Universités : c'est parti pour la grève !

Par latribune.fr  |   |  608  mots
Les enseignants-chercheurs, rejoints par des étudiants, ont mené lundi une série de manifestations un peu partout en France. La coordination nationale des universités a appelé par ailleurs à une grève illimitée et annoncé de nouvelles actions cette semaine et la semaine prochaine. La cause de cette grogne : la réforme du statut des enseignants-chercheurs et celle de la formation des enseignants. Ce mardi, la ministre de l'Education et de la Recherche, Valérie Pécresse, a maintenu ses positions sur le décret qui doit modifier le statut des enseignants.

Réunie lundi à Paris, la coordination nationale des universités - qui rassemble entre autres le Snesup, premier syndicat du supérieur, et les associations Sauvons l'université et Sauvons la recherche - a appelé à une grève illimitée pour obtenir le retrait de deux projets gouvernementaux contestés, la réforme du statut des enseignants-chercheurs et celle de la formation des enseignants.

La coordination nationale a également annoncé une journée d'actions et de manifestations jeudi prochain et une manifestation nationale le mardi 10 février à Paris. La ministre de l'Education supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse doit rencontrer mercredi prochain la Conférence des présidents d'université (CPU).

Lundi déjà, "au moins 45% des activités d'enseignement" étaient touchées par des grèves d'enseignants-chercheurs, a indiqué le Snesup-FSU. "Il y a eu des perturbations limitées et sporadiques: dans certaines universités, pas de cours et rétention de notes", oppose-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur. Ces grèves étaient organisées à l'appel de syndicats et d'associations de droite (AutonomeSup, Défense de l'université) comme de gauche (Snesup). Grève des cours d'un jour, rétention des notes, grève d'une semaine... les situations étaient diverses.

La modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs suscite un mécontentement croissant chez nombre d'entre eux qui pointent du doigt le pouvoir exorbitant accordé aux présidents d'université (qui décideront notamment comment chaque enseignant se partage entre heures de cours et heures de recherche) et la hausse des heures d'enseignement.

Vendredi, la ministre avait chercher à "rassurer" sur cette réforme en apportant deux modifications à son projet, mais cela n'a convaincu ni le Snesup, ni AutonomeSup, ni le collectif Défense de l'université issu de Paris II-Assas, ni Qualité de la science française. Seuls cinq professeurs de droit, dont le doyen Paul-Henri Antonmattei, ont jugé dans un communiqué ces modifications suffisantes.

Ce mardi, Valérie Pécresse a maintenu ses positions, affirmant devant la presse que le "retrait" de ce décret serait un "recul" pour tous les enseignants-chercheurs. "Maintenant c'est aux présidents d'universités, avec l'ensemble de la communauté universitaire, de rassurer et de voir concrètement comment [le décret] va s'appliquer", a-t-elle dit. Elle a rappelé qu'elle souhaitait qu'ils construisent "ensemble, une charte" destinée à la "bonne application" du décret.

Cette réforme n'est pas la seule pomme de discorde: nombre d'organisations réclament aussi le retrait de la réforme de la formation des enseignants, notamment une coordination des personnels de 15 des 27 Instituts de formation des maîtres (IUFM) qui a rejoint samedi le mouvement. Les 900 suppressions de postes prévues en 2009 dans le supérieur et la recherche alimentent également le mécontentement.

Les étudiants solidaires

L'Unef, la première organisation étudiante, avait invité lundi "tous les étudiants" à soutenir la mobilisation en cours des enseignants-chercheurs. "La journée d'assemblées générales d'étudiants lundi [a été] réussie et très encourageante pour la suite. On appelle tous les étudiants à poursuivre et massifier ces mouvements", a déclaré son président, Jean-Baptiste Prévost. Selon l'Unef, plus de 20.000 étudiants ont participé lundi à des assemblées générales et onze de ces AG ont voté "la grève" en soutien à la mobilisation des enseignants-chercheurs, comme Rennes-II ou Nantes, a ajouté Jean-Baptiste Prévost.

Dans les jours qui viennent, l'Unef devrait appeler les étudiants à une nouvelle journée de mobilisation, soit jeudi 5 soit mardi 10 février. "Notre but pour cette journée sera de faire converger les étudiants et les personnels des universités", a indiqué le président de l'Unef.