Retraites : les syndicats confrontés à une baisse de la mobilisation

Refusant de baisser les bras face à une réforme qu'ils jugent "inacceptable", les syndicats ont peiné ce jeudi à mobiliser les Français. Ils étaient 2 millions de manifestants selon la CGT, 560.000 selon la police. Presque deux fois moins que le 19 octobre.

Les syndicats entendent continuer à se battre contre la réforme des retraites mais leur capacité à mobiliser apparaît moindre au lendemain du vote définitif de la loi par le Parlement.

Les manifestations ont rassemblé 1,1 million de personnes en France selon la CGT contre 3,5 millions lors de la dernière journée d'action du 19 octobre. Comptabilisés par le ministère de l'Intérieur, le nombre de manifestants tombe à 560.000. Deux fois moins que la semaine dernière. "Une certaine forme de fatigue plus les vacances égal moins de personnes dans les rues", a expliqué le leader de la CFDT, François Chérèque, en tête du cortège parisien. "C'est un risque que nous assumions mais ce n'est pas parce qu'une loi est votée qu'elle est juste et qu'il ne faut pas continuer à la contester", a-t-il ajouté.

Pour Bernard Thibault, cependant, cette septième journée d'action interprofessionnelle ne marque pas la fin du mouvement. "Nous ne sommes pas dans un baroud d'honneur, comme cela fait sept fois qu'on nous l'explique", a déclaré le numéro un de la CGT lors du défilé dans la capitale. "Je peux vous l'annoncer, la participation sera inférieure aux fois précédentes", a-t-il ajouté. "Je n'ai pas de chiffres mais c'est la première fois, au lendemain d'un vote du Parlement, qu'on a une manifestation d'une aussi grande ampleur. Il y a un énorme soutien populaire."

Selon un sondage CSA publié par Le Parisien, 65% des Français soutiennent cette nouvelle journée d'actions, ce qui représente une baisse de six points par rapport à la précédente mobilisation, le 19 octobre. Un tel pourcentage de soutien, "c'est énorme après (tant) de journées de mobilisation", a estimé le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, sur LCI. "Il n'y a pas de défaite dans ce conflit", a-t-il assuré, appelant Nicolas Sarkozy à ne pas promulguer la loi, à l'unisson avec les autres centrales syndicales et l'opposition.

 Des appels à la grève moins suivis

Sur le front des grèves, la tendance est à la décrue avec, entre autres, la reprise des expéditions de carburant dans huit des douze raffineries françaises. Dans les transports publics, les perturbations étaient moindres à la SNCF, avec huit TGV sur dix assurés contre un sur deux le 19 octobre, mais le trafic aérien était de nouveau fortement réduit. La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leur programme de vols de 50% sur l'aéroport d'Orly et de 30% sur le reste des aéroports du territoire métropolitain, Roissy compris.
 

Et pour la suite ? 

L'intersyndicale doit se retrouver le 4 novembre pour faire le point sur la suite du mouvement. Une autre journée de mobilisation a d'ores et déjà été décrétée, samedi 6 novembre, pour permettre aux salariés du privé de se faire entendre. Les dirigeants syndicaux évoquent, sans plus de précision pour l'instant, de "nouvelles formes d'action" et rejettent en bloc l'idée de troquer les retraites contre des négociations sur l'emploi des jeunes et des seniors.

Le gouvernement a applaudi cette proposition de la CFDT, y voyant une porte de sortie dans le conflit des retraites qui s'est durci au fil de l'automne. Une "instrumentalisation inacceptable", a dénoncé François Chérèque. "Le problème des retraites n'est pas soldé", a-t-il insisté, appelant le gouvernement à retrouver les voies d'un dialogue social "bafoué" depuis des mois.

"On ne peut pas faire une grande opération de com' pour dire: 'tout va bien, tout le monde se parle'", a dit Jean-Claude Mailly. "Le dialogue social avec le gouvernement, il est plombé". Bernard Thibault renvoie également la balle dans le camp de la majorité: "Depuis des mois, on est dans la rue, on est dans la grève pour dénoncer un gouvernement qui prend des décisions unilatérales (...) C'est à lui maintenant de trouver les termes, la posture, les sujets sur lesquels il prétend refaire du social".

 

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