Interview : Christine Lagarde, la face cachée d'une femme de pouvoir

Christine Lagarde comme vous ne l'avez jamais vue. Dans l'entretien exclusif qu'elle a accordé au supplément "La Tribune & moi", la ministre de l'Economie laisse apparaître un pan méconnu de sa personnalité.

Vous avez été, à 43 ans, la première femme élue à la présidence du puissant cabinet Baker&McKenzie. Cette année, le Financial Times vous a décerné le titre de "Meilleur ministre de l'Economie de la zone euro", vous détenez le record de longévité pour un ministre des Finances de la Vème République. Dans les derniers sondages, les Français en particulier les sympathisants de l'UMP vous créditent de 64 % d'opinions favorables. Avez-vous le sentiment de réussir votre vie ?

La réussite n'est jamais acquise. C'est un combat perpétuel. Chaque matin, il faut apporter sa contribution et refaire la preuve de ses capacités. Ce que l'on a mis des années à bâtir, peut s'effondrer du jour au lendemain. Je suis profondément pénétrée de la nécessité d'avancer pas à pas, de se remettre en question tous les jours, en étant totalement consciente de la fragilité de notre parcours. J'ai eu la chance de me construire, en grandissant dans un milieu à la fois exigeant et tolérant, chrétien et engagé, plutôt à gauche d'ailleurs. Très tôt, à 17 ans, juste après mon bac et une épreuve personnelle - la mort de mon père- je suis allée vivre aux Etats-Unis et je me suis ouverte au monde. Cette dimension m'a transformée en profondeur. Lorsque vous vous retrouvez seul dans une culture, une langue et un mode de fonctionnement qui vous sont étrangers, vous vous renforcez. Je suis partie avec l'American Field Service, une organisation fondée après la seconde guerre mondiale par des ambulanciers. Son principe : faire venir des Européens aux Etats-Unis et des Américains en Europe pour essayer d'éviter que ne recommence cette boucherie ; ensuite, elle est devenue très internationale. Grâce à cette expérience, j'ai non seulement pu découvrir les Américains, mais aussi fréquenté des Australiens, des Ghanéens, des Danois ; nous étions un groupe de 40 étudiants, de toutes nationalités, tous vivants la même expérience que nous retrouvions deux fois par mois pour échanger. Puis, j'ai eu la chance inouïe de développer cette plate-forme internationale qui m'a structurée profondément dans la firme dans laquelle j'ai grandi comme bébé avocat d'abord, puis comme jeune associée, associée gérant, membre du comité exécutif et finalement comme patron de la société. Pour moi, c'était les mêmes valeurs. Contrairement aux autres grands cabinets d'avocats auprès desquels j'ai aussi candidaté, chez Baker & McKenzie, les Américains n'étaient pas en têtes de pont avec les Européens dans les soutes, de même les hommes n'étaient pas au pouvoir et les jeunes collaboratrices à prendre des notes. C'est en cela une firme géniale, bâtie sur le principe : un homme, une voix ; respect, tolérance et international. L'Italien de Rome, le Français de Paris, le Belge de Bruxelles ou le Chinois de Hong Kong ont tous autant le même pouvoir de décision que l'associé de New-York ou Chicago. C'était alors totalement révolutionnaire.

Comment rêviez-vous à l'adolescence, votre vie professionnelle, à quoi ne vouliez-vous pas renoncer ?
Je ne sais pas si on se pose la question en ces termes lorsque l'on est adolescent, mais ce qui était important à l'époque, et ce qui l'est toujours d'ailleurs pour moi, c'est l'indépendance. Je tire cela de mes racines familiales, en particulier féminines. Maman, agrégée de lettres classiques, l'a toujours prônée et l'a éprouvée elle-même après la mort de mon père, avec quatre enfants. Cela a été une lourde tâche à relever. J'étais l'aînée d'une famille de garçons. Scout, j'étais chef de sizaine. Toutes ces responsabilités que l'on regarde aujourd'hui avec un ?il cynique, vous structurent. Je n'ai jamais fonctionné en solitaire, que ce soit avec mes frères ou dans la vie. En natation synchronisée que j'ai longtemps pratiquée, on cherche la verticale parfaite mais, en même temps, on doit se synchroniser parfaitement avec les autres. La mixité aussi était pour moi très importante. J'ai beaucoup souffert en arrivant aux Etats-Unis, car j'étais dans un univers de filles. J'avais grandi avec des garçons, j'ai suivi mes études primaires au lycée François 1er, au Havre , puis secondaires à Claude Monet ; les filles étaient en minorité, mais nous étions ensemble.

Vous avez une dimension de pionnière...
Pouvoir casser un peu les plafonds, c'est important.

En 2005, quand vous entrez au gouvernement qui vous appelle ? Dominique de Villepin ? Thierry Breton dit que c'est lui...
Jean-Pierre Raffarin le dit aussi, le succès a plusieurs parrains, la défaite est solitaire. Fin 2007, ils n'étaient peut-être pas aussi nombreux à revendiquer ma nomination. Un an avant mon entrée au gouvernement, lors du dernier remaniement de Jean-Pierre Raffarin, Frédéric Lemoine qui était alors secrétaire général adjoint à l'Elysée m'avait appellée une première fois. Ca tombait totalement de la lune, les seuls liens que j'avais alors avec la France, c'était le conseil pour l'attractivité que Jean-Pierre Raffarin avait mis en place et mon bureau de Paris, qui me servait de base européenne. Ce n'était pas un bon timing, j'étais sur le point de convaincre une firme d'avocats de New-York d'entamer des négociations, en vue d'une fusion avec Baker & McKenzie. C'était pour moi la dernière étape de mon chapitre pour la firme, je voulais vraiment le terminer. Alors, je n'ai pas vraiment encouragé, ce n'était pas très élégant ; mais, au bout de la nuit, Frédéric Lemoine m'avait rappelée pour me dire qu'ils avaient de toute façon trouvé une autre solution. Fin 2007, Dominique de Villepin m'a appelée. Et pour dire toute la vérité, en fait, il y avait eu des tentatives d'appels de Thierry Breton et de Dominique de Villepin, je ne savais pas qui rappeler en premier, j'ai consulté mon parrain, qui m'a conseillée. Toujours le plus ancien et le plus haut dans la hiérarchie. Je me doutais de ce dont il s'agissait puisqu'il était en pleine constitution de son gouvernement. John Conroy, mon plus proche collaborateur, m'avait dit « n'hésite pas ».

Qu'est-ce qui vous motive alors ?

Tout d'abord, j'avais fini ou presque, la fusion entre la branche américaine de Coudert Frères et notre bureau de New-York. J'avais rempli ma feuille de route. C'est très difficile de refuser une telle proposition. Et Dominique de Villepin l'a fait avec infiniment de talent, en disant « on a besoin de vous, vous êtes la femme providentielle de l'international... » Vous imaginez sur un mode épique, combien il a pu réussir à faire le job description. Et puis, à tout dire, j'étais fatiguée et exaspérée de la façon dont la France était toujours critiquée, rabaissée. Les Français, eux-mêmes, passaient leur temps à se battre la coulpe. Or, quand on vit à l'étranger, on sait comparer, voir le potentiel. La France possède d'immenses talents et d'extraordinaires savoir-faire ; ca valait la peine de tout lâcher pour ce projet là, changer le regard des étrangers sur la France, valoriser notre pays.

« Client first », le client d'abord, est la marque de fabrique de Baker & McKenzie. A Bercy, quelle serait la votre ?
La même. Pour moi, le client c'est la France. Après, çà se décline. Quand je fais le texte sur le crédit à la consommation, pour moi, les clients se sont les ménages français. J'essaie de ne pas perdre de vue que le client ultime, c'est le pays. Mais, à chaque fois, il faut bien cibler ceux que l'on sert.

Vous êtes l'une des rares personnalités de la société civile auprès de qui la greffe semble avoir prise. Vous évoquiez les débuts fin 2007, cela n'a certainement pas été facile. Comment y êtes-vous parvenue ?
Les codes politiques sont ancrés dans l'historicité, il y a un côté parthéno-génétique. Quand j'ai fait mon premier Europe 1, Elkabbach m'a demandé « mais alors Madame le Ministre vous allez mener une politique de rigueur ? » Avec ma logique de chef d'entreprise, j'ai répondu oui puisque l'on supprime un fonctionnaire qui part à la retraite sur deux, etc. » On m'a dit « Mais vous vous rendez compte, ca va faire date. » Depuis, j'ai appris, j'ai compris, j'ai pris une, deux, trois claques. Ceci dit, j'espère ne pas être trop victime du codage, sinon on finit par parler une langue que seuls les initiés comprennent. Avoir été avocat sert. J'ai beaucoup travaillé sur des dossiers, notamment en fusion acquisition où à chaque nouveau cas, on doit apprendre un métier, ses techniques pour comprendre et défendre le client. Cela donne une fraîcheur et une gymnastique d'esprit qui nous rendent moins prisonnier de certains automatismes.
L'autre facteur de ma longévité, c'est la patience du Président de la République et du Premier Ministre. Ils auraient pu au bout de six mois décider de rebattre les cartes. Ils y ont peut-être pensé d'ailleurs, mais ils ont toléré cette phase d'apprentissage, et je les en remercie.

Quelle a été l'épreuve la plus difficile pour vous ?
Le pire coup de tabac, je l'ai vécu au Japon. A la réunion des ministres des finances du G7, nous sommes en février 2008, nous étions en pré-crise, la porte de l'ascenseur s'ouvre, les journalistes de Reuters, l'AFP, Bloomberg me tendent leur micro « alors ça y est vous avez démissionné, c'est effectif quand ? » Et là, j'avoue, ça met un petit coup dans les jarrets. Une bonne âme avait raconté que j'avais présenté ma lettre de démission sur la table des ministres le mercredi matin.

Que fait-on dans ces moments là, on serre les dents ?

Oui. Et c'est vrai alors que le soutien de l'international a été important. Pendant la crise, j'ai retrouvé un cercle de gens que je connaissais parce que je les avais fréquenté, voire pour certains que Baker & McKenzie avait pu conseiller. Mais, surtout avoir présidée une structure internationale m'a habituée à travailler à ce niveau là. Il existe un vrai savoir-faire pour négocier dans ce type d'instance internationale. Ma familiarité et ma connaissance des circuits, des acteurs et des codes m'ont servi. Et puis, le fait de parler anglais couramment, de manière presque « native », aussi bien sûr.

La France souffre aujourd'hui de ne pas parler anglais.
Oui. Les gens doivent se prendre par la main et passer au delà de l'appréhension du ridicule. Lors d'une réunion internationale, aussi brillant soit un discours, si il est dit en anglais, le propos portera plus vite et sans le canal de la traduction.

La rigueur professionnelle, comment l'avez-vous acquise ?
A la maison, nous avons grandi avec un degré d'exigence culturelle, linguistique très élevé. A chaque fois que nous faisions une faute de français ou que nous mettions un coude sur la table, on se faisait renvoyer derrière la ligne des 22 m. J'ai étudié sept ans le latin, cinq ans le grec, cela structure l'esprit. Une vertu de la culture française. Et puis, aux Etats-Unis, chez Baker & McKenzie j'ai passé ma vie avec des Time Sheet, des exigences de rentabilité, de rigueur. On est comptable de ce que l'on fait.

Qu'est-ce qui vous a le plus choqué quand vous êtes rentrée en France ?
Ce n'est pas de l'anti-Aubry ou de l'anti-socialisme, mais ce qui m'a sidérée, c'était la propension des Français à parler de leurs week-ends, des ponts, des RTT, les vacances, le focus sur le temps libre.

Avez-vous eu des bonnes surprises ?
La France est un pays magnifique à tous points de vue. Son climat, ses reliefs, sa géographie, ses côtes, une langue magnifique. Traverser la France en train, c'est somptueux. On est assis sur un tas d'or et on ne s'en rend pas compte ; on peste en permanence.

La règlementation sur le harcèlement sexuel aux Etats-Unis, on le sait, est très stricte, pourrait-elle être appliquée en France ?
On ne peut pas faire mutatis mutandis ce qui a été mené aux Etats-Unis, ce n'est pas dans la culture. Et cela serait franchement très triste. En revanche, je ne laisse pas passer les commentaires sexistes. Les minorisations des femmes sont insupportables. Le sexisme peut se manifester de multiples façons, pas seulement dans des rémunérations inférieures, dans des attitudes sexuellement provocantes. De temps en temps, certains ont essayé d'en faire à mon égard. Mais, ca n'a pas duré très longtemps.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs ?
Apprendre l'anglais en priorité ; le chinois aussi, mais c'est plus difficile. Au delà, je serais tentée de leur dire : osez, prenez des risques. J'espère qu'on fait assez pour les encourager, en termes d'allègement des démarches administratives, de recours à des financements innovants, de simplification des procédures... Qu'ils me le disent, si ils pensent que ce n'est pas assez. Une chose dont je suis très heureuse, c'est l'auto-entrepreneuriat. Quand nous l'avions lancé avec Hervé Novelli, nous étions les seuls à y croire. Aujourd'hui, ces 523 000 Français auto-entrepreneurs démontrent qu'il existait une capacité entrepreneuriale latente inhibée, brimée par les règles.
Si Lehman Brothers s'était appelé Lehmans Sisters, est-ce que cela aurait changé la donne ?
Oui. J'en suis convaincue. Intuitivement, je pense qu'il y a moins de libido féminine dans le rapport de compétitivité permanent qui se joue dans les salles de marché. C'est une démesure plus masculine. Une étude sur les comportements de trading, réalisée l'année dernière, tend à conforter cette hypothèse. Les femmes sont plus sensibles à la mesure du risque.

C'est une crise du monde des hommes ?
Je n'irais pas jusque là ; la crise résulte d'une combinaison de facteurs. Le monde financier a dans sa globalité été largement responsable, le législateur n'a pas freiné, les superviseurs n'ont pas vu venir la tempête. Les politiques immobilières y ont contribué, la politique monétaire de Greenspan aussi, mais le compost financier a été l'élément déterminant. Et si vous regardez la sphère financière, vous y rencontrez une grande majorité de paires de pantalons.

Pensez-vous qu'il faudrait instaurer des quotas pour les femmes aux postes de direction ? Leur faible représentation à la présidence des entreprises du CAC 40 est alarmante, non ?
Je suis assez partisane de quotas à durée déterminée. Je ne crois pas à leur efficacité sur le long terme, mais je pense en revanche qu'il y a une marche d'escalier très difficile à franchir. Affirmer que l'on aura 50 % de femmes dans les Comex en 2015, serait illusoire. Il faut les accompagner et leur donner confiance pour leur apprendre à siéger dans ces conseils, à prendre la parole et être pertinentes.

Vous avez déclaré « à compétences égales, je privilégie toujours les femmes.» Est-ce toujours le cas ?
Oui, je crois aux actions concrètes. Dans les directions générales au ministère, une femme est à la direction de la législation fiscale et j'ai imposé une directrice à la DGCCRF. Chaque fois que je peux pousser et encourager des femmes dans mon univers, je le fais. Madeleine Albright, qui a été pionnière sur bien des points, a écrit dans un de ses livres, « il devrait y avoir une place en enfer pour nous les femmes qui ne soutiennent pas les femmes. »

En mars dernier, au sommet Daily Beast, à New-York, vous avez conseillé aux femmes de ne jamais imiter les hommes ; pourquoi ?
Aux Etats-Unis, les Américaines croient que pour réussir dans le monde du business, il faut faire comme les hommes, voire pire. C'est moins vrai pour les Françaises. C'est un débat que j'ai eu souvent avec Madeleine Albright. Elle considère que l'on doit jurer comme un charretier, tel un homme. Moi, je suis convaincue de la vertu de la diversité. A partir du moment où vous voulez faire comme les autres, vous faites abstraction de ce que vous portez, c'est un appauvrissement plutôt qu'un enrichissement du groupe.

Vous avez toujours une mise impeccable. Pourquoi ce soin de votre apparence ?
On pardonnera moins à une femme un ourlet défait qu'un revers d'une veste un peu ramolli à un homme.

Vous vous maquillez et vous coiffez vous même ? Comment définiriez-vous votre style ?
Je me maquille toute seule, mais pour les cheveux, j'ai la chance d'avoir un coiffeur qui une fois par semaine me coiffe pour avoir l'air « corporate ». Quand vous êtes toujours en train de courir de droite à gauche, prendre un train, descendre d'un avion, grimper quatre à quatre des escaliers, parce que vous êtes en retard, vous n'avez pas le loisir de porter des stilettos ou des robes à froufrous qu'il faut repasser. Mon choix est d'abord dicté par le caractère « voyageant » de la garde robe, des tissus qui ne se froissent pas trop, des formes pratiques sans être provocantes, conformes à la fonction. Le fond et la forme sont consubstantiels. Et comme je mesure 1m80 et que je chausse du 42, je dois faire attention aux équilibres. Ceci dit, j'adore la mode, c'est un fleuron français. Ma mère était une couturière hors-pair. Toute mon enfance, je l'ai vue se coudre des robes superbes. Elle m'a transmis un sens de l'élégance avec assez peu de moyens, ce qui est assez typique de la parisienne, telle qu'elle est romantiquement imaginée à l'extérieur. On a conservé sa machine à coudre Singer, d'ailleurs. Elle allait acheter ses coupons de tissus au marché Saint Pierre et puis quinze jours après, elle déclinait une garde-robe qu'elle cousait la nuit généralement.

Votre frère est baryton, sa femme cantatrice, vous êtes fan d'opéra ?
C'est aussi un héritage familial. Mes deux parents chantaient, prenaient des cours à la maison. Mon grand-père vivait l'opéra en permanence ; au moment du festival de Bayreuth, il excluait toute invitation. Cet été, j'ai eu la chance de pouvoir aller un peu à Aix, au festival.

Avez-vous eu le temps de lire ?
J'ai lu le dernier Orsenna que je n'avais pas eu le temps de finir, et puis deux Yann Queffelec « le piano de ma mère » et « les oubliés du vent ».

Très souvent, à la télévision, vous commencez par dire bonjour à vos interlocuteurs alors que ces derniers ont déjà enchaîné, quelle place accordez-vous à la politesse ? A la morale ?
Le respect et la tolérance sont deux axes forts de ma vie. La politesse est l'expression du respect, de l'attention portée aux autres. Quant à la morale, il vaudrait toujours mieux qu'il y en ait plus.
 

Commentaire 1
à écrit le 31/12/2010 à 10:56
Signaler
Si vous regardez son C-V, vu d'Amérique et non vu de France, vous constaterez qu'elle est, avec Barroso la meilleure prostituée que les américains aient installée en Europe. Cette femme, comme Sarkozy, en France défend le capitalisme-matérialisme for...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.