France : vers la retraite à 62 ans ? Syndicats et gouvernement en ordre de bataille

Par latribune.fr  |   |  589  mots
Rendez-vous est pris le 15 février entre les syndicats et le chef de l'Etat français pour décider du calendrier de la future réforme des retraites. Mais les syndicats n'ont qu'une crainte : que Nicolas Sarkozy passe en force à l'été.

Les syndicats ont une crainte : que Nicolas Sarkozy passe en force sur la réforme des retraites, en rendant dès juin ses arbitrages et en faisant voter une loi courant juillet. Six syndicats sur huit ont ainsi fait savoir le 8 février qu'ils "n'accepteront pas une mascarade de concertation".

Pour l'heure, rendez-vous est pris le 15 février entre le président et les syndicats pour fixer l'agenda social 2010, où sera fixé le calendrier de la future réforme. Nicolas Sarkozy a été clair dans ses priorités : l'un des principaux dossiers de 2010 sera "l'adaptation de la protection sociale au défi du vieillissement" - défi d'autant plus grand que la crise a mis à mal les finances sociales de la France, a-t-il souligné.

« Il nous manquera 100 milliards d'euros par an pour financer nos retraites à l'horizon de 2050 », a annoncé pour sa part le 30 janvier au Figaro le Premier ministre François Fillon. Le déficit de la branche vieillesse (retraites) du régime général de la Sécurité sociale est prévu à 10,7 milliards d'euros en 2010, après 8,2 milliards en 2009, et atteindrait 14,5 milliards en 2013, selon les prévisions du gouvernement.

Pour éviter que le déficit ne continue de se creuser, le Premier ministre n'a pas fait mystère de sa conviction selon laquelle il faudra modifier le mode de calcul des retraites des fonctionnaires. Dans la fonction publique, les retraites sont calculées sur la base du salaire des six derniers mois, un fonctionnement plus avantageux que celui qui prévaut dans le secteur privé, où les 25 meilleures années sont prises en compte.

Le curseur qui a la préférence de l'Etat : la durée de cotisation

François Fillon a également laissé entendre qu'il faudra augmenter l'âge légal de la retraite, fixé à 60 ans depuis 1982. La réforme de 2003, qui prévoit un allongement progressif de la durée de cotisation (41 ans, à partir de 2012) n'a pas eu "un effet suffisant sur les comportements", l'âge moyen de départ augmentant "très peu".

Dès janvier, le ministre du Travail Xavier Darcos puis le secrétaire général de l'Elysée avaient laissé entendre que l'allongement de la durée de cotisation avait la préférence de l'Etat. Augmenter les prélèvements, "c'est très difficilement envisageable parce que ça signifie encore une dégradation de la compétitivité de la France". Baisser les retraites ? "Les Français y sont peu préparés". Reste donc la possibilité d'"augmenter la durée de cotisation comme d'autres pays l'ont fait", avait déclaré Claude Guéant.

Pour le PS : trouver de nouvelles recettes

Même au sein du principal parti d'opposition, le parti socialiste, la question n'est pas forcément tranchée. La première secrétaire du parti Martine Aubry a émis un temps la possibilité d'aller vers "61 ou 62 ans", à condition de "prendre en compte la pénibilité" et "l'emploi des seniors". Benoît Hamon, porte-parole du PS, s'est empressé d'assurer que son parti restait "attaché" au maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans.

Pour le PS comme pour une partie des syndicats, il faut surtout trouver de nouvelles "recettes", autres que les cotisations sur les salaires. Le gouvernement doit "accepter d'examiner des sources de financement nouvelles, par exemple en élargissant l'assiette des cotisations à la valeur ajoutée et en augmentant les taxes sur les revenus du capital : bonus, stock-option", déclaré en début de semaine le numéro deux du parti, Harlem Désir.