La réforme des retraites jugée insuffisante par la Commission Attali

La commission Attali pour la libération de la croissance défend une autre réforme des retraites jugeant l'actuelle insuffisante. Elle propose un système à la carte pour l'après-2020.

La commission pour la libération de la croissance française présidée par Jacques Attali estime que la réforme des retraites actuellement examinée par le Parlement ne suffira pas à résoudre les problèmes de financement du système français après 2020. Dans un rapport qu'elle a rendu vendredi au président Nicolas Sarkozy, elle propose d'étudier pour l'après-2020 une refonte plus profonde du système français par répartition pour l'orienter vers une retraite à la carte.

Elle reconnaît que les mesures d'âges privilégiées par le gouvernement, cibles du mouvement actuel de protestations, sont la solution la plus rapide pour combler le trou des retraites. "Mais le plan gouvernemental ne traite le financement des retraites qu'à l'horizon 2020", souligne la commission présidée par Jacques Attali, ancien conseiller du président socialiste François Mitterrand.

Elle déplore aussi des effets du recul de l'âge légal de la retraite à 62 ans et de la retraite à taux plein à 67 ans. "Le relèvement de l'âge légal défavorise ceux ayant commencé à travailler très tôt et qui travailleront nettement plus longtemps que la durée légale, alors même que leur espérance de vie à la retraite est inférieure à celle des salariés entrés plus tard sur le marché du travail", écrit-elle.

Elle rejoint ainsi une des principales critiques adressées à la réforme actuelle par les grandes centrales syndicales. Elle souligne que le dispositif carrières longues, pour ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans, ne permet pas de tenir compte complètement de la pénibilité du travail.

Modèle suédois

Elle suggère d'accompagner la réforme de mesures favorisant le recrutement et le maintien dans l'emploi des seniors. Mais elle recommande surtout de mettre dès maintenant à l'étude deux pistes, proches de celles proposées par le syndicat CFDT, par exemple, pour préparer l'après-2020. La première consiste à permettre aux actifs d'arbitrer "plus librement" entre durée de retraite et niveau de pension par le jeu de la durée de cotisation et des surcotes ou décotes.

La commission insiste sur le rôle essentiel du niveau des décotes et surcotes (diminution ou augmentation du niveau des pensions en fonction de la durée de cotisation). "Les montants actuels découragent les départs précoces et n'encouragent pas du tout les départs retardés", écrit-elle.

La deuxième orientation consisterait à mettre en place un système de comptes individuels de cotisation retraite, inspiré du modèle suédois. Chacun cotiserait le même pourcentage de son salaire et ces cotisations, qui continueraient à financer le régime par répartition, seraient créditées sur des comptes individuels.

"Tout euro versé ouvrirait des droits, à tout âge, quel que soit son statut", expliquent les auteurs du rapport.

Les actifs pourraient, là aussi, arbitrer librement entre montant de leur pension et durée de leur retraite. Au départ à la retraite, le compte individuel serait converti en pension et le niveau de celle-ci calculé selon l'âge et la génération.

Pour la commission, ce dispositif a l'avantage de clarifier les droits à la retraite des jeunes générations et de bénéficier directement aux salariés modestes qui ont des carrières longues et dont le compte serait alimenté plus longtemps.

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