Matignon prépare de nouvelles mesures d'économie pour 2010

Par latribune.fr  |   |  928  mots
François Fillon "assume" l'aggravation des déficits publics en France avec la crise mais il entend poursuivre la réduction des dépenses de l'Etat en 2010, seule politique susceptible à ses yeux de produire des "effets vertueux" à la faveur de la reprise. De son côté, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, estime que "le premier trimestre sera mauvais" en termes de croissance.

Dans un très long entretien accordé ce jeudi dans Le Figaro, le Premier ministre, François Fillon, qui entamera le 17 mai la troisième année de son mandat, maintient le cap de la rigueur budgétaire et exclut de nouveau toute hausse des prélèvements obligatoires.

Alors que les syndicats jugent insuffisantes les mesures de relance décidées par le gouvernement, François Fillon écarte tout plan supplémentaire pour le moment et continue de s'interdire des "mesures coûteuses", comme des coups de pouce à la consommation ou une baisse de la TVA, que réclame l'opposition.

Le chef du gouvernement table sur une "reprise lente" en Europe en 2010 et un ralentissement de la hausse du chômage "après l'été". Il juge que l'économie française enregistre des "signaux encourageants" même si elle n'est pas "à l'abri d'à-coups". "Rien n'est encore gagné", souligne-t-il. "En France, l'inflation est très basse, la consommation résiste bien et les banques demeurent solides. Ce sont des signaux encourageants, mais rien n'est encore gagné et nous ne sommes pas à l'abri de nouveaux à-coups", déclare le Premier ministre. Il relève que "la situation est compliquée en Europe, qui devrait, selon les experts, enregistrer une récession moyenne de 4% avec des pays à -6% comme l'Allemagne et d'autres autour de - 3% comme la France". Récemment François Fillon avait reconnu qu'un recul de 2,5% était "aujourd'hui probable" en France.

"Dans cette période difficile, nous gardons notre sang-froid en évitant de prendre des décisions qui coûteraient très cher au pays lorsque la reprise viendra", répète-t-il. "Nous avons toujours affirmé que nous prendrions d'autres mesures si cela s'avérait nécessaire, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il serait irresponsable de dépenser davantage". S'il accepte "l'idée d'un creusement du déficit dans les conditions économiques" actuelles, François Fillon n'abandonne pas son objectif premier, le retour à l'équilibre des finances publiques pour lequel il ne fixe plus d'horizon après avoir abandonné l'échéance de 2012.

Mesures annoncées à l'été

Le gouvernement prépare dans cette optique une deuxième vague d'économies dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), précise-t-il. Les mesures seront annoncées à l'été en vue du budget 2010.

François Fillon n'en précise pas la nature mais il indique que l'analyse des dépenses sociales sera "approfondie" avec pour mot d'ordre "équité" et que le débat sur les relations financières entre l'Etat et les collectivités locales sera "reposé". Il confirme par ailleurs pour 2010 la règle du non-remplacement d'un départ en retraite sur deux dans la fonction publique (34.000 postes en moins).

Pour résorber le déficit de la sécurité sociale, le Premier ministre déclare que "certaines niches sociales" seront réexaminées. Il exclut une augmentation de la CSG et de la CRDS.

Au chapitre politique, il précise que le gouvernement présentera ses propositions à l'été sur la réforme des collectivités territoriales en vue d'un projet de loi à l'automne.

François Fillon, qui souligne sa "relation de confiance totale" avec Nicolas Sarkozy, assure ne pas penser "aux lendemains" et déclare qu'il croit en une amplification de l'ouverture sans donner le moindre indice sur le futur remaniement gouvernemental lié aux élections européennes du 7 juin. "Je ne donnerai pas de nom".

Vers un reports des examens ? 

Sur le blocage des universités et l'évetuel report des examens, François Fillon annonce avoir demandé l'étude, "là où la situation est tendue", d'un "report des examens en septembre et l'organisation des épreuves en dehors de l'enceinte des universités bloquées". Le Premier ministre précise avoir fait cette demande à la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. "Nous n'accepterons jamais que les examens soient bradés", ajoute le Premier ministre.   "Il faut par ailleurs, ajoute-t-il que les enseignants-chercheurs qui organisent les blocages sachent qu'ils en subiront les conséquences sur leur traitement". Le Premier ministre affirme en outre que "jamais, jamais" le gouvernement "ne reviendra sur l'autonomie des universités".

Enfin, à propos de la réforme de l'hôpital en examen au Sénat, François Fillon affirme "l'équilibre auquel" le gouvernement "est parvenu est le meilleur qui puisse être trouvé", et prévient que "le gouvernement ne bougera plus de cette ligne". Le Premier ministre défend une réforme "nécessaire" et assure que le gouvernement n'a "jamais imaginé que les hôpitaux soient gouvernés sans et encore moins contre les médecins". "Là encore, ajoute-t-il, les aspects mal compris de la réforme ont été précisés, notamment pour les CHU". "L'équilibre auquel nous sommes parvenus est le meilleur qui puisse être trouvé", poursuit-il, avant d'ajouter: "Le gouvernement ne bougera pas de cette ligne".

De son côté, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a estimé ce jeudi sur Canal Plus que la situation de la France, en termes de croissance, ne s'est pas améliorée au premier trimestre par rapport à fin 2008. Le PIB avait reculé de 1,1% au quatrième trimestre et "depuis, cela ne s'est pas amélioré", a estimé le ministre. "Le premier trimestre sera mauvais", selon elle.

Dans sa dernière note de conjoncture publiée en mars, l'Insee prévoyait une chute du produit intérieur brut (PIB) de 1,5% sur cette période. L'institut statistique doit publier ce vendredi les chiffres de la croissance pour le premier trimestre.