Affaire Woerth-Bettencourt : Sarkozy "exaspéré" et bataille rangée à l'Assemblée

Face aux accusations portées contre le ministre du Travail Eric Woerth, le président et le Premier ministre ont commencé à s'exprimer. Le ton a rapidement monté lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale entre députés UMP et députés socialistes

Alors que le ministre du Travail Eric Woerth est soupçonné d'avoir reçu de la part de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, la somme de 150.000 euros pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, le président lui-même a dénoncé à mots couverts ces accusations, lors d'une table ronde sur la médecine de proximité à Brie-Comte-Robert.

"J'aimerais tellement que le pays se passionne pour les grands problèmes que sont la santé, les retraites, comment on va créer de la croissance, plutôt que de s'emballer à la première horreur, calomnie, qui n'a qu'un seul but, salir sans aucune espèce de réalité. Quel abaissement, une époque où on s'intéresse plus à la personne qui crée le scandale qu'à la personne qui soigne, qu'à la personne qui travaille, qu'à la personne qui construit. Quelle époque !", a-t-il déclaré.

De son côté, François Fillon, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse au parlement européen, a dénoncé "une chasse à l'homme"et une "entreprise systématique de déstabilisation". "Nous ne nous laisserons pas intimider par ces méthode", a-t-il dit. "Depuis le début de ce feuilleton [...] nous n'avons jamais eu un seul fait avéré, qui ait été prouvé ; nous n'avons jamais eu un seul reproche réel à faire au ministre du Travail."

Alors qu'Eric Woerth a exclu de démissionner, il a reçu tout au long de la journée le soutien de son camp politique.

En revanche, le ton a rapidement monté lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale entre députés UMP et députés socialistes (en vidéo, sur le site de l'Assemblée). Accusés par le ministre du Budget François Baroin de faire le jeu de l'extrême droite sur cette affaire, les socialistes ont quitté en quasi totalité l'hémicycle.

Les membres du PS s'étaient dans la journée saisis de l'affaire. "C'est au président de la république de prendre toutes ses responsabilités et de dire la vérité et d'en tirer toutes les conséquences", avait affirmé le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, qui n'a pas demandé la démission d'Eric Woerth mais a parlé de "crise morale".

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, avait estimé, à propos des affirmations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, qu'Eric Woerth n'était plus "en situation, ni légitime" pour pouvoir continuer à mener la réforme des retraites. Le député PS Arnaud Montebourg avait quant à lui réclamé lundi la nomination d'un "juge d'instruction indépendant" du gouvernement pour "faire connaître la vérité". L'ex-Premier secrétaire du PS François Hollande avait affirmé  qu'un remaniement du gouvernement s'imposait.

Marine Le Pen accuse également Nicolas Sarkozy

La vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, a estimé ce matin que "les nouvelles révélations de Mediapart nous permettent de mieux comprendre pourquoi le président déploie une telle énergie pour sauver coûte que coûte son ministre Eric Woerth. Dans l'affaire Bettencourt, en tirant sur le fil Woerth, c'est en effet au final sur Nicolas Sarkozy que l'on tombe".

Elle a estimé également que "la démission d'Eric Woerth, chef de la Camorra [mafia napolitaine, ndlr] fiscale et trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est plus que jamais nécessaire. Sa chute en entraînera d'autres".

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