Le PS n'en finit pas de compter ses votes

Par latribune.fr  |   |  788  mots
La "commission de récolement" du parti socialiste, chargée de passer à la loupe l'élection de vendredi dernier pour la désignation du premier secrétaire du parti, a suspendu ses travaux lundi. Elle doit les reprendre ce mardi à 14h. Sa tâche s'annonce plus que difficile.

La "commission de récolement", chargée d'examiner les contentieux après le vote des militants socialistes vendredi dernier pour désigner un nouveau premier secrétaire, a suspendu ses travaux lundi. Elle doit les reprendre ce mardi à 14h et transmettre un rapport au Conseil national du PS, qui se réunira mardi soir pour prendre une décision. La commission compte au total 13 membres, dont trois représentants de chacune des deux candidates. Les partisans de Ségolène Royal y sont nettement minoritaires.

Ce mardi, Vincent Peillon, eurodéputé et bras droit de Ségolène Royal, a affirmé sur France-Info qu'"après le premier travail de la commission lundi, il n'y avait plus que quatre voix d'écart entre les deux candidates".

La totalisation des votes de vendredi soir, rendue publique par le PS samedi matin, a donné une avance de 42 voix (sur 134.734 suffrages exprimés) à Martine Aubry sur Ségolène Royal. Ségolène Royal demande un nouveau scrutin alors que son adversaire s'y oppose. Les deux camps ont soulevé des anomalies dans le scrutin. La "commission de récolement" (terme désignant la vérification d'un inventaire par un huissier ), sorte de "tribunal administratif" du parti, doit examiner un par un les procès verbaux contestés.

"Il y a des contestations d'une ampleur tout à fait variable d'une fédération à l'autre", a déclaré lundi, en sortant de la commission, Jean-Pierre Mignard, avocat de Ségolène Royal et l'un de ses représentants au sein de la commission. Il a évoqué des problèmes signalés dans "une quarantaine" de fédérations. Il a estimé que les travaux de la commission seraient "très longs" et s'est dit "pessimiste devant l'ampleur du travail et l'ampleur de la collecte des documents à réaliser".

"Ce n'est pas parce qu'on crie très fort à la fraude que pour l'instant cette fraude est avérée," a estimé François Lamy, un des lieutenants de Martine Aubry, interrogé sur BFM-TV lundi. "Il y a un organisme chargé de vérifier si oui ou non il y a fraude, faisons-lui confiance". Aux journalistes massés rue de Solférino, il a lancé: "les socialistes sont loin d'être morts: de 1990 à 95, on a connu cinq Premiers secrétaires et en 1997, on a gagné".

Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë s'est quant à lui déclaré "très malheureux" en tant que "militant socialiste" devant la fracture du PS. "Je sais à quel point la démocratie française a besoin de ce grand parti socialiste d'opposition courageux et honnête, combatif et courageux. C'est une difficulté pour la société française que le parti soit dans cette situation", a-t-il dit lundi lors d'un déjeuner de presse en marge du conseil de Paris. "Je suis assez fier d'appartenir à une fédération où il n'y pas une voix contestée", a-t-il déclaré. "J'ai plutôt un tempérament optimiste. On va bien finir par devenir meilleurs collectivement", a-t-il ajouté.

Face à un PS "coupé en deux", le président du Mouvement Démocrate (MoDem), François Bayrou, a réaffirmé sa volonté d'attirer à lui des électeurs socialistes déçus: "Il faut que tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'action du pouvoir actuel et de Nicolas Sarkozy aient un espoir", qui ne peut "visiblement" pas venir du PS, en "bout de cycle" et "en décomposition grave", affirme-t-il.

François Miquet-Marty, directeur de l'institut de sondage Viavoice, relativise cependant. "A court terme, le spectacle donné aujourd'hui par le parti socialiste et l'idée qu'il ne remplit plus ses fonctions d'opposant ne peut qu'être bénéfique à François Bayrou, comme d'ailleurs à (Olivier) Besancenot ou aux Verts", estime-t-il. "A moyen terme, c'est plus compliqué. Si le parti socialiste évolue en deux pôles, Ségolène Royal sera davantage positionnée sur ce créneau central, où Bayrou ne sera plus seul", souligne-t-il.

"Si j'avais un conseil à donner [aux socialistes], pour qu'ils ne passent pas leur vie à se chamailler sur les conditions de l'élection et la légitimité, c'est de recommencer leur élection", a déclaré lundi Patrick Devedjan, le secrétaire général de l'UMP.

Ségolène Royal a réitéré lundi son exigence d'un nouveau scrutin mais elle a également assuré "faire toute confiance" à la commission de récolement, présidée par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant. Marine Aubry et ses partisans, forts de leur avance, même si la direction du PS s'est gardée de proclamer officiellement une gagnante, sont restés en retrait depuis que la maire de Lille a revendiqué samedi la victoire, se contentant de répliquer aux "royalistes".