sur un certain nombre de points, même si le président du Modem constate « le manque de cohérence » des mesures proposées par le candidat de l?UMP, le point principal de divergence étant la mise en place de la TVA sociale. Les priorités accordées au désendettement, au « made in France », au soutien des PME se retrouvent dans les deux programmes. On y retrouve certaines mesures communes : c?est le cas de la règle d?or pour les finances publiques, de la modulation de l?impôt sur sur les sociétés, de la stabilité juridique de l?environnement des entreprises, de la mise en place d?un small businesse act. En revanche, avant les discussions ? tractations ? - de l?entre deux tours, la compatibilité entre les programmes de François Bayrou et de François Hollande était bien moins évidente

 Pour l'instant, les programmes du PS et du Modem divergent fortement

« Manque de cohérence, de logique, de crédibilité de François Hollande. On ne peut pas rééquilibrer les budgets sans que l?État, en tout cas la dépense publique au sens large, fasse des économies. Je vous le dis clairement : il est une illusion de prétendre qu?on puisse dans la situation de la France aujourd?hui créer 60 000 postes d?enseignants, 5000 postes dans la police, la justice, la gendarmerie, 150 000 emplois jeunes, et revenir à la retraite à 60 ans et augmenter nombre d?allocations (25 % d?augmentation de l?ARS). La course aux dépenses nouvelles est une course à l?abîme. D?ailleurs, les chiffres annoncés : 20 milliards de dépenses nouvelles, pour 29 milliards de recettes, dans un pays dont le déficit annuel est de 100 milliards d?euros, suffit à donner la conclusion. Ce que prévoit le programme du PS, c?est que continue la course sans fin où nous allons laisser disparaître l?équilibre de la France », expliquait le président du Modem en préambule de son programme économique. Ces divergences flagrantes seront-elles gommées d?ici le 6 mai ?

Entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, la question de la compatibilté  ne se pose plus, le candidat du Front de gauche ayant appelé à voter contre Nicolas Sarkozy dès dimanche soir Pourtant, les divergences entre leurs options économiques étaient flagrantes. Alors que François Hollande entend atteindre l?équilibre des finances publiques dès 2017, Jean-Luc Mélenchon espérait ouvrir les vannes de la dépense publique en grand. Le coût du retour à la retraite à 60 ans, du remboursement à 100% des dépenses de santé (y compris lunetterie et soins dentaires), du relèvement immédiat du SMIC de 1.398 euros brut mensuel à 1.700 euros, avec l?objectif d'atteindre 1.700 euros net au bout de cinq ans, entre autres mesures portées par le front de Gauche s?élevait à 200 milliards d?euros selon l?Institut de l?entreprise.