La réforme des ports français sur les rails

Par Marine Relinger  |   |  370  mots
Les partenaires sociaux ont avalisé ce matin le texte national prévoyant le transfert des personnels de la manutention vers les opérateurs privés. Ces derniers ont deux mois pour décliner l'accord port par port.

Après plusieurs mois de résistance de la CGT, la grande réforme des ports français, transcrite dans la loi de juillet 2008, a connu une avancée majeure. Syndicats et entreprises ont entériné ce matin l'accord cadre national, négocié depuis plusieurs mois, portant notamment sur le transfert des personnels de la manutention (essentiellement grutiers et portiquiers) vers les opérateurs privés. Ces derniers, depuis 1992, emploient déjà directement les dockers.

Le texte, qui sera promulgué par décret en novembre, offre notamment la possibilité aux salariés passés au privé de revenir travailler sous le statut du port autonome, pendant une période de 14 ans et en cas de licenciement économique. « Des garanties qui, en gros, nous permettent de maintenir la situation existante pour les salariés d'aujourd'hui », résume un syndicaliste.

Cela pourrait mettre fin aux grèves, qui ont fortement pénalisé l'activité des principaux ports français, au printemps dernier. Le mouvement partiel, qui subsistait, depuis mars, sur le port de Nantes/Saint-Nazaire vient d'être levée par le responsable CGT Yves Tual. Mais des tensions persistent au sein de la puissante organisation de la CGT des ports et docks (FNDP-CGT).

Selon une source proche du dossier, lors d'une consultation interne mercredi à la FNDP-CGT, le représentant des salariés du port du Havre s'est abstenu lors du vote. Ceux des salariés des ports de Marseille et de Rouen n'y ont pas pris part. Selon nos informations, certains responsables syndicaux, notamment à Marseille, ne semblent pas prêts à relâcher la pression. Les syndicats espèrent désormais obtenir des avancées lors des négociations paritaires locales, notamment sur les questions de la pénibilité au travail et de la convention collective.

Au final, le transfert concernerait environ deux mille personnes, employées dans les sept ports rebaptisés « grands ports maritimes », par voie de décret. Il s'agit de Marseille, Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Le Havre et Dunkerque (JO du 13 octobre) et du port de Rouen, lequel fera l'objet d'un décret « dans les prochains jours », a précisé hier le secrétaire d'Etat chargé des transports Dominique Bussereau. Les salariés pourraient effectivement changer d'employeur début 2010.