G20, Clearstream, taxes : les annonces de Nicolas Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  1317  mots
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
Le chef de l'État s'est exprimé ce mercredi soir à la veille du sommet du G20, lors duquel il espère toujours un accord sur les bonus. Il a par ailleurs indiqué qu'il ne retirera pas sa plainte dans l'affaire Clearstream.

C'est en direct de New-York que Nicolas Sarkozy a répondu aux questions des journalistes de TF1 et France 2 ce mercredi. Le président de la République s'est notamment exprimé sur le sommet du G20, qui débute ce jeudi à Pittsburgh, ainsi que sur le procès Clearstream où il est partie civile. Il a par ailleurs préparé le terrain à une hausse du forfait hospitalier et à l'imposition des indemnités versées aux accidentés du travail.

Bonus bancaires

"Nous voulons clairement que le montant des bonus soit plafonné en fonction, par exemple, d'un pourcentage du chiffre d'affaires, d'un montant de fonds propres", a indiqué le Chef de l'Etat. "L'Europe s'est mis d'accord sur la position de la France et de l'Allemagne" mais "le cheminement est long", alors que les Etats-Unis refuse tout plafonnement des bonus bancaires. "On ne peut pas tout focaliser sur le bonus, mais c'est quand même la partie visible de l'iceberg", a-t-il précisé, affirmant que "le capitalisme ne peut plus recommencer comme avant".

"Le travail des banques, ce n'est pas de la spéculation", a ensuite indiqué le chef de l'Etat. "Leur travail est assez simple, cela consiste à emprunter de l'argent au jour le jour et à le prêter à moyen et à long terme, pour un particulier qui veut acheter son appartement (...) ou pour une entreprise qui veut acheter une machine".

Paradis fiscaux

"Il n'y a plus de paradis fiscaux et à Pittsburgh, l'un des enjeux, c'est que dès le premier trimestre de l'année prochaine, des sanctions soient appliquées sur des places, sur des pays qui ne respecteraient pas les règles en la matière", a expliqué le président de la République. "Les paradis fiscaux, le secret bancaire c'est terminé", a-t-il ajouté. "Et je me battrai à Pittsburgh demain pour qu'il y ait des sanctions. Mais il y a d'autres choses, cela ne résout pas tout. Il y a eu aussi cette pratique absolument effrayante de ce qu'on appelle les bonus sur les traders".

Clearstream

"J'ai certainement beaucoup de défauts mais je ne suis pas un homme qui ment. Je ne suis pas un homme qui renonce et je ne suis pas un homme qui plaisante avec les principes d'honneur et de probité", a déclaré le chef de l'Etat, alors que le procès est ouvert depuis trois jours. Prié de dire s'il retirerait sa plainte, Nicolas Sarkozy a répondu: "Quand bien même je le retirerais, le procès aurait lieu. Que la justice fasse son travail sereinement, elle est en train de le faire et je lui fais toute confiance".

Interrogé sur le problème posé par la constitution de partie civile dans un procès d'un chef de l'exécutif qui exerce une tutelle sur les procureurs, M. Sarkozy a répondu que "le président de la République n'a pas de tutelle sur les juges qui jugent". "J'ajoute que quand j'ai déposé cette plainte et qu'on a voulu me mettre dans le scandale, je n'étais pas président de la République".

"Au bout de deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel", a-t-il ajouté, sans tenir compte de la présomption d'innocence dont bénéficient des prévenus non encore définitivement jugés. "Je fais totalement confiance à la justice. Que chacun s'explique devant le prétoire, devant les juges et les juges décideront qui a fait ça, pourquoi on a fait ça, qui sont les opérateurs et qui sont les commanditaires ?"

Vente du Rafale au Brésil

"Il y a un accord politique, qui fait qu'on négocie le contrat et le contrat sera signé comme les sous-marins" vendus au Brésil en décembre 2008, a-t-il assuré. "La semaine dernière, j'ai été au Brésil pour vendre nos Rafale, meilleurs avions du monde et Monsieur Lulanous fait confiance", a-t-il poursuivi. "C'est une grande victoire", a enchaîné le président français qui juge "normal que les Etats-Unis se battent pour vendre leurs avions".

Climat et taxe carbone

"Nous sommes la dernière génération à pouvoir décider, après ce sera trop tard. Décider quoi ? De limiter l'augmentation de la température (de la planète) à deux degrés", a déclaré le chef de l'Etat. La taxe carbone n'est ni "complexe", ni "illégitime", a-t-il estimé. "On rééquilibre les conditions de production en disant: produire 'sale', cela coûtera plus cher, consommer 'sale', cela coûtera plus cher, en revanche si vous consommez propre, si vous économisez de l'énergie, cela coûtera moins cher".

"Si l'on dit c'est la faute de Total ou la faute de Dupont et moi je n'ai rien à faire, alors on ira à la catastrophe", a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a par ailleurs souligné que le fait que l'électricité ne soit pas concernée par cette taxe carbone était "bon pour l'indépendance de la France". "La France n'a pas de pétrole. La France n'a pas de gaz. Et la France n'exploite plus de charbon. En revanche, la France produit de l'électricité par le nucléaire et par les énergies renouvelables", a-t-il souligné. "Nous taxons le pétrole, le gaz, le charbon et nous exonérons de taxe le nucléaire et les énergies renouvelables".

Forfait hospitalier

Le forfait hospitalier sera augmenté "si l'hôpital a besoin de plus d'argent", a déclaré mercredi Nicolas Sarkozy, qui précise que la décision sera prise fin septembre. "Le forfait hospitalier a été créé par qui? Par la gauche. Cela ne devait pas être une si mauvaise idée. (...) Si l'hôpital a besoin de plus d'argent, eh bien le forfait hospitalier qui n'a pas été augmenté depuis trois ans sera augmenté", a-t-il indiqué.

"L'hôpital a besoin de beaucoup d'argent parce que les maladies, les progrès de la science font que cela coûte plus cher, les traitements. On a besoin de place, on a besoin de médecins. On rembourse en France la totalité de vos soins mais il n'est pas écrit que l'on rembourse la nourriture qui vous est servie lorsque vous êtes à l'hôpital", a-t-il justifié. "La décision, on la prendra à la fin du mois".

Accidents du travail

"Lorsque vous travaillez, vous avez un salaire. Vous payez l'impôt. Lorsque vous êtes arrêté, vous avez une indemnité qui compense le salaire que vous n'avez plus. Pourquoi cette indemnité serait exonérée d'impôt si c'est un revenu de remplacement de votre travail ?", a déclaré le chef de l'Etat, confirmant donc implicitement que les indemnités versées en cas d'accident du travail devraient être soumises à l'impôt. L'opposition "qui trouve que la taxe carbone n'est pas assez élevée (...) ne va quand même pas me reprocher de soumettre à l'impôt" un revenu de remplacement, a-t-il ajouté.

Nucléaire iranien

"Il faut toujours discuter, mais pourquoi opposer le dialogue et des sanctions au cas où le dialogue ne prospère pas. Je suis bien obligé de regarder: le dialogue ne prospère pas. Il y aura une date limite, dans mon esprit, c'est le mois de décembre", a-t-il dit. "L'Iran a le droit à l'énergie nucléaire mais imaginons l'arme nucléaire dans les mains des dirigeants actuels. C'est inacceptable".

Clotilde Reiss

Nicolas Sarkozy a assuré qu'"il n'y aura pas d'échange" entre la chercheuse française Clotilde Reiss retenue en Iran et un Iranien condamné en France. "C'est du chantage (...) Est-ce que vous croyez que je suis un homme à aller échanger l'assassin de Chapour Bakhtiar contre une jeune étudiante dont le seul crime est de parler la langue de l'Iran et d'aimer la civilisation perse ?" "Clotilde Reiss est une jeune femme de 22 ans qui est innocente. Tout le monde le sait", a-t-il ajouté.