Sarkozy rappelle ses troupes à l'ordre et garde le cap

Le chef de l'État exclut de changer de stratégie économique, notamment de toucher au bouclier fiscal. Il appelle à refermer le débat sur la présidentielle de 2012.

Nicolas Sarkozy a rappelé à l'ordre mercredi soir les députés UMP en les priant de ne pas remettre en cause des réformes emblématiques comme le "bouclier fiscal", décrié désormais jusque dans les rangs de la majorité.

De retour d'une visite aux Etats-Unis, le chef de l'Etat a reçu à l'Elysée les élus de son camp, très critiques à son égard depuis la déroute de la droite aux élections régionales.

La rencontre, qui fait suite à un séminaire des parlementaires lundi avec François Fillon, a duré environ une heure et demie. Au total, 265 députés étaient présents, d'après un participant. Plusieurs élus avaient décliné l'invitation, dont un sarkozyste "historique", Thierry Mariani, qui s'est décommandé avec éclat pour avoir été pris "pour un con".

L'objectif pour le chef de l'Etat était de redonner le moral à des troupes en proie au doute mais aussi de ramener de la discipline dans les rangs.

"Ne touchez pas au bouclier fiscal!", a ainsi lancé Nicolas Sarkozy, selon l'un des élus. "Il ne faut pas donner le sentiment qu'on change de cap sur l'essentiel, ce serait une folie", a-t-il souligné, selon un autre participant.

Nombre de responsables de la majorité réclament l'aménagement du "bouclier fiscal" - en extrayant notamment la CSG et CRDS - sa suspension, voire son abrogation, dans un contexte de crise aiguë qui aggrave les déficits.

Le président de la République a par ailleurs exclu de revenir sur la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Des élus souhaitent que cette mesure, mise en oeuvre dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques, soit assouplie, particulièrement pour les forces de l'ordre qui disent pâtir au quotidien des réductions d'effectifs.

"Nous ne changerons pas de stratégie économique", a souligné le président de la République, précisant que des résultats positifs commençaient à poindre, a relaté un participant.

Il a notamment cité le déficit public pour 2009 qui sera légèrement moins élevé que les 7,9% du PIB initialement prévus.

"La politique du gouvernement, ce n'est pas celle du bouchon de liège dans la tempête", a lancé Nicolas Sarkozy, qui a filé la métaphore marine pour enjoindre aux députés de ne pas mettre l'exécutif en difficulté.

"Le danger est de scier la quille" du bateau sur lequel on navigue, a-t-il dit, selon des propos rapportés par un participant. "Nous sommes dans une période où il ne faut ni autisme ni surréaction", a-t-il insisté.

Analysant le scrutin régional, il a relevé, le concernant, la difficulté de "payer l'addition" alors qu'il n'a pu s'impliquer de plain-pied dans la campagne.

Et de poser cette question : "Pouvait-on gagner, vu le fonctionnement du scrutin à deux tours, vu la situation de crise économique et de crise agricole?".

Il a estimé que les Français avaient exprimé leur exaspération face au "sentiment d'impuissance". Les Français, a-t-il dit, "ont besoin de stabilité, de repères et de solidité".

A une député qui l'interrogeait sur le désamour dont il fait l'objet actuellement, Nicolas Sarkozy a répondu : "Je ne suis pas là pour être aimé ou mal-aimé, je suis là pour faire".

"Il n'y a de ma part aucun raidissement personnel, j'ai trop l'expérience du combat, je crois à la nécessité de tenir un cap", a-t-il affirmé.

Sondage après sondage, l'image de Nicolas Sarkozy se dégrade dans l'opinion. Sa cote de confiance baisse de trois points à 28%, contre 70% de défiance, selon une enquête TNS-Sofres Logica à paraître vendredi dans Le Figaro Magazine.

Sang-froid, sérénité, ténacité, volontarisme, tels ont été les mots d'ordre du chef de l'Etat, qui a également invité les élus à ne pas ouvrir prématurément le débat sur l'élection présidentielle de 2012, qui suscite déjà une guerre de positions au sein de la majorité, du Nouveau Centre aux "villepinistes".

"Si on donne l'impression que c'est la leçon des régionales, ce serait une folie", a-t-il jugé.

"Il faut se battre pour garder une UMP comme aujourd'hui, qui aille de la droite respectable au centre le plus central", a-t-il dit. "Pas de fermeture, pas de bunkerisation, pas de règlements de comptes".

Nicolas Sarkozy, qui a été applaudi à plusieurs reprises, a rendu hommage à son Premier ministre, François Fillon, assurant avoir "une totale confiance" en lui.

"Ce ne sont pas journalistes qui nous brouilleront", a-t-il dit, alors que des médias se font de nouveau l'écho de tensions au sommet de l'Etat.

Commentaires 2
à écrit le 04/04/2010 à 17:23
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Monsieur le Président,,Messieur les Députés tout ce que vous ferez,bouclier fiscal,taxe carbone,retraite (43 ans de cotisation) sauf pour les députés,les électeurs ne vous oublirons pas en 2012.

à écrit le 01/04/2010 à 7:26
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Dans la tempete , le bateau garde son cap - Tenez bon ,capitaine -ca va le faire

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