700.000 destructions d'emplois en France cette année, selon l'Insee

Par Fabien Piliu  |   |  677  mots
Comme le gouvernement, l'Institut table sur une chute de 3% de l'activité. Tous les clignotants sont dans le rouge. Seule la consommation résiste timidement. De son côté, Hervé Novelli prévoit la création d'un demi-million d'entreprises en France en 2009, essentiellement grâce au nouveau statut d'auto-entrepreneur.

Ce n'est qu'avec les premiers frimas de l'hiver que l'économie tricolore pourrait enfin sortir de l'état de congélation avancé qu'elle connaît aujourd'hui estime l'Insee, l'Institut national de la statistique et des études économiques, qui, comme le gouvernement, anticipe une chute de 3% de l'activité en 2009. Après avoir chuté lourdement au premier trimestre (-1,2%), le PIB remonterait lentement la pente au fil des mois. Il ne reculerait "que" de 0,6%, et de 0,2% aux deuxième et troisième trimestres avant d'afficher une croissance nulle au quatrième. "A la fin de l'année, le niveau de l'activité sera tombé au niveau atteint en 2006", précise Eric Dubois, le chef du département de conjoncture de l'Insee.

Cette chute de l'activité entraîne déjà et continuera à entraîner une forte dégradation du marché du travail. Le scénario central de l'Insee envisage la destruction de 700.000 postes cette année dans le secteur marchand non agricole, portant le taux de chômage à 10,1% à la fin de l'année, en hausse de 2,5% en un an. "A la fin du quatrième trimestre, le taux de chômage retrouverait alors son niveau de 1999", détaille Benoît Heitz à l'Insee. Fait notable, l'industrie et la construction ne seraient pas les seuls secteurs à voir leurs effectifs se réduire. Traditionnellement protégés lorsque la conjoncture se dégrade, le tertiaire marchand hors intérim souffrirait également. "Le repli de l'emploi total serait notamment atténué par l'augmentation des emplois aidés, après deux années consécutives de baisse", estime Eric Dubois.

"Les causes de cette panne sont désormais bien connues", estime-t-on dans l'entourage de Christine Lagarde. Conséquence directe du ralentissement économique mondial déclenché par la crise bancaire et financière, tous les clignotants de l'économie sont passés au rouge ou presque, seule la consommation des ménages offrant quelques signes de résistance dans le sillage de la chute des prix de l'énergie. Selon les estimations de l'Institut, l'investissement des entreprises dégringolerait cette année de 8,9% et celui des ménages de 6,9%. En chute libre, les exportations plongeraient de 13,5%.

Quant aux mouvements de destockage, on ne sait s'ils s'achèveront au cours du second semestre comme espéré.

Dans ce contexte perturbé, dater la sortie de crise est-il raisonnable ? Eric Dubois préfère évoquer une "sortie de récession". Interrogé par La Tribune, Christine Lagarde reconnaît qu'il est encore trop tôt pour se le permettre. "Les signes positifs témoignant d'un redressement même timide de l'activité sont encore trop rares", admet la ministre de l'Economie tout en précisant que la France, moins dépendante des fluctuations du commerce mondial que la plupart de ses voisins, ferait un peu mieux qu'eux en 2009. Un avantage qui deviendra vite un inconvénient une fois la crise passée.

Cette conjoncture plus que morose n'empêche pas le secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat, Hervé Novelli, de faire preuve de volontarisme et d'optimisme. Il prévoit la création d'un demi-million d'entreprises en France en 2009, essentiellement grâce au nouveau statut d'auto-entrepreneur. "J'escompte pour cette année plus de 500.000 créations d'entreprises, tout confondu, contre 327.000 en 2008", déclare-t-il dans le Parisien de ce vendredi. "Et sur ces 500.000, il y a aura plus de 300.000 auto-entreprises. J'en espérais 200.000 au départ".

Lancé au début de l'année, le statut d'auto-entrepreneur permet de compléter ses revenus grâce à une procédure administrative simplifiée et des cotisations minimales.

 

Salaire mensuel de base en hausse de 2,4% sur un an hors inflation
L'indice du salaire mensuel de base (SMB) a progressé de 0,8% au premier trimestre 2009 et de 2,7% sur un an, une hausse ramenée à 2,4% si l'on tient compte de l'inflation, selon des chiffres définitifs diffusés ce vendredi par le ministère de l'Emploi, qui confirment ceux diffusés mi-mai. L'évolution du salaire mensuel de base reflète la variation moyenne des salaires (hors primes et heures supplémentaires) dans les entreprises de dix salariés ou plus.