Le Fonds de réserve des retraites a vu ses actifs fondre de 25% en 2008

Par latribune.fr  |   |  515  mots
En raison de la crise financière, le Fonds de réserve des retraites a vu ses actifs perdre 24,9% de leur valeur en 2008. Il va mettre en place un comité stratégique pour optimiser sa gestion.

Les actifs du Fonds de réserve des retraites, le FRR, créé en 1999 mais réellement mis en place en 2003 pour contribuer aux besoins de financement des retraites, totalisaient 28,9 milliards d'euros fin mai, après une performance de 3,4% sur les cinq premiers mois de l'année et une chute de 25% en 2008 à cause de la crise financière.

Tirant les leçons de dix-huit mois de crise financière, le FRR entend être plus souple dans son allocation d'actifs et plus réactif dans la gestion de ses encours, grâce notamment à la mise en place d'un comité stratégique. Le FRR a vu sa performance annualisée ramenée à 1% à fin mai après l'effondrement des marchés financiers.

"Il faut aller vers une gestion plus réactive et plus flexible pour tenir compte des cycles financiers", a déclaré ce jeudi Raoul Briet, président du conseil de surveillance du FRR, lors d'une conférence de presse. Disant vouloir faire un bilan "lucide" des forces et des faiblesses du FRR, Raoul Briet a estimé que le Fonds s'était révélé "un outil robuste", sans défaillances techniques ou opérationnelles et n'ayant pas investi dans des actifs dits "toxiques".

Cependant, l'ampleur de la crise a obligé les responsables du fonds à prendre en compte les risques extrêmes, à expliciter ses contraintes de passif et à opter pour une gestion plus réactive.

Aussi, le FRR s'est-il fixé un "portefeuille de référence" composé de 55% d'actifs risqués (45% d'actions, 5% d'immobilier et 5% de matières premières non alimentaires) et 45% d'actifs obligataires (dont une part importante de 20% d'obligations indexées sur l'inflation, contre 3%-4% actuellement) sécurisés pour la couverture de son passif. Mais cette répartition pourra largement fluctuer en cours d'année et pourra être modifiée chaque année.

Surtout, le fonds a créé un comité spécialisé, baptisé "comité stratégie d'investissement" qui sera mis sur pied en juillet, et qui examinera au moins une fois par trimestre l'évolution du portefeuille. "Ce comité aura pour objectif de développer une culture de l'observation des marchés", a souligné Augustin de Romanet, président du directoire.

Il devrait ainsi pouvoir "cristalliser les gains", c'est-à-dire être capable de vendre des actifs risqués à un moment jugé opportun pour pouvoir ensuite sécuriser les plus-values réalisées dans la poche d'investissement sans risque du Fonds.

Par ailleurs, le fonds s'est lui-même fixé ses contraintes de passif, faute de feuille de route des pouvoirs publics, concernant notamment le rythme des décaissements qu'il lui faudra assurer entre 2020 et 2040.

Il fait l'hypothèse de recettes limitées à la fraction (2%) des cotisations sociales perçues sur les revenus du patrimoine et des placements (soit environ 1,5 milliard d'euros par an) et de décaissements constants, correspondant à la valeur des abondements perçus, indexés sur l'inflation.

Avec une espérance de rendement (brut) de 6,3% par an, le FRR estime qu'il devrait disposer, d'ici à 2020, de 83 milliards d'euros (courants) d'actifs, soit 20% seulement des besoins de financement des retraites tels qu'ils ont été évalués début 2008.