La grande colère des éleveurs monte à Paris

Des milliers d'éleveurs ont fait une démonstration de force dimanche à Paris, dans une marche bon enfant destinée aussi à rencontrer les consommateurs. Prix du lait, crise de la viande, les responsables des différentes filières ont fait part de leurs griefs contre la grande distribution et la course aux prix bas. François Hollande recevra le président de la FNSEA début juillet.
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Par besoin de reconnaissance et pour réclamer de "pouvoir vivre de leur métier", des milliers d'éleveurs ont marché sur Paris dimanche avec une partie de leur cheptel, à la rencontre des Parisiens et des consommateurs.

Dans le viseur des marcheurs réunis à l'appel de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA, majoritaire) et des Jeunes agriculteurs (JA), les charges qui augmentent, les contraintes qui s'empilent, les règlements qui parfois se contredisent et aussi, surtout, les prix bloqués et les revenus qui fondent.

Un panneau accroché sur l'un des tracteurs qui ouvrent le cortège (plus de 11.000 manifestants selon la FNSEA, 6.200 selon la police) annonce la couleur: "Prix du lait: la grande distribution nous trait".

Au-dessus des têtes, les pancartes rappellent quelques vérités serties de lassitude voire de découragement : "Avant j'avais un revenu. Mais c'était avant". "Un élevage qui ferme c'est 7 emplois en moins" ou "Sans agriculture, pas de nourriture". Sans compter la météo désastreuse du printemps et les intempéries de la semaine dernière, qui ont noyé les pâtures, gâché les foins et entravé les cultures.

Certains éleveurs ont malgré tout quitté leur ferme au coeur de la nuit pour amener leurs bêtes sur le bitume et dans le bruit. Derrière les tracteurs, les vaches avancent avec leur veau parfois, des Montbéliardes, des Tarentaises, des Charolaises blanches et des Blondes d'Aquitaine, des Salers bouclées et des Aubrac roux clair, des Normandes pie et des chevaux aussi, des Comtois alezans à la crinière blonde.

Dans la foule, Laurent Spanghero, candidat à la reprise de l'entreprise de viandes qu'il avait cofondée avec son frère et lui-même éleveur de Limousines serre des mains. "Les éleveurs sont maltraités depuis des années, ils n'ont plus de revenus décents en dépit des heures travaillées".

Travailler à perte

Les responsables des différentes fédérations - porcine, bovine, laitière... - ont chauffé la foule au départ. A l'arrivée ce sont les présidents des syndicats, qui rappellent que le 12 avril déjà, les éleveurs ont déposé leurs cahiers de doléances en préfectures.

"Ce n'est pas un mouvement d'humeur", prévient François Thabuis pour les JA: "Dans quel métier accepte-t-on un système qui fait travailler à perte?".

"Le rapport de force avec la grande distribution nous est systématiquement défavorable. Or, chaque fois qu'on perd, ce sont des exploitations qui disparaissent", assène-t-il en réclamant "des négociations équitables" garanties par la révision de la loi de consommation (ou LME) qui arrive au Parlement. "Et qu'on arrête de nous dire que le consommateur sera pénalisé si nous arrivons à vivre de notre métier".

Puis le président de la FNSEA Xavier Beulin prend le relais pour réclamer la généralisation d'un étiquetage "Viande de France" dans les rayons pour contrer les importations déloyales. Comparé à l'Espagne ou l'Allemagne, "le différentiel de prix, de 4 à 6 euros par heure travaillée, est insupportable à l'heure européenne". "La course aux prix toujours plus bas gruge le consommateur", juge-t-il.

Il interpelle les autorités sur "la surenchère réglementaire", la fiscalité, la protection accordée aux prédateurs (loups, sangliers, campagnoles). Et aussi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll sur les risques d'une ouverture du marché européen aux importations américaines (poulet chloré, boeuf aux hormones) et maïs OGM.

"Nous voulons être entendus des pouvoirs publics" mais aussi "de nos partenaires dans les filières" résume-t-il. "Que le respect l'emporte sur le mépris". A sa demande, confie-t-il, le président François Hollande a accepté de le recevoir début juillet.

Commentaires 20
à écrit le 24/06/2013 à 16:14
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on devrait pouvoir acheter du lait produit localement avec des produit dans telles ou telles région voir tel pâturage, pour le poulet, le cochon et les légumes fruits c'est pareil la traçabilité n'est pas transparente sur les emballages. Des régions ...

à écrit le 24/06/2013 à 13:35
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Pour zapper la grande distribution ouvrez vos propres magasins!!! Les acheteurs vous diront merci!!!!

à écrit le 24/06/2013 à 5:57
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Ici à Montpellier, on fait croire aux acquéreurs immobiliers que si les logements à acheter sont trop chers, c'est la faute des prix trop élevés des vendeurs de terrains. Là c'est aussi parce que les éleveurs vendent leur lait trop cher. Et tous ces ...

à écrit le 24/06/2013 à 5:45
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Les agriculteurs ont avec la PAC (Politique de l'Agriculture Commune de Bruxelles) perdu toute autonomie : ils sont, c'est vrai subventionné par l'Europe pour produire à perte, mais complètement dépendants de techniciens des Chambres d'Agriculture qu...

à écrit le 24/06/2013 à 5:33
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Ce n'est pas "viande de France" que nous voulons voir sur l'étiquetage, mais "ELEVE EN FRANCE" ou encore "NE EN FRANCE". Exemple : le poulet chinois qui arrive en France, il suffit de lui couper la tête et le cou pour qu'il bénéficie de l'étiquetage ...

à écrit le 24/06/2013 à 3:06
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A quand la grande colère des français toutes corporations confondues ?

à écrit le 23/06/2013 à 23:59
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C'est étonnant que des éleveurs répondent à l'appel de la FNSEA, laquelle est dirigée par les céréaliers dont certains tuent les éleveurs par la spécultaion sur les marchés pour leur céréales, mais aussi par le rachat des terres qui se libèrent à pri...

à écrit le 23/06/2013 à 23:16
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la photo de l'article avec une vache en bleu blanc rouge reflète bien la communication de cette manifestation bidon . une appropriation de la communication des gréviste du lait auquel ne s'était pas associé la FNSEA et les JA donc duperie des agricul...

à écrit le 23/06/2013 à 22:16
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j'ai des voisins qui sont éleveurs. Et bien lorsque je vois comment ils vivent, 4x4, plusieurs tracteurs dans une même exploitation, chacun son matériel (ils ne sont même pas capable de mutualiser le matériel en CUMA), j'ai du mal a les plaindre. Et ...

le 23/06/2013 à 22:48
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Tu saura? ignorant que tout le materiel ne peux pas etre mutualisable, car les travaux des champs se font tous au meme moment. Je te laisse reflechir la dessus.et des eleveurs en 4x4, il va faloir me dire ou c'est . Un eleveur bosse 7j7. Donc ramene ...

le 24/06/2013 à 8:07
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Jmarcel, je pense que vous confondez les grands céréalier et les éleveurs, parce que les éleveurs ont rarement besoin d'une série de tracteurs et de matériel pour "faucher" leur bétail ;-) . Quelques grands céréaliers sont plutôt aisés, mais c'est vr...

à écrit le 23/06/2013 à 19:58
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Au lieu de se focaliser sur l'exception culturelle ce gouvernement ferait bien de se concentrer sur l'agriculture française la promouvoir à Bruxelles et leur donner des outils nécessaires pour sauvegarder les cultures et l'élevage qui sont l'...

le 23/06/2013 à 22:32
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A quoi bon, ils sont propriétaires de leur maison, de leur exploitation et ils sont 100 % subventionnés par la PAC. De plus, quand on est son propre patron on ne supporte pas uniquement les risques mais aussi les bénéfices de son activité. Je ne trou...

le 23/06/2013 à 22:59
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Ils ne sont pas tous à plaindre, mais il y a un chiffre qui interpelle il y a plus d'un suicide par jour selon les statistiques. il y a un malaise, ceux qui vivent bien sont les héritiers à la retraite qui vendent les terres au lieu de les louer a...

le 08/08/2013 à 11:41
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a Eleonore , vous dites qu'il y'a trop d'hypers en france et que c'est néfaste , mais qui veut du moins cher que moins cher ? , le consommateur , consommateur qui lorsque il reçoit son salaire s'étonne de recevoir toujours la meme paie , donc il fait...

à écrit le 23/06/2013 à 19:52
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la viande est très chère , j e dirais même qu'elle est dégueulasse. on compte sur vous pour voir ce problème.

le 24/06/2013 à 7:37
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Si c'est si complique de vivre de leur travail ils faut en changer de métier. De toute façon ils nous vendent a des prix en or le lait le fromage et la viande.....22 euro le kilo de veau, 16 euros le kilo de porc, 22 euros le kilo de poulet en grande...

le 24/06/2013 à 8:43
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Sauf que quand il part du producteur, il est entre 1 euro et 3 euros le kg en fonction de l'animal. Donc quand vous vous plaignez des prix en grande surface il faut peut être avoir un peu de réflexion et se dire que cela ne vient peut être pas du pri...

le 24/06/2013 à 10:56
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avec un tel différentiel, ils devraient vendre leur viande eux mêmes et bien mois cher qu'en hyper.

à écrit le 23/06/2013 à 18:27
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on espere qu'ils vont se comporter comme ' de vrais syndicalistes a la francaise' avec le palais de l'elysee, ca permettra de voir si les amnisties sociales votees par les senateurs ne sont valables que pour ceux ' qui ont bien vote'

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