Accord en vue en Guadeloupe, regain de tension en Martinique

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Après des négociations marathon mercredi soir en Guadeloupe, l'Etat, le patronat et le LKP se sont mis d'accord sur une hausse de salaire de 200 euros avec la mise en place d'un RSA transformé. A l'inverse, la Martinique s'enfonce dans la crise.

Dix heures de négociation pour une sortie de crise qui se dessine en Guadeloupe. Le LKP (le collectif à l'origine de la grève) et le patronat se sont mis d'accord mercredi soir sur une hausse de 200 euros pour les bas salaires. Un accord qui n'est pas encore definitif puisque les discussions doivent reprendre ce jeudi à 14H30, heure locale (19H30 heure de Paris) mais qui laisse envisager la fin du mouvement. Cette principale revendication du collectif, à l'origine de la grève qui paralyse la région depuis le 20 janvier, devrait donc être satisfaite.

Les 45.000 salariés touchant jusqu'a 1.4 smic pourront bénéficier d'un coup de pouce mensuel qui prendra la forme d'un revenu supplementaire temporaire d'activité. Un RSA spécial de 80  euros que Matignon s'engage à verser "jusqu'à l'horizon 2011". Les patrons se joindront à l'effort à hauteur de 50 euros exonerés d'impots. Enfin, les collectivités locales mettront sur la table 50 euros. Les 20 euros restant seraient versés par l'Etat pour les petites sociétés de moins de 20 salariés.

Malgré ce succès, le LKP reste méfiant. "On est habitués aux revirements du patronat, on se méfie, la grève continue", a déclaré son leader Elie Domota. Premier point encore en suspens, l'application du dispositif que le collectif souhaite immediate alors que l'Etat la repousse au 1er avril. De même, le LKP s'interroge sur la perennité du systeme, prévu pour trois ans. Pour le secretaire d'Etat à l'outre mer Yve Jego, le patronat devra justement "faire sa part (...) pour qu'au-delà de trois ans, ce soit l'entreprise qui prenne à sa charge ce qui sera un revenu RSA et qui redeviendrait un revenu de salaire".

Pour les grévistes, cet accord n'est donc qu'un point de départ. "cela permettra de débuter des discussions sur les 19 derniers points à debattre" selon Rosan Mounien, l'un des dirigeants de l'intersyndicale. Pour maintenir la pression, un rassemblement est prévu à 13h à Baie-Mahault. Malgré les tensions, Yves Jego reste optimiste: "on va arriver à sortir enfin de ce conflit de six semaines". Le secretaire d'Etat éspère même que cet accord fera boule de neige dans la region. Selon lui, "ce qui sera appliqué en Guadeloupe sera possible dans les quatre départements" ultramarins.

Si le retour au calme parait possible en Guadeloupe, la situation empire en Martinique. La nuit dernière à été marquée par de violentes échauffourées entre les forces de l'ordre et des jeunes. Des coups de feu ont été tirés dans les rues de Fort-de-France. Des magasins ont été devalisés. Une situation tout aussi cahotique sur le plan des négociations. Toutes les discussions ont été suspendues hier et devraient reprendre aujourd'hui.

Le porte-parole du collectif du 5 février, Michel Monrose, juge insuffisant l'effort du patronat. Ce dernier propose une hausse de salaire de 10 à 60 euros, voir 100 euros alors que les manifestants reclamment une revalorisation de 354 euros net. "Nous demandons que l'effort soit un peu plus conséquent pour que nous puissions trouver un accord avec eux", precise Michel Monrose. "Ce que nous souhaitons c'est que le patronat puisse nous faire une proposition qui soit plus proche de la moyenne de ce que nous avons demandé", a-t-il encore précisé. En attendant la reprise du dialogue, le collectif prévoit de durcir le mouvement.