Sarkozy : la crise financière va toucher le pouvoir d'achat des Français

Le Président de la République a appelé ce jeudi soir à une meilleure réglementation des banques et des systèmes de rémunération des dirigeants. Il prévient des conséquences négatives sur l'économie française de la crise financière actuelle.
Le Chef de l'Etat a lancé ce jeudi soir plusieurs pavés dans la mare.

C'est la douche froide. Nicolas Sarkozy a lancé un avis de tempête lors de son grand discours ce jeudi soir à Toulon sur la crise financière. "Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat", a-t-il déclaré.

"Dire la vérité aux Français, a également expliqué le Président de la République, c'est leur dire que la crise n'est pas finie, que ses conséquences seront durables, que la France est trop engagée dans l'économie mondiale pour que l'on puisse penser un instant qu'elle pourrait être à l'abri des événements qui sont en train ni plus ni moins que de bouleverser le monde."

Selon le site internet Rue89, "une très mauvaise nouvelle est venue perturber la préparation du discours" de Nicolas Sarkozy à Toulon: "à en croire les services de la Dares, les chiffres du chômage pour le mois d'août, qui seront rendus publics lundi soir à 19 heures, sont extrêmement mauvais". Une information non confirmée au sein du gouvernement.

Le Chef de l'Etat a aussi promis que l'Etat garantirait "la sécurité et la continuité" du système bancaire et financier français s'il était menacé par la crise financière. Plus gloablement, il a estimé que "le mal est profond et qu'il faut remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale, afin de créer les outils d'une régulation mondiale que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent désormais nécessaire. Quand les banques centrales font tous les jours toute la trésorerie des banques et quand le contribuable américain s'apprête à dépenser mille milliards de dollars pour éviter la faillite généralisée, il me semble que la question de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir dans le fonctionnement du système financier ne se pose plus !"

Le Président de la République, également président en exercice de l'Union européenne a etsimé que cette dernière devait engager une "réflexion" sur "les objectifs assignés à la politique monétaire", une déclaration visant implicitement la Banque centrale européenne (BCE) et sa politique de taux d'intérêt, jugée trop rigide par l'Elysée et trop obnubilée par la lutte contre l'inflation, ainsi que sa moindre préoccupation de la défense de la croissance

Il s'en est pris également aux parachutes dorés, stock-options et autres bonus : "je n'hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent désormais être encadrés. Il y a eu trop d'abus, trop de scandales. Ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien le gouvernement de la République règlera le problème par la loi avant la fin de l'année. .

A ses yeux, les dirigeants "ne doivent pas pouvoir prétendre à un parachute doré lorsqu'ils ont commis des fautes ou mis leur entreprise en difficulté", ni "avoir le statut de mandataire social et bénéficier en même temps des garanties liées à un contrat de travail". "Ils ne doivent pas recevoir d'actions gratuites. Leur rémunération doit être indexée sur les performances économiques réelles de l'entreprise. Et si les dirigeants sont intéressés au résultat, ce qui est une bonne chose, les autres salariés doivent l'être aussi, car eux aussi contribuent à la richesse de l'entreprise. Sils ont des stocks options, les autres salariés doivent en avoir aussi ou à défaut bénéficier d'un système d'intéressement".

Ce thème de la rémunération des dirigeants avait déjà été saisi par plusieurs protagonistes ce jeudi. Le comité éthique du Medef, l'organisation patronale, va recommander dans les prochains jours la suppression des parachutes dorés afin de "remettre de la responsabilité dans l'ensemble du système", avait indiqué aujourd'hui sur France Inter sa présidente, Laurence Parisot.

"Si nous voulons remettre de la responsabilité dans l'ensemble du système, ça doit se faire partout dans le monde en même temps", a expliqué la présidente de l'organisation patronale. Laurence Parisot a ainsi indiqué avoir proposé à ses homologues patronaux des pays membres du G8 (pays les plus puissants de la planète) d'organiser "dans le mois qui vient" une réunion exceptionnelle pour les "convaincre" et les "sensibiliser" sur ce dossier.

La présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM), Colette Neuville, a pour sa part salué ce jeudi la suppression éventuelle des "parachutes dorés" des dirigeants d'entreprises. Elle a déclaré sur Radio Classique : "je pense qu'il va falloir légiférer parce que toutes les mesures qu'on a prises jusqu'à présent se sont avérées inefficaces, que ce soit la transparence, que ce soit l'obligation de les faire voter en Assemblée générale... Donc supprimons les parachutes dorés mais ne touchons pas aux rémunérations des dirigeants, sauf dans les cas extrêmes. Le parachute doré, c'est la récompense de l'échec, le scandale absolué".

Hausses d'impôts conditionnels et réduction record du nombre de fonctionnaires

Nicolas Sarkozy n'a pas parlé que de la crise financière ce jeudi soir à Toulon. Il a aussi esquissé ses directives pour le budget 2009 dont les éléments contenus dans la loi de finance initiale seront présentés ce vendredi. Il a ainsi déclaré qu'il n'accepterait pas "de hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français", allusion aux nombreux projets de taxes et fiscalité écologiques évoqués ces dernières semaines, y compris au sein du gouvernement. Le Chef de l'Etat a toutefois indiqué que l'extension du système du bonus - malus pour préserver l'environnement, inauguré dans l'automobile -avec des coûts élévés pour le gouvernement, "se fera" "mais dans la concertation et progressivement".

En revanche, il a indiqué que la réforme "indispensable" de la taxe professionnelle ne serait "pas différée", liant sa "disparition à terme" à la suppression des échelons territoriaux. "La France ne s'en sortira pas en investissant moins mais en investissant plus. est la raison pour laquelle désormais de nouveaux investissements seront exonérés de la taxe professionnelle qui les pénalise. e grande concertation sera organisée avec les collectivités locales pour que soit trouvée une ressource de remplacement qui ait moins d'effets nocifs sur l'économie. Si nous arrivons à diminuer le nombre d'échelons territoriaux, alors nous pourrons poser clairement la question de la disparition à terme de la taxe professionnelle. Moins d'échelon c'est moins d'impôt, plus d'échelon c'est plus d'impôt!".

Il a aussi confirmé que "30.600 emplois publics", un "total sans précédent" (contre 22.900 en 2008 soit le non remplacement d'un départ à la retraite sur trois) , seraient supprimés en 2009, dans le cadre du non-remplacement d'un agent de l'Etat sur deux partant à la retraite. "Pour retrouver des marges de manoeuvre et pour préparer l'avenir, les dépenses de fonctionnement de l'Etat doivent diminuer", a-t-il lancé ". Ce chiffre avait déjà été annoncé au mois de juillet dans un document du ministère du Budget présenté au moment du débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale. Il précisait que 13.500 postes seraient supprimés dans l'Education nationale (sur un million), 8.250 dans la Défense (sur 426.000), 2.953 à l'Intérieur (sur 190.000) et 2.812 pour le ministère du Budget et de la Fonction publique.

 

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