Ecole maternelle : Darcos précise ses intentions

Par Clarisse Jay  |   |  632  mots
Pour le ministère de l'Education nationale, la maternelle doit préparer à l'école élémentaire et fera l'objet d'une évaluation. Mais il s'aligne sur le Sénat en prônant une structure spécifique pour l'accueil des 2-3 ans.

La phrase a fait grand bruit. Auditionné en juillet par le Sénat sur le budget, Xavier Darcos, le ministre de l'Education nationale, s'était demandé si, dans le soucis d'une « bonne utilisation des crédits de l'Etat », il était logique de faire « passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants et de leur changer les couches » ? Certes, la question, sortie de son contexte, ne concernait que les enfants de moins de trois ans. Mais elle a relancé le débat autour du rôle de l'école maternelle, spécificité française jalousement défendue.
 

Ce mardi 18 novembre, le ministre était à nouveau auditionné par la commission des Finances du Sénat, pour faire suite, cette fois, à l'enquête de la Cour des Comptes sur le rôle et la gestion de l'école maternelle et les moyens mis en ?uvre sur la scolarisation des enfants de 2 ans. En l'absence de Xavier Darcos (bloqué en province), son représentant, Jean-Louis Nembrini, directeur général de l'enseignement scolaire, a réaffirmé les objectifs assignés à la préélémentaire : « favoriser l'accès de tous les élèves aux savoirs fondamentaux et faire chuter à 5 % le taux d'échec à la sortie du primaire, contre 15 % aujourd'hui. » « Les enseignants sont les mêmes qu'en primaire et l'objectif est bien la scolarisation et l'égalité des chances », a-t-il rappelé, sans toutefois nier les spécificités de cette école.

Dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants, qui devront désormais être titulaires d'un master, sera ainsi mis en place une spécialisation. Par ailleurs, bien que facultative, « l'école à 3 ans est indispensable » et doit préparer à la primaire. A tel point que la dernière année de maternelle (grande section), qui est déjà incluse dans le cycle des apprentissages fondamentaux qui court jusqu'en CE1, fera à « brève échéance » l'objet d'une évaluation basée sur le langage (le principe est acquis mais pas les modalités).
 

Des missions a priori claires mais dont le cadre reste mal défini. C'est ce qui ressort de l'enquête de la Cour des comptes présentée ce mardi matin. Selon elle, alors que l'école maternelle représente 20 % du budget de l'enseignement soit 12,5 milliards d'euros, elle souffre de « procédures d'allocations des moyens hétérogènes » et « d'absences de normes ». En outre, en l'absence de définition des modalités d'accueil des enfants de 2 ans, elle présente des pratiques locales hétérogène et sert de variable d'ajustement tant aux maires (pour éviter de financer des places en crèche ou à contrario les conserver) qu'aux parents, séduits par la gratuité. Résultat, le taux de scolarisation des moins de 3 ans varie de 2,7 % en Savoie à 61 % dans le Finistère avec une moyenne de 21 %. Des disparités dues à nombre de facteurs (places et locaux disponibles dans les écoles, budget des collectivités locales pour les Atsem, transports scolaires...).

Dans ce contexte, le ministère abonde dans le sens du rapport sénatorial présentée le 4 novembre et qui préconise la création de « jardins d'éveil » pour les enfants de 2 ans. Un projet qui laisse en suspend nombre de questions (quels personnels, quelle formation, quel budget...), d'aucuns supputant que par cette voie, le ministère cherche avant tout une réponse à ses suppressions de postes et à limiter ses dépenses, les jardins d'éveil étant du ressort des collectivités locales et du secrétariat d'Etat chargé de la famille.
 

Repères :

Budget préélémentaire : 12,5 milliards d'euros, dont 6 Etat, 5,3 collectivités locales, 0,7 ménages
2,5 millions d'enfants, 68.000 classes, 17.000 écoles
Coût par enfant : 4.600 euros contre 16.500 en crèche
Personnel encadrant : 2 pour 26 enfants contre 1 pour 8 en crèche