Trichet salue l'accord européen sur une aide à la Grèce

Les dirigeants des pays de la zone euro ont donné leur accord jeudi soir à la mise en oeuvre d'un mécanisme de prêts financiers à la Grèce, incluant le FMI. Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel s'étaient mis d'accord ce jeudi à Bruxelles sur l'aide financière qu'ils entendent accorder à la Grèce. Athènes juge ce plan franco-allemand "totalement acceptable". Hostile à l'intervention du FMI, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, met de l'eau dans son vin et salue cet accord.

Les 16 Etats membres de la zone euro ont adopté sans changement jeudi soir l'accord conclu par la France et l'Allemagne sur un mécanisme de soutien à la Grèce et à tout autre pays de la zone en difficultés financières qui n'arriverait pas emprunter "à un taux raisonnable". Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel étaient, en effet, parvenus ce jeudi à Bruxelles à trouver un terrain d'entente sur le cas grec. Le Premier ministre grec Georges Papandréou s'est félicité jeudi soir de cette "décision très satisfaisante" .

La zone euro et le Fonds monétaire international partageront l'effort d'aide financière à la Grèce, si Athènes le demande, mais la zone euro supportera la majorité de la charge. L'aide à la Grèce des 15 autres pays européens utilisant l'euro se fera via des prêts bilatéraux. Les dirigeants de la zone euro ont défini les bases d'une répartition de prêts éventuels à la Grèce entre les pays de la monnaie unique européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Les pays de la Zone euro émettraient deux tiers de ces prêts et le FMI un tiers.

Ce mécanisme, complémentaire au financement du Fonds monétaire international, doit être considéré comme un dispositif de dernier recours, c'est-à-dire notamment quand le financement par les voies du marché se révèle "insuffisant". "Tout débours des prêts bilatéraux devra être décidé par les Etats membres de la zone euro à l'unanimité", insiste l'accord - ce qui signifie que Berlin aura, comme tout pays, un droit de veto, point essentiel à ses yeux qui a permis d'obtenir l'accord de Berlin - avec notamment une évaluation de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne.

Montant non précisé

Le montant des prêts qui seraient ainsi accordés à Athènes n'a pas été précisé. Il n'est pas limité en quantité, a affirmé Nicolas Sarkozy. Les chiffres qui circulaient ces derniers jours étaient de 20 à 25 milliards d'euros (22 milliards selon certains). Mais la discrétion reste de mise alors que les échances de gros remboursement pour la Grèce se rapprochent et que les spéculateurs restent à l'affut. Une indication de montant pourrait les inciter à aller tester cette limite.

A noter que l'euro réagit un peu à l'annonce de ce plan et se négocie ce vendredi près de 1,335 dollar alors qu'il était passé sous la barre de 1,33  la veille au soir.

De longues discussions sur le plan d'aide à la Grèce

Les pays de l'Union européenne se sont âprement opposés ces dernières semaines sur l'aide à apporter à la Grèce : aide financière directe ou soutien politique fort - qui permettrait à la Grèce de bénéficier de taux d'emprunt moins élevés - ; recours au FMI ou prêts bilatéraux de pays de la zone euro. La balance semblait pencher, mercredi, pour une solution mêlant les deux procédés, constituée de prêts bilatéraux européens et d'un complément apporté par le FMI.

Cependant, l'Allemagne a fermement défendu tout au long des discussions d'une part une aide qui n'interviendrait qu'en "dernier ressort", d'autre part une intervention exclusive du FMI, excluant la mise en place de prêts bilatéraux.

Berlin considère en effet que la Grèce n'est pas insolvable. "Un bon Européen n'est pas nécessairement un Européen qui offre tout de suite de l'aide. Un bon Européen, c'est quelqu'un qui respecte les traités européens et les droits nationaux afin que la stabilité de la zone euro ne soit pas endommagée", a déclaré la chancelière devant les députés allemands avant de se rendre au sommet européen.

Trichet salue cet accord

Initialement hostile à l'intervention du FMI - il faut remonter à 1976 pour retrouver trace d'une intervention du Fonds auprès d'un pays de l'Union européenne, il s'agissait alors de la Grande-Bretagne -, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, met de l'eau dans son vin et salue cet accord, en s'en disant 'extrêmement heureux". Pourtant quelques heures plus tôt, il disait qu'abandonner au Fonds monétaire international des responsabilités relevant des gouvernements européens ou de l'Eurogroupe serait "très très mauvais". Jean-Claude Trichet s'exprimait dans un entretien réalisé jeudi matin par les télévisions Public Sénat et LCP, soit avant l'annonce par l'Elysée d'un accord franco-allemand sur la Grèce prévoyant une intervention du FMI qui devait être débattu lors du Conseil européen de Bruxelles.

"La Banque centrale européenne a une position qui est extrêmement simple. Nous voulons que les pays membres de la zone euro exercent, pleinement, totalement, fidèlement au traité, à son esprit et à sa lettre, leurs responsabilités", ajoutait-t-il. Jean-Claude Trichet soulignait que les problèmes actuels de la Grèce s'expliquent justement par "une absence de responsabilité suffisante". "Le coeur de notre position c'est : les gouvernements de la zone euro ne doivent pas abandonner un pouce de leur responsabilité actuelle. Au contraire, ils doivent les exercer avec beaucoup plus de responsabilités encore", poursuit-il.

"Mon problème c'est que l'Eurogroupe, et les gouvernements, tous les gouvernements sans exception, soient conscients de leurs responsabilités, conscients du fait qu'ils ont à exercer une surveillance et qu'ils ne se défaussent pas en quelque sorte sur d'autres, d'autres gouvernements, d'autres institutions", déclarait Jean-Claude Trichet . "Je suis ouvert aux solutions qui pourront être trouvées mais je suis inflexible sur ce point", ajoute-t-il.

Le cas du Portugal

Après cet accord, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a tenu à souligner que la situation du Portugal, dont la situation budgétaire suscite des inquiétudes après la dégradation de sa notation souveraine par l'agence Fitch, n'est pas du tout comparable à celle de la Grèce.
"Pour le Portugal, le problème se pose en tout autres termes. Je crois vraiment que les situations ne sont pas comparables du tout et les marchés s'en rendent compte, et s'en rendront compte les jours qui viennent" a-t-il insisté.

Commentaires 4
à écrit le 26/03/2010 à 16:13
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aiglenoir, pourquoi "leur union européenne" ? Vous n'en faites pas parti? Ou c'est mieux de ne pas se mouiller.

à écrit le 26/03/2010 à 9:34
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LEGALL, entièrement d'accord avec vous ! Trichet ayant mis en faillite le Crédit Lyonnais, il ne faut pas être étonné. Un président Sarkosy qui essaye de nous en faire accroire encore, une ministre économiste qui a toujours l'air de débarquer, l'ex- ...

à écrit le 26/03/2010 à 7:31
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Leur union européenne, çà commence fichtrement à ressembler au "Radeau de la méduse"

à écrit le 26/03/2010 à 5:34
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La zone euro supportera la majorité des aides aux pays en difficultés. On croit rêver. Tous les pays sont en difficultés financière et la BCE n'ayant pas de volonté d'intervention, ce seront des émissions d'obligations des pays les plus "solvables, ...

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