François Fillon : "La croissance n'atteindra peut-être pas le 1% prévu en 2009"

Par latribune.fr  |   |  908  mots
Le Premier ministre parle de "panne de croissance" pour l'an prochain. Si les déficits devraient augmenter par rapport aux prévisions, le chef du gouvernement estime "inutile" de rebâtir le budget 2009.

Pas de récession, non, plutôt une "panne de croissance" selon François Fillon. Le Premier ministre a reconnu ce mercredi que la croissance n'atteindra peut-être pas l'année prochaine les 1% prévus par le projet de loi de finances. Le budget 2009 "a été construit sur une prévision de 1% de croissance, ce qui est quand même très faible. On n'est pas sûr de l'atteindre en 2009", a-t-il ainsi déclaré sur les ondes de RTL.

Et pour cause, le chef du gouvernement avoue que "pour le moment, on nous fait des prévisions pour l'année 2009 qui sont de l'ordre de 0,2%, ce qui est extrêmement faible. C'est une panne de croissance avec des conséquences sur l'emploi, des conséquences sur l'activité économique, sur le pouvoir d'achat".

Reste que "au sens le plus profond pour moi", il ne s'agit pas d'une récession estime François Fillon, tout en reconnaissant  que "si l'Amérique rentre en récession, c'est évidemment une très, très, très mauvaise nouvelle pour nous parce que ça veut dire que l'ensemble des pays développés vont connaître une année 2009 très, très difficile".

Face à cette situation que le gouvernement ne cherche plus à enjoliver, le Premier ministre a de nouveau exclu un plan de relance de la consommation, affirmant que "le meilleur plan de relance qu'on puisse aujourd'hui proposer aux Français, c'est de continuer, et même accélérer, les réformes structurelles". François Fillon juge également inutile de "rebâtir" le projet de budget de l'Etat pour 2009, soulignant que la crise ne modifierait pas l'engagement de l'exécutif de "tenir les dépenses".

"Il y aura forcément, si la situation économique est difficile en 2009, une légère augmentation du déficit par rapport aux prévisions que nous avons faites, mais il n'y aura pas d'augmentation de la dépense publique", a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement a aussi répété que l'Etat n'augmenterait pas les impôts pour ne pas "aggraver les difficultés" des contribuables. "En revanche", a-t-il lancé, "on sera intraitable sur les dépenses".

François Fillon se veut aussi rassurant quant aux engagements européens de Maastricht.  "Nous respecterons nos engagements européens", a-t-il affirmé. Mais il reconnaît que "tout le modèle de Maastricht va être déformé" de façon "temporaire" en raison de l'endettement des Etats qui, à l'instar de la France, ont adopté lundi de coûteux plans de sauvetage du système bancaire.

Concernant justement cette crise financière,  le Premier ministre a expliqué ce mercredi que le volet de recapitalisation des banques du plan anti-crise avait notamment pour raison d'être que la France n'était "pas à l'abri d'un accident systémique, c'est à dire un accident qui est entraîné par le fait que certaines banques peuvent avoir des produits toxiques en part importante dans leur bilan". Toutefois, il a jugé peu "probable" que les banques françaises y aient recours. "La France a été plutôt moins concernée par des faillites bancaires que les autres pays européens, sans doute en raison de la supervision française qui a été plus rigoureuse".

François Fillon a réaffirmé également que le dispositif français n'aurait pas "de coût pour le contribuable" sauf "si on avait un accident majeur du système financier qui aurait des conséquences incalculables sur l'économie".

Enfin, le Premier ministre est revenu sur un nouveau dossier qui fait parler de lui, celui des emplois aidés. Une fois n'est pas coutume, c'est un gouvernement de droite qui a décidé de relancer ces emplois décriés quant à leur efficacité sur le marché de l'emploi à long terme. François Fillon a ainsi indiqué que les emplois aidés augmenteraient "sans doute un peu" en 2009 pour servir d'"amortisseur" à la crise.

"En 2008 il y avait environ 380.000 emplois aidés, en 2009 on adaptera en fonction de la situation, on augmentera sans doute un peu les contrats aidés de manière à faire en sorte que ce soit un amortisseur" a-t-il déclaré, ajoutant néanmoins que "ça ne peut pas être une solution au problème du chômage". "Les contrats aidés ont un coût et comme nous nous somme engagés à tenir les dépenses publiques strictement il faudra le faire en faisant des économies par ailleurs", a-t-il souligné.

"Nous nous attendons à une remontée du chômage, on est en train de mettre en place tous les instruments pour faire en sorte, un que cette remontée du chômage soit la plus faible possible, deux que ceux qui seront frappés pendant une période courte par le chômage puissent être accompagnés, c'est-à-dire mieux indemnisés et surtout mieux formés, c'est tout le sens de la réforme de la formation professionnelle qu'on est en train de préparer avec le président de la République", a-t-il également indiqué.

En matière de prévision, François Fillon a jugé que les perspectives "pour le moment" étaient "une légère remontée autour de 7,4%". Pour conclure sur une note, si ce n'est pessimiste, pour le moins fataliste : "la vérité c'est qu'aucun prévisionniste n'est capable de mesurer ce qui va se passer en 2009 tant qu'on ne sait pas comment on sort de cette crise financière".