Affaire Woerth : Le Monde accuse l'Elysée d'avoir violé le secret des sources

Le quotidien Le Monde a annoncé qu'il portait plainte contre X pour violation du secret des sources, estimant que l'Élysée a eu recours à des procédés illégaux pour identifier l'un des informateurs des médias dans l'affaire Woerth-Bettencourt. La présidence de la République a immédiatement démenti.

Le Monde a annoncé lundi qu'il allait porter plainte contre X pour violation du secret des sources, estimant que l'Elysée avait eu recours en juillet à des procédés illégaux pour identifier l'auteur des fuites vers la presse dans l'affaire Woerth-Bettencourt.

La présidence de la République a immédiatement démenti toute intervention de sa part. "L'Élysée dément totalement les accusations du Monde et la présidence de la République précise qu'elle n'a jamais donné la moindre instruction à quelque service que ce soit", indique-t-elle dans une déclaration.

Services du contre-espionnage mis à contribution

Le quotidien affirme que les services du contre-espionnage ont été utilisés pour rechercher l'informateur d'un de ses reporters qui enquête sur des soupçons de trafic d'influence à l'encontre du ministre du Travail, Eric Woerth, en raison de ses liens avec l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

Après plusieurs autres organes de presse, le journal accuse la présidence de la République d'avoir voulu mettre un terme aux révélations dans la presse, enfreignant ainsi la loi de 2010 sur la protection des sources des journalistes.

"S'affranchir ainsi des règles de la simple justice est la solution qu'a imaginée l'Elysée pour circonscrire l'incendie", lit-on dans un éditorial qui parle de "cabinet noir".

Le Monde affirme que des sources à la Direction générale de la police nationale (DGPN) et à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) lui ont dit qu'ordre avait été donné à la DGPN de mettre fin aux fuites.

Ces révélations portaient sur l'audition de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, qui a assuré qu'il avait été incité par Eric Woerth à procéder au recrutement par sa société Clymène de son épouse Florence.

Un conseiller de Michèle Alliot-Marie limogé

Selon le site nouvelobs.com, l'enquête clandestine menée par la DCRI a amené le limogeage du conseiller pénal de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, David Sénat, identifié comme la source des médias.

Des écoutes téléphoniques auraient été menées ou les enquêteurs auraient examiné les factures détaillées de téléphone de certaines personnes pour identifier les sources des journalistes, affirment les médias.

Interrogé sur Europe 1 dimanche, Eric Woerth a dit n'être au courant de rien.

Le cabinet de la ministre de la Justice a confirmé que le magistrat David Sénat, qui était en poste aux cabinets de Michèle Alliot-Marie depuis 2003, à la Défense, à l'Intérieur, puis à la Justice, l'avait quitté au 1er septembre mais a démenti tout lien avec l'affaire Woerth. David Sénat sera désormais chargé d'une mission de préparation de l'installation d'une cour d'appel à Cayenne en Guyane, explique-t-on.

Les développements de l'enquête sur la fortune de Liliane Bettencourt ont alimenté tout l'été une pression politique sur Eric Woerth, chargé du dossier des retraites.

Il est notamment apparu que la police avait découvert une lettre d'Eric Woerth demandant la Légion d'honneur pour Patrice de Maistre dans un courrier à Nicolas Sarkozy début 2007.

David Sénat est susceptible d'avoir eu accès à ce dossier conduit par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), puisqu'il fait l'objet de rapports au ministère via sa hiérarchie, le parquet général de Versailles.

La DCRI résulte de la fusion de la DST et des Renseignements généraux et a pour mission notamment le contre-espionnage et la lutte contre le terrorisme.

En début d'année, le même service avait reconnu avoir mené une autre enquête confidentielle sur l'origine de rumeurs d'infidélité de Carla Bruni, l'épouse de Nicolas Sarkozy.

L'opposition de gauche et le centre avaient alors critiqué cette utilisation de la DCRI, estimant que le président de la République avait fait appel à un service de police dédié à la sécurité du pays pour ses affaires personnelles.

Le parquet de Paris a indiqué dimanche à Reuters avoir ouvert une enquête préliminaire de police séparée sur les fuites pour violation du secret de l'enquête, confiée à l'Inspection générale des services (IGS, la "police des polices"). Elle fait suite à la plainte de Fabrice Goguel, avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt.

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