Réforme des hôpitaux : Sarkozy lâche du lest sur le projet de loi Bachelot

Le chef de l'Etat a souhaité désamorcer la grogne contre le projet de loi Bachelot de réforme de l'hôpital en acceptant des modifications sur leur gouvernance, à la veille de l'examen du texte par le Sénat et d'une nouvelle journée de protestation de leurs personnels.

Après avoir insisté pour que le directeur d'hôpital soit un véritable patron, Nicolas Sarkozy a accepté lundi qu'il partage ses décisions avec des personnalités médicales afin d'apaiser la colère des blouses blanches. A moins d'un mois des élections européennes, le chef de l'Etat a annoncé dans la soirée de lundi qu'il demanderait au gouvernement de déposer des amendements en ce sens au projet de loi sur l'hôpital qui doit être examiné à partir de ce mardi par le Sénat. "La loi hôpital n'est pas une loi anti-médecins", a-t-il déclaré lors d'une intervention devant les membres de la commission sur la réforme des CHU présidée par le professeur Jacques Marescaux.

Comme la Tribune.fr le révelait jeudi 8 mai, parmi les propositions de celle-ci, figure la création autour de chaque directeur général de CHU d'un directoire comprenant trois vice-présidents: le président de la CME (commission médicale d'établissement), le doyen de la faculté de médecine et un chercheur. Les autres membres médicaux du directoire seraient nommés par le directeur général sur proposition du doyen et du président de la CME.

Déjà adopté par l'Assemblée nationale, le projet de loi a suscité de nombreuses critiques dans le monde médical, centrées notamment autour de la nomination d'un directeur général gestionnaire, jugé tout puissant, pour chaque établissement. Plusieurs milliers de personnes, soutenues par des grands professeurs de médecine, ont défilé le 28 avril à Paris pour protester contre une réforme qui crée, selon eux, un "hôpital-entreprise" inspiré par une logique de rentabilité.

 "J'ai bien conscience que, derrière tout ça, il y a un problème de confiance", a reconnu Nicolas Sarkozy. "Opposer médecins et qualité de gestion est absurde et même blessant pour tout le monde", a-t-il dit, ajoutant que personne n'a jamais dit que "l'hôpital devait devenir une entreprise" mais qu'il n'est pas non plus "condamné à être en déficit". De même, il a jugé que, s'il n'était pas question de faire du directeur d'un hôpital un "despote absolu", l'existence d'une "capacité d'arbitrage et de décision" dans chaque établissement permise par la loi hôpital était "une bonne nouvelle".

Les réactions se multiplient

Le professeur Marescaux a souligné à sa sortie de l'Elysée que six réunions avec la ministre de la santé Roselyne Bachelot-Narquin et son directeur de cabinet avaient débouché sur "une adhésion complète avec ce que proposait la commission, c'est-à-dire une médicalisation complète de la gouvernance, une universitarisation complète de la gouvernance, comme tous les modèles étrangers qui marchent". "On ne peut pas imaginer un directeur général gestionnaire comptable sans l'adhésion des médecins", a-t-il dit, ajoutant : "Je pense que ça va calmer la grogne".

Le professeur Bernard Debré, député UMP et membre de la commission Marescaux, qui était au nombre des manifestants du 28 avril, s'est réjoui de la décision du chef de l'Etat. "Maintenant, les choses sont clarifiées. On est sorti par le haut, avec un rapport important. Maintenant, les sénateurs vont le mettre en musique puisque le président de la République le leur a demandé", a-t-il indiqué.

Député PS et médecin, Jean-Marie Le Guen a salué "une première victoire de la communauté hospitalière", "un recul (du président) qui en appelle d'autres". "Je salue la première victoire de la communauté hospitalière qui, grâce à sa forte mobilisation, a réussi à faire reculer le gouvernement sur la gouvernance des CHU", écrit Jean-Marie Le Guen dans un communiqué. Mais "si Nicolas Sarkozy a reconnu la rupture de confiance entre le monde hospitalier et le gouvernement, ce n'est pas en procédant de façon précipitée qu'il contribuera à la restaurer", ajoute le député. Il demande que "l'urgence" (une seule lecture par assemblée) soit levée pour "permettre une seconde lecture à l Assemblée nationale ce qui est possible avant la fin de la session". "Par ailleurs, en ignorant les graves difficultés budgétaires imposées à l' Hôpital public, le président ne répond pas aux aspirations de la communauté hospitalière tant en terme d'emploi que d'investissement", juge encore Jean-Marie Le Guen qui est à la tête de l'AP-HP.
 
 

Commentaires 6
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est amusant, l'Assemblée vote un texte et le Sénat va voter un autre texte, totalement différent du premier. Je souhaite bin du plaisir à la CMP qui devra harmoniser tout cela. A moins que la raison ne revienne et que le gouvernement lève enfin l'u...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il était évident que les médecins et a fortiori les professeurs n'allaient pas accepter que l'on puisse seulement penser à leur enlever la moindre parcelle de pouvoir. Voila une profession qui au nom de 10 à 13 ans d'études sur le corps humain est ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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A ces médecins du service public il ne comprennent rien, la santé c'est un business SARKOSY le sait bien tout peut et doit être marchandisé avec des gestionnaires les yeux rivés sur le compte d'exploitation et pourquoi donc des médecins dirigeraient ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Depuis Rome. Les médecins ont gagné. Ils vont pouvoir continuer à se comparer au "Tout Puissant omniscient" en dehors des réalités budgétaires et de ce que la Nation à décider annuellement de consacrer á la santé... Encore un corporatisme bien diffi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Grand merci aux pontes de nous faire payer une SECU à la gestion contestable et au déficit abysssal; mais il reste la CRDS...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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En médecine les êtres humains apprennent le corps humain masculin de tous les hommes nés entre la préhistoire et le 21ème siècle et le corps humain féminin de toutes les femmes nées entre la préhistoire et le 21ème siècle. Le problème c'est que les d...

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