Les enseignants du primaire sur le pied de guerre

Suppressions de postes, réforme de la formation des maîtres et faibles moyens risquent d'en tâcher les objectifs de lutte contre l'échec scolaire, selon le principal syndicat du premier degré. Le Snuipp va alerter les parents à la rentrée et appelle à la grève pour le 7 septembre.

C'est un cri d'alerte que le principal syndicat d'enseignants du primaire a poussé mercredi lors de sa conférence de presse de rentrée. Cette rentrée-ci va "se dérouler dans un climat inédit", souligne Sébastien Sihr, le nouveau secrétaire général du Snuipp-FSU. Poursuite des suppressions massives de postes, réforme de la formation des maîtres et débat sur les retraites chargent fortement la barque et ont amené le syndicat à se rallier à la journée de grève prévue le 7 septembre contre la réforme des retraites. "C'est la première fois qu'une journée de grève intervient dans l'éducation aussi tôt" dans l'année scolaire précise Sébastien Sihr.

16.000 postes supprimés

S'il est encore trop tôt pour évaluer l'ampleur de la mobilisation, une chose est sûre, la rentrée va se faire dans un climat très tendu. Pour alerter l'opinion, le Snuipp va distribuer à la rentrée une "lettre ouverte aux parents" à 1 million d'exemplaires dénonçant les effets des suppressions de postes. "C'est un cri d'alerte pour expliquer les inquiétudes des enseignants", indique Sébastien Sihr. Et elles sont nombreuses. Tout d'abord les suppressions de postes. A la rentrée, ce sont 16.000 postes qui seront supprimés (en vertu de la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite) et l'on sait déjà que 16.000 le seront aussi à la rentrée 2011, soit plus de 65.000 postes supprimés depuis 2007. Alors que dans le même temps, "on attend 7.000 élèves de plus à la rentrée 2011 en primaire", s'inquiète Sébastien Sihr.

On connaît depuis mai dernier les pistes d'économies du gouvernement : baisser encore le taux de scolarisation des moins de 3 ans, supprimer les postes de Rased (aide aux élèves en difficulté) non occupés par des titulaires, augmenter le nombre d'élèves par classe, substituer aux remplaçants titulaires des vacataires, transférer aux associations les emplois d'aide aux handicapés (AVS...)

Autre sujet de grogne, qui touche aussi à l'enseignement supérieur, la réforme du recrutement et de la formation des enseignants (dite "masterisation" car nécessitant un niveau master, c'est-à-dire bac + 5, pour passer le concours). Le premier contingent de jeunes professeurs débutant va arriver devant les élèves la semaine prochaine sans formation pratique, l'année de stage en alternance (via les IUFM) ayant été supprimée. Un système de "binômes" avec des maîtres formateurs a finalement été consenti par le ministère de l'Education nationale, mais il ne durera que jusqu'à la Toussaint et rien de dit qu'il sera reconduit. Et quand bien même, la poursuite des suppressions de postes risque de peser les années suivant sur l'application de ces "doublettes". Déjà cette année, douze départements n'appliqueraient pas ou que partiellement cette mesure.

"L'école primaire n'est pas un champ potentiel d'économies !"

Bref, le Snuipp condamne une fois de plus, faisant écho aux indicateurs annuels de l'OCDE ("Regards sur l'éducation") et au récent rapport de la Cours des comptes, le faible investissement de la France dans son école primaire (15 % de moyens en moins que la moyenne des pays de l'OCDE). Dans ces conditions, il doute que soit honorée la promesse de Nicolas Sarkozy de 2007 : diviser par 3 le taux d'échec scolaire en primaire, qui se maintient toujours entre 10 % et 15 % (selon les évaluations 2010, 7 % à 13 % des élèves de CE1 sont en grande difficulté). "L'école primaire n'est pas un champ potentiel d'économies !" juge Sébastien Sihr, estimant qu'il n'existera plus de marges pour 2011. Fait alarmant, selon un sondage que le syndicat a réalisé en juillet auprès de 1.000 personnes, 55 % des Français pensent que les réformes actuelles vont dans le mauvais sens et 61 % jugent que l'école primaire fonctionne bien, contre 71 % en 2009.

 

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