Plus de 1,2 million de personnes ont manifesté le 1er mai selon la CGT

Par latribune.fr  |   |  845  mots
Plus de 1,2 million de personnes ont défilé dans les rue ce vendredi, selon la CGT. La police n'en a compté que 465.000. Fait unique dans les annales, les huit syndicats français CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC (cadres), FSU, Solidaires (dont Sud) et Unsa (autonomes) ont défilé ensemble le jour de la Fête du travail. Les durs conflits sociaux de ces dernières semaines - à Continental ou encore Caterpillar - ont tenu le haut de l'affiche.

Les syndicats, qui sont parvenus pour la première fois à s'unir pour les manifestations du 1er mai, espèrent apporter à cette occasion une nouvelle preuve du retour en force du mouvement social, sur fond de crise économique. La fièvre sociale des dernières semaines devrait contribuer à une forte participation, des conflits durs et très médiatisés (Continental, Caterpillar) tenant le haut de l'affiche.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le 1er mai en France à l'appel des syndicats français, avec une mobilisation moindre en province par rapport aux deux précédentes journées revendicatives. Les 29 janvier et 19 mars, un à trois millions de manifestants selon les sources étaient descendus dans la rue à travers le pays pour exiger des mesures sur l'emploi et le pouvoir d'achat. A 16 heures 30, la CGT avait compté que le nombre des manifestants en France pour le 1er mai "approchait 1,2 million", contre 200.000 le 1er mai 2008 et 3 millions le 19 mars dernier, selon l'estimation fournie. La CGT précisait à l'Agence France Presse (AFP) qu'elle ne disposait pas encore des chiffres pour "une vingtaine de villes". Bien évidemment la police n'avait pas du tout le même chiffre à fournir. Selon elle, il n'y avait que 465.000 personnes qui avaient manifesté ce vendredi. 

Fait unique dans les annales, les huit syndicats ont été ensemble vendredi: CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC (cadres), FSU, Solidaires (dont Sud) et Unsa (autonomes). A Paris, les chefs de file - Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO) pour les plus connus - ont défilé bras dessus, bras dessous. Près de 280 manifestations sont prévues dans tout le pays, selon les organisateurs.

La CFE-CGC (centrale des cadres) a été dans la rue un 1er mai, du jamais vu. La CFTC avait l'habitude de faire bande à part, tout comme FO (sauf en 2002, où les manifestations avaient été marquées par le choc de la présence du Front National au second tour de l'élection présidentielle). Les séquelles de la division historique du syndicalisme français ne seront toutefois pas effacées partout. A Marseille, Nice, Nantes ou Clermont-Ferrand, notamment, FO organise des initiatives séparées.

Cette unité inédite est un prolongement au travail commun engagé par le "G8 syndical" en octobre, auquel les manifestations massives des 29 janvier (entre 1 et 2,5 millions de manifestants) et 19 mars (entre 1,2 et 3 millions) ont véritablement donné un élan.

Une mobilisation soutenue par l'opinion publique

Les Français soutiennent à 72% la journée de mobilisation intersyndicale du 1er mai, seuls 9% y étant "opposés" ou "hostiles", selon un sondage CSA publié jeudi dans L'Humanité. Le soutien des Français est plus important que lors des deux dernières grandes journées de mobilisation, les 19 mars (62% de sondés favorables) et 29 janvier (69%), souligne le quotidien.

Selon ce sondage, les revendications des syndicats sont également plébiscitées par les Français: 90% sont favorables à "n'accorder les aides publiques aux entreprises que si elles s'engagent à maintenir l'emploi" et 89% soutiennent le "développement du logement social". En revanche, seule une courte majorité de sondés (53%) souhaitent "revenir sur les 30.000 suppressions d'emplois dans la fonction publique en 2009".

Et après la journée du 1er mai? L'intersyndicale a commencé à en débattre lundi, et se retrouvera le 4 mai pour tenter de se mettre d'accord, FO insistant pour "une grande grève de 24h" ce printemps, idée qui rencontre de fortes réticences, notamment de la CFDT.

Du côté du Parti socialiste, la volonté d'unité s'est retrouvée quelque peu écornée. La semaine dernière, le parti avait annoncé qu'il manifesterait à Paris à l'occasion du 1er mai derrière sa "direction rassemblée" autour de sa première secrétaire Martine Aubry, de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë. Finalement, Ségolène Royal défilera avec les salariés d'Heuliez dans son département des Deux-Sèvres. Le PS réfutant l'idée d'une nouvelle fausse note, Martine Aubry a qualifié sur Europe1 de "très bonne chose" la présence de Ségolènre Royal "dans sa région" : "Tous les socialistes seront dans la rue. Pour moi, c'est ça l'unité du Parti socialiste", a-t-elle déclaré.

Le ministre du Travail Brice Hortefeux a minimisé ce jeudi la portée historique des manifestations unitaires de vendredi, estimant qu'elles avaient un air de "déjà vu". "En 2002 et 2003, les grandes centrales syndicales avaient manifesté ensemble, globalement c'étaient des manifestations quasi-unitaires", a-t-il ajouté.

Il faut en effet remonter à 2002 et 2003 pour trouver les défilés les plus importants de ces dernières années à l'occasion du 1er mai. En 2003, en pleine contestation sur les retraites, de 165.000 (selon la police) à 426.000 manifestants (selon les organisateurs) étaient descendus dans la rue ; la majorité des syndicats, sauf FO, la CFTC et la CFE-CGC, avait manifesté ensemble. En 2002, le 1er mai avait donné lieu à une forte mobilisation syndicale et politique contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, mais CFTC et CFE-CGC étaient restés à l'écart. De 900.000 à 1,3 million de personnes avaient manifesté.