"Pas de bébé à la consigne", leitmotiv de la grève dans les crèches ce jeudi

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Une partie des professionnels de la petite enfance sont en grève ce jeudi. Ils protestent contre un décret gouvernemental qui entend augmenter les possibilités d'accueil des enfants en surnombre et diminuer le taux minimal obligatoire de personnel dit "très qualifié".

"Pas de bébé à la consigne", c'est le nom d'un collectif de professionnels de la petite enfance qui se bat depuis un an contre un décret gouvernemental, dont la publication devrait pourtant avoir lieu "dans les trois mois". Un mouvement de grève a ainsi été lancé ce jeudi contre ledit décret, à l'appel des fédérations CGT, CFDT, UNSA et FSU.

Le texte prévoit que le taux d'enfants autorisés en "surnombre" soit augmenté. Jusqu'à 20 places autorisées, la crèche pourra accueillir 10% d'enfants en surnombre, 15% pour les établissements de 21 à 40 places et 20% pour les crèches de plus de 40 places.

Le décret abaisse également de 50% à 40% le taux minimal de personnel "très qualifié" (éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, infirmiers ou psychomotriciens) obligatoirement présent dans les crèches, augmentant du même coup le nombre de personnels moins qualifiés (CAP).

"Accueillir un enfant, ce n'est pas seulement changer les couches et faire un atelier pâte à modeler, c'est aussi observer ce qui se passe, déceler les enfants qui ont des problèmes", fait valoir Christophe Harnois (Unsa), éducateur de jeune enfants. Les titulaires d'un CAP Petite enfance "n'auront pas suffisamment de compétences et de connaissances pour pouvoir bien accompagner les enfants", poursuit-il, réclamant, au nom du collectif, le retrait pur et simple du décret.

Pour certains professionnels, les nouvelles règles vont conduire à un fonctionnement "à la chaîne" et à du "gardiennage".

Plus d'enfants, c'est aussi "moins de temps consacré à chaque parent" en fin de journée, estime pour sa part Cyrille Godfroid, éducateur de jeunes enfants près de Metz et vice-président de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE).

Nadine Morano se défend

L'entourage de Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, rejette les accusations du collectif, soulignant notamment que les capacités d'accueil d'enfants en "surnombre" ne seront permises qu'à des moments "extrêmement ponctuels" d'une heure ou deux quelques fois par mois.

"Le taux d'encadrement d'un adulte pour cinq bébés et d'un adulte pour huit enfants qui marchent n'est pas modifié", ajoute-t-on de même source, jugeant également "un peu choquant" le fait de dire que les CAP Petite enfance ne sont pas assez compétents.

L'entourage de Nadine Morano rejette par ailleurs l'idée de crèches bondées et rappelle que le taux moyen national d'occupation des crèches est de 67%.

Apparition des jardins d'éveil

Pourtant, un rapport remis au gouvernement en 2008 estimait à au moins 300.000 le nombre de places d'accueil des tout petits manquantes en France, alors même que le taux de fécondité est l'un des plus élevés d'Europe. Seulement 10% des enfants de mois de trois ans sont accueillis en crèche dans le pays.

A la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), qui a validé le projet de décret début février, son président (CFTC), Jean-Louis Deroussen, reconnaît que le texte n'est pas parfait mais qu'il "permet de répondre aux demandes des parents".

Autre sujet de polémique, le décret lance l'expérimentation des "jardins d'éveil", structures pour les 2-3 ans intermédiaires entre crèche et maternelle et dont les professionnels craignent que le taux d'encadrement soit trop réduit.