Elections prud'homales : abstention record, la CGT progresse aux dépens de la CFDT et de FO

Par latribune.fr  |   |  655  mots
Alors que l'élection prud'homale française a connu un taux d'abstention record, la CGT a progressé de 1,7 point à 33,8%, devant la CFDT (22,1%) en net recul , FO (15,9%) et la CFTC (8,9%). La CFE-CGC (8,2%) progresse de 1,2 point parmi l'ensemble des salariés, et ravit à la CFDT la première place chez les cadres avec 27,9% des voix dans la section "encadrement".

 Les trois quarts des salariés du privé ont boudé les élections prud'homales de mercredi, marquée par une abstention record. Le taux de participation s'est établi à 25,5% dans le collège "salariés", soit une abstention de 74,5%, selon les résultats définitifs publiés ce jeudi matin à l'aube par le ministère du Travail. La participation, qui avait déjà chuté de 63,2% en 1979, premières élections prud'homales, à 32,7% en 2002, atteint ainsi son plus bas niveau en 30 ans.
 

Les résultats marquent des évolutions notables pour des élections où les changements ne sont jamais spectaculaires. La CGT, en première position, a progressé de 1,7 point à 33,8%, devant la CFDT (22,1%) en baisse de trois points, FO (15,9%) en recul de 2,2 points, et la CFTC (8,9%) qui perd 0,8 point. La CFE-CGC (8,2%) progresse de 1,2 point parmi l'ensemble des salariés, et ravit à la CFDT la première place chez les cadres avec 27,9% des voix dans la section "encadrement".L'Unsa (syndicats autonomes), en cours de rapprochement avec la CFE-CGC, gagne 1,2 point, à 6,2%, tandis que l'Union syndicale Solidaires, qui comprend les syndicats Sud, fait plus que doubler son score, passant de 1,5% à 3,8%. Les listes diverses représentent 1%. La CFDT, qui peu de temps après les élections de 2002 avait connu une désaffection d'une partie de ses militants en raison de son soutien à la réforme des retraites de 2003, apparaît comme la perdante du scrutin.
 

Du coté des patrons, à l'inverse des salariés, la participation est en hausse: à 31,25%, contre 26,6% en 2002. Les employeurs de l'économie sociale ont effectué une percée, avec 19% (contre 11,3% en 2002), même si les listes d'union menées par le Medef restent largement en tête avec 72,1% des voix (80% en 2002). Les listes diverses totalisent 8,9%.

Les salariés représentent l'immense majorité des électeurs (18,670 millions sur un corps électoral de 19,188 millions) qui étaient appelés à désigner les 14.512 conseillers prud'homaux chargés de juger les litiges individuels du travail.
 

Les leaders syndicaux ont déploré l'abstention, l'attribuant en partie à un défaut de communication gouvernementale, et au fait que l'élection ne se déroule pas dans l'entreprise. "C'est un mauvais résultat qui montre que les salariés ne sont pas prêts à se mobiliser pour une élection qui a lieu en dehors de l'entreprise", a déclaré François Chérèque (CFDT), en regrettant qu'il n'y ait pas eu de "campagne forte". Jacques Voisin (CFTC), a estimé que "rien n'avait été fait pour que cette élection ait la place qu'elle mérite". Pour sa part, Bernard Thibault (CGT) s'est félicité de la progression de son organisation qui marque un "inversement de tendance" par rapport à la baisse qu'enregistrait la CGT depuis 1979 (voir sa réaction en vidéo sur le site www.infocom-cgt.fr). Mais il a regretté les "nombreuses anomalies" dans le vote qui expliquent selon lui la faible participation. De leur côté, la CFE-CGC et l'Unsa ont vu dans le résultat un encouragement à leur rapprochement.

Xavier Bertrand veut faciliter et simplifier le vote des prud'homales

Xavier Bertrand, le Ministre du Travail, a estimé jeudi matin dans une déclaration faite à l'Agence France Presse (AFP) qu'il fallait "faciliter et simplifier" les modalités de vote aux élections prud'homales afin d'enrayer la chute de la participation. Parmi les pistes de réflexion, Xavier Bertrand a notamment insisté sur la "piste très concrète" de la généralisation de l'installation des bureaux de vote dans les entreprises. Et ce dernier de préciser : '"il semblerait que là où un bureau de vote a été installé dans l'entreprise, le taux de participation a régulièrement dépassé les 50%"."La piste est claire, c'est dans les entreprises qu'on souhaite améliorer l'élection et je pense que cela peut se faire", a-t-il estimé. Le ministre a indiqué qu'il y aurait "un état des lieux avant le 1er janvier de la participation dans les entreprises qui avaient mis en place un bureau de vote dans leurs locaux".