Grève contre la réforme des retraites : les syndicats se mobilisent, FO fait bande à part

Force ouvrière n'a pas signé l'appel publié à l'issue de cette réunion parce que l'exigence d'un retrait du texte gouvernemental n'y figurait pas. Mais le syndicat appelle à faire grève et à manifester.

Les syndicats français misent sur une forte mobilisation lors de la journée du 7 septembre contre la réforme des retraites et promettent d'autres mobilisations si le gouvernement et le Parlement ne les entendent pas. Cette journée doit relancer leur bras de fer avec un pouvoir exécutif fragilisé par la mauvaise conjoncture économique et les déboires du ministre du Travail, Eric Woerth.

Des responsables CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, FSU, Unsa et Solidaires se sont réunis lundi au siège de la FSU, premier syndicat de fonctionnaires. Force ouvrière n'a pas signé l'appel publié à l'issue de cette réunion parce que l'exigence d'un retrait du texte gouvernemental n'y figurait pas. Mais le syndicat appelle à faire grève et à manifester. "On refuse de polariser la mobilisation exclusivement sur la question du retrait du projet de loi: ça ne suffira pas à trouver des solutions aux problèmes des retraites", a expliqué la responsable CGT Nadine Prigent. "La CFDT fera le maximum pour que la journée du 7 septembre soit une très forte journée de mobilisation", a dit pour sa part Marcel Grignard. L'enjeu est "d'obtenir un autre contenu pour une autre réforme des retraites", a-t-il ajouté.

"GOUVERNEMENT ENGLUÉ DANS LES AFFAIRES"

"Cette mobilisation, elle prend", a renchéri Annick Coupé, du syndicat Solidaires. La responsable syndicale a souligné le caractère "inédit" de cette rentrée sociale. "Le gouvernement est englué dans des affaires, je pense que la crédibilité du gouvernement sur la justice sociale est quand même un peu mal en point", a-t-elle estimé.

Les organisations syndicales se réuniront dès le 8 septembre pour analyser la situation et décider des suites unitaires à donner rapidement à la mobilisation, dit le texte publié lundi. Des grèves sont annoncées dans les transports le 7 septembre, jour du début de l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi sur la réforme des retraites, dont le gouvernement exclut de modifier les principales mesures. Le texte vise à juguler les déficits croissants des régimes de retraite pour parvenir à l'équilibre financier en 2018, en relevant notamment de 60 à 62 ans progressivement l'âge légal de départ en retraite. Syndicats et opposition de gauche dénoncent ce projet qui aggravera selon eux les inégalités et fera peser l'essentiel de l'effort sur les salariés, sans résoudre le problème des déficits à long terme.

Selon les syndicats, deux millions de personnes avaient manifesté contre cette réforme le 24 juin, le ministère de l'Intérieur faisant pour sa part état de quelque 800.000 manifestants.

Pressées de redresser les comptes publics, dont la situation s'est considérablement dégradée sous l'effet de la crise économique, les autorités françaises ont choisi de réformer les régimes de retraites avant la date initialement prévue. Le président Nicolas Sarkozy, dont la cote de popularité reste faible, veut faire de cette loi un symbole de sa capacité à réformer le pays à moins de deux ans des élections présidentielle et législatives de 2012. Il a pour l'heure annoncé que des modifications pourraient avoir lieu sur des volets périphériques de la réforme comme les métiers pénibles, les carrières longues et les polypensionnés. Outre l'hostilité des syndicats, le chef de l'Etat doit compter avec les difficultés politiques nées des soupçons de conflit d'intérêt pesant sur Eric Woerth, qui est chargé de la réforme.

Partie d'un dossier d'abus de faiblesse envers l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, visant le photographe François-Henri Banier, l'affaire a débordé sur des faits d'évasion fiscale et d'éventuels versements illégaux à l'UMP, parti dont Eric Woerth était trésorier lorsqu'il était ministre du Budget. Niant toute irrégularité, ce dernier a exclu de démissionner et a reçu le soutien appuyé de Nicolas Sarkozy et des ténors de la majorité.

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