Le congrès du PS a échoué, trois candidats sont officiellement déclarés

Par latribune.fr  |   |  942  mots
Martine Aubry, Benoît Hamon et Ségolène Royal sont officiellement candidats au poste de Premier secrétaire du parti socialiste alors que Bertrand Delanoë jette l'éponge. Plus tôt dans la nuit, aucun accord n'a été trouvé sur une orientation commune, ni aucun consensus sur un nouveau leader. Ségolène Royal a même claqué la porte. Le Congrès s'achève donc sur un échec. Prochain rendez-vous: jeudi pour le vote des militants. A droite, certains parlent d'une possible disparition du PS.

"Il y a trois candidatures: Martine Aubry, Benoît Hamon et Ségolène Royal", a indiqué ce dimanche matin Frédérique Espagnac, l' attachée de presse du Premier secrétaire du parti socialiste (PS) sortant, François Hollande. Trois candidatures enregistrées auprès du bureau du Congrès PS de Reims à l'heure-limite du dépôt. Les négociations censées nommer un chef de file ont été un échec. Le Parti socialiste est "sérieusement malade" a conclu le maire de Paris Bertrand Delanoë résumant ainsi le sentiment de beaucoup, à l'issue de trois journées de déchirements. "Nous n'ajouterons pas de la division à la division (...) On prend acte avec une certaine tristesse", a-t-il dit. Il menait une des principales motions au congrès, mais a décidé de ne pas se porter candidat au poste de Premier secrétaire et de ne pas donner de consigne de vote.

Avec presque 33.000 voix, sa motion "A" arrive en deuxième position avec 25,24% des voix après celle de Ségolène Royal, la "E" qui a obtenu 5.000 voix supplémentaires et chois par 29,08% de militants. Avec 24,32% et 31.734, Martine Aubry et sa motion "D" se positionne ainsi sur la troisième marche, suivie de Benoît Hamon (18,52%).

Résumant le film du week-end, Stéphane le Foll, bras droit de François Hollande a affirmé "nous avons fait le choix de la responsabilité. Nous avons cherché des solutions. Il n'y en avait pas (...) Ce n'était pas négociable" . Ce 75e Congrès du Parti Socialiste se termine donc sans qu'aucune orientation commune, ni aucun accord sur un nouveau leader ne soient ressortis.

Ségolène Royal n'est pas parvenue à réunir une majorité du parti autour des orientations qu'elle proposait pour "la rénovation" du PS. Cela ne constitue pas vraiment une surprise en raison de l'hostilité qu'elle suscite au sein du PS. Depuis l'ouverture du Congrès, le principal point de blocage s'est cristallisé autour des alliances entre socialistes et centristes du moDem que Ségolène Royal juge souhaitable d'ici 2012 pour évincer Nicolas Sarkozy. Une option que refuse l'ensemble des autres courants. Pour lever ce qu'elle considère comme "un prétexte" visant à lui faire obstacle, la présidente du Poitou-Charentes avait proposé samedi devant le congrès une "consultation directe des militants" sur cette question. Plus tard dans la nuit, l'ex-candidate à la présidentielle a même quitté la commission des résolutions, l'instance restreinte qui traditionnellement confectionne les synthèses de congrès, au bout de trois heures d'une réunion qualifiée de part et d'autre de "simulacre de dialogue". "Les militants vont avoir maintenant la parole, dès jeudi prochain (lors du vote pour élire le premier secrétaire, ndlr), a-t-elle déclaré devant la presse. La main tendue aux autres partenaires n'a pas été saisie".

Son départ a été suivi d'une rencontre à trois, qui n'a pas connu plus de succès, entre les chefs de file des trois autres grandes motions, Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoit Hamon. Si un accord paraissait possible sur un texte commun, il n'a pu se faire sur un candidat unique.
Harlem Désir, lieutenant de M. Delanoë, a relevé que le PS se trouvait "dans une situation inédite": "nous (le PS) n'avons pas de majorité", "un premier secrétaire va être élu sans être soutenu par une majorité, dans l'immédiat", a-t-il dit. "Nous sortons du congrès comme on y est rentré", a déclaré pour sa part Michel Sapin, proche de Bertrand Delanoë. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, a reconnu "un échec général".

François Hollande, le premier secrétaire sortant estime de son côté que "personne n'a gagné mais beaucoup a été perdu dans la recherche d'une majorité". Il s'est cependant voulu rassurant. En désignant au suffrage universel un candidat, "cette majorité de militants induira forcément une majorité dans le PS", a-til déclaré. Et jeudi en effet lors du vote final, les militants devraient avoir le dernier mot et nommer leur leader. 

A droite et plus particulièrement au sein de l'UMP, personne ne se gêne pour railler ce congrès. "Est-ce que ce serait le Congrès de la disparition?" s'est même demandée la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie sur Radio J. Roger Karoutchi, chargé des relations avec le Parlement, a comparé ce Congrès socialiste à un "piètre remake" de "Règlement de comptes à OK Corral" et "Les tontons flingueurs". Ce qui, selon lui, "a dû finir de désespérer les adhérents socialistes qui y croyaient encore". "Comme tous les Français je n'y comprends rien", a commenté Patrick Devedjian, numéro un de l'UMP lors de "Dimanche soir politique" (I-télé, France Inter, Le Monde). Le "grand enseignement" de ces deux jours, c'est "la confirmation que ce parti n'a pas de projet pour la France", et "est incapable de nourrir un autre débat que celui de ses éventuelles alliances", selon Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP. "Le PS admet désormais ne plus pouvoir être le vrai moteur de l'opposition", ajoute-t-il. "Pour gouverner, il faut avoir des idées claires, savoir qui on est et ce qu'on veut", a expliqué Edouard Balladur sur Canal Plus. Or le PS "ne sait pas qui il est, ni ce qu'il veut, ni à qui il veut confier le soin de le diriger". Il se dit "un peu consterné du spectacle que donne le PS", parce que "c'est l'un des deux grands partis gouvernementaux qu'a la France, qui a vocation à gouverner un jour".