Un été marqué par les fermetures d'usines, plans sociaux et rébellions de salariés en France

Depuis juin, les suppressions d'emploi se sont multipliées dans l'Hexagone. La tension sociale monte d'autant dans le pays. Passage en revue des principales annonces.

Le gouvernement avait laissé entendre que l'été serait chaud sur le plan social et la rentrée tendue. Les annonces de fermetures d'usines ou de suppressions d'effectifs qui se sont accélerées ces derniers mois confirment ces propos. Et tous les secteurs sont concernés.

Il n'y a quasiment pas une journée sans que l'on apprenne un plan de réductions de postes voire une fermeture de site. Ainsi, mercredi soir, c'est le groupe Samro, leader français de la construction de remorques pour poids-lourds, fort de 770 salariés mais touché par la crise économique qui a fait plonger ses ventes, qui s'est ajouté à cette liste noire. Il a annoncé 109 licenciements sur les 473 salariés de sa branche Seg-Samro répartis sur trois sites : Fontenay-le-Comte (256 salariés), Baligny (Loire, 117 salariés) et Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique, 100 salariés), site qui va d'ailleurs fermer.

Le secteur automobile est d'ailleurs le plus touché par les plans de restructuration. Parmi les annonces les plus emblématiques se trouvent celles de PSA qui supprimera respectivement 900 et 1.150 emplois sur les sites de Sochaux et de Rennes. Il y en aura 1.000 chez Renault, 1.093 chez Michelin, 820 chez Goodyear, et 1.600 chez Valeo. Les annonces les plus marquantes, ayant entrainé blocage et bonbonne de gaz, ont concernée les projets de fermeture des usines de Continental à Clairoix (1.120 suppressions) et de New Fabris à Chatellerault dans la Vienne (366 postes). Les 283 ouvriers de l'usine Molex font eux aussi face à une éventuelle fermeture de leur usine fin octobre. La direction américaine et les representant des salariés s'opposent depuis dix mois, dans un conflit marqué par la sequestration de deux dirigeants. Aujourd'hui, les salariés sont interdits d'usine et suspendus à la rencontre entre la direction et le cabinet du ministre de l'industrie Christian Estrosi le 25 août.

L'immobilier semble aussi avoir souffert de la crise. De nombreux promoteurs annoncent des suppressions. Il y en aura 500 chez Nexity, 165 chez Kaufman et Broad. Dans leur sillage, plusieurs entreprises fabricants de meubles, de porcelaine, ou de revêtements poussent leurs salariés dehors, avec des plans variant de 9 à 470 suppressions chez Plyrosol à Lisieux.

Le secteur bancaire, ébranlé par la crise économique et malgré une reprise cet été, annonce des restructurations. En décembre dernier, BNP Paribas annonçait  800 suppressions de postes à l'echelle mondiale dans ses activités de marché, sans preciser l'impact pour les salariés français. De la même façon,Calyon, filiale du Crédit agricole spécialisée dans le financement et l'investissement, supprimera 250 postes.

Dans la santé, des groupes pharmaceutiques phares comme Sanofi Aventis (800 suppressions de postes) et la filiale française de Pfizer (700 départs prévus) ont annoncé des réorganisations de leur effectifs, obligeant le ministre de l'industrie Christian Estrosi à monter au créneau. Des groupes américains comme Schering Plough et BMS (BristolMyersSquibb) envisage également de supprimer des emplois dans l'Hexagone.

Dans l'aérien, Air France KLM évoque un éventuel plan social à la rentrée. Dans un premier temps, 3.000 postes étaient évoqués. Mais d'après les syndicats, ce plan qui couvre la période 2009-2011, prévoit 1.500 suppressions d'emploi sur la base des départs volontaires et des mesures de mobilités. Le groupe fait face à une diminution du trafic qui a entrainé une baisse de son chiffre d'affaires de 20,5% au premier trimestre. Latecoère, sous-traitant d'Airbus, annonce 1.000 suppression de postes.

Les employés des géants des telecom sont aussi concernés. Alcatel Lucent pourrait supprimer 1.000 emplois. Nortel, filiale de l'équipementier canadien, supprimera 460 emplois malgré les menaces d'explosion de l'usine par les salariés en colères. Le tribunal de commerce de Versailles a decidé ce jeudi de prolonger l'activité de la filiale pour trois mois. Le 24 septembre, le tribunal decidera de l'application ou non du protocole signé le 21 juillet et réglant la question des indemnités de licenciement. La direction espère convaincre un repreneur d'ici fin septembre.

Le monde des logiciels sera touché par 250 suppressions d'emplois en France chez l'éditeur américain Oracle. Dans le domaine des technologies, le groupe Texas Instrument compte lui supprimer entre 300 et 350 postes. Pour le géant helvético-suédois de l'ingénierie, ABB, 540 emplois seront supprimés dans l'Hexagone.

Dans le reste des groupes industriels, des fabricants de verre, de plastique, les forges ainsi que les scieries sont également touchés par ce vaste mouvement de réduction d'effectifs face à la crise.

Total de son côté envisage de supprimer plus de 300 postes à Gonfreville, dans le domaine de la pétrochimie et du raffinage.

Dans le textile, le fabricants de lingerie Aubade annonce 104 suppressions.

Dans la distribution, la Redoute et 3 suisses font respectivement état de 672 et 400 suppressions.

Les médias ne sont pas épargnés. L'Express envisagerait 50 départs volontaires, RFI annonce 206 suppressions, Yahoo France 52

D'après le site Médiapart, qui a mis en place une carte interactive et réactualisée des sites touchés, les premiers calculs font état pour le moment de 600.000 suppressions en France pour l'année 2009.

Cette sombre conjoncture se traduit par de fortes tensions sociales. De nombreux salariés refusent d'être licenciés ou réclament d'importantes primes de départ, menaçant parfois de s'en prendre à leur (ex) outil de travail ou s'en prenant aux représentants de la direction ou de l'actionnaire.

Ces crispations ont été sensibles dans des dossiers comme Molex ou New Fabris. Les salariés de Chaffoteaux-et-Maury (filiale d'Ariston Thermo Group du groupe italien Merloni TermoSanitari) , sous le coup d'un plan de 204 licenciements sur 251, ont, eux, expulsé leur directeur de l'usine de Ploufragan, près de Saint-Brieuc, et réclament désormais une indemnité de 100.000 euros.

Plus menaçants (parce que plus désespérés ?), une soixantaine de salariés de l'entreprise de transports Serta au bord de la liquidation judiciaire menacent de déverser 8.000 litres de produits toxiques, des additifs de carburant, dans un petit affluent de la Seine près de Rouen. Ils veulent obtenir une indemnité de départ de 15.000 euros.

Ce type de situation de chantage se multplie dans l'Hexagone au fur et à mesure que les annonces de licenciements et de fermetures de sites se surajoutent.

Commentaires 21
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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l'automne l'hiver le printemps seront encore pires, les disparitions d'entreprises vont s'accentuer, les délocalisations aussi vont aller crescendo durablement, cela ne peut etre autrement avec des POSTES MINISTERIELS qui sont OCCUPés PAR des TOURIST...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous avez oublié de parler des entreprises de travail temporaire, notamment ADIA qui va supprimer 600 postes

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On s'enlise serait trop "doux" , la coulée s'accélere et c'est vraiment trés préocupant...que font les politiques du monde entier pour enrayer le phénoméne ? le monde bascule et cela commence à vraiment se voir, il faut s'attendre à voir se multiplie...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le monde est actuellement secoué par diverses manifestations de ruptures d'équilibre. D'abord les ressources qui se font rares pour une population en croissance exponentielle, ensuite les déséquilibres dans la production avec la création de l'usine d...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il me semble que les solutions ne sont plus dans les mains de nos pseudo dirigeants et qu'il faille encore une fois que le peuple se reveille pour reprendre de force ses droits . Les etats et les grandes entreprises jouent volontiers sur la peur de p...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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1993, je viens de perdre une entreprise florissante. Numéro un sur son marché fournisseur des collectivités locale, mairie, département du solide. Avec un fax un téléphone un seul homme, en proposant les mêmes produits à un prix inférieur à ma main d...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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ET... PENDANT CE TEMPS LA, DES FONCTIONNAIRES SONT EMBAUCHES .... elle est pas belle la vie dans l'administration ???

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce n'est pas le comportement de certains salariés licenciés qui vont donner aux entrepreneurs envie d'investir en France.Et les autres envie d'aller s'installer ailleurs ou le climat social n'est pas "révolurionnaire type I789". L'avenir pour les...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce qui me surprend beaucoup c'est l'absence de réaction des syndicats et des politiques,tout se passe au niveau local : menaces de destructions violentes,surenchère sur les indemnités ,silence total de la cgt,sud cftd !!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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formidable , oui un formidable gachis humain , apres on dira que les chomeurs et rmistes sont des feignants et des assistés , hors le pouvoir des elus n'existe plus que sur quelques pans de la societée ( administratif et surtout la collecte des taxes...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On pourrait s'en prendre à la concurrence déloyale de l'étranger non? Car moi des gens dans d'autres pays payés 500 euros par mois avec BAC+5, je peux pas m'aligner même payé au SMIC.... Je dis cela sans aucun racisme.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les français de la génération enfants gatés baby bommers (né entre 1945 et 1965) sont en France, les premiers responsables parce q'ils ont mis au pouvoir pendant 25 ans entre 1981 et 2007 deux présidents radical socialiste qui n'ont fait que financer...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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1 conseil faite comme moi...1 piston 1 petit concours et FONCTIONNAIRE .salaire a vie et a gauche toute ....

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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N'ayez pas peur.La Bourse augmente,les riches s'en mettent plein les poches et les pauvres qui ont deux livrets d' épargne à 1% vont être poursuivis.Vive la France pour ses inégalités.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pierre! Pierre!! mon AMI.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Si tout le monde a retenu la phrase "célèbre" de Michel Rocard : " La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde" Personne n'a percuté quand dans ce même débat télévisé, il a éclaré : "Dans quelques décennies, 40% à peine de la population...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Tout à fait d'accord avec vous. Quand à la volonté des Français de faire des efforts : si vous ne les faites pas ma génération ne se privera pas pour ne pas payer vos retraites. L'argent ainsi économisé nous permettra d'honorer vos dettes.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Beaucoup de personnes de demandent pourquoi on en arrivé là (de notre économie).En France, depuis 1945, il faut savoir que tous les présidents ou chefs de gouvernement n'auraient jamais, sauf rares exceptions, été proposés ni élus dans les démocratie...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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rappelez vous la caisse noir du MEDEF, elle a servi à ETOUFFER LES SYNDICATS - lorsque je les vois a la télévision ILS ME FONT PITIé CES PANTINS, il serait temps que les salariés votent en masse pour dans un premier temps nettoyer les syndicats au ka...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous pensez qu'il est bien que la communication devienne plus facile et plus rapide dans le monde. Vous pensez que nous sommes les meilleurs et que tout nous est dû. Vous pensez que les peuples des pays sous-développés n'ont qu'à nous regarder, admir...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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tout cela est déplorable, depuis trente ans le pays s'enfonce cette fois nous sommes dans le mur et malgré tout, ni politique ni syndicats n'ont le courage de mettre en oeuvre ce qu'il faudrait faire, un retour au plein emploi en augmentant les sal...

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