Les professeurs d'économie toujours mobilisés contre la réforme du lycée

Les professeurs d'économie sont vent debout contre les nouveaux programmes de la classe de seconde et interpellent le ministre de l'Education nationale Luc Chatel.

Les professeurs d'économie repartent à l'assaut. A l'occasion de la 3ème édition des journées de l'économie qui se tient du 9 au 11 novembre à Lyon, l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses), partenaire de l'événement compte en profiter pour se rappeler au bon souvenir du ministre de l'Education nationale. La réforme du lycée telle que conçue par Luc Chatel a en effet réactivé depuis plus d'un an la polémique qu'avait suscité en 2008 le rapport Guesnerie (qui préconisait notamment de familiariser les lycéens avec le monde de l'entreprise et critiquait un enseignement qui mettait "plus l'accent sur les problèmes de notre société" tels le chômage ou la précarité au lieu d'en valoriser les réussites).

Un moratoire ?

Si des concessions ont finalement été obtenues sur les programmes de la classe de seconde, qui étaient jugés trop complexes et faisant l'impasse sur de grandes thématiques pourtant fondamentales (La Tribune du 15 mars 2010), la grogne persiste concernant ceux de la classe de première, qui ont été publiés au Journal Officiel fin août. Ces programmes, qui doivent s'appliquer à compter de la rentrée 2011 pour la série ES du bac général "sont pléthoriques", dénonce Marjorie Galy, la présidente de l'Apses, qui doit s'exprimer le 9 novembre à Lyon. Selon elle, les 33 chapitres peuvent difficilement être tous enseignés entièrement à raison de 5 heures hebdomadaires. Par ailleurs, leur contenu, « plus compliqué, fait l'impasse sur certains grands débats », ou n'en traitent qu'un aspect. Quant au social et aux sciences politiques, "ils sont relégués en fin d'année scolaire". Du coup, l'association a lancé en juin une pétition, signée à ce jour par 2.300 enseignants (près de 58 % des enseignants de SES), pour demander un moratoire. Elle exige aussi qu'un « nouveau groupe d'expert élargi et représentatif de la pluralité du monde scientifique et des pratiques pédagogiques des enseignants soit constitué ».

Peu de chance que l'Apses soit entendue. Le ministère fait la sourde oreille et invoque la liberté pédagogique des enseignants. De fait, les enseignants d'économie misent sur cette marge de man?uvre pour s'accommoder d'une réforme qu'ils ne cautionnent pas. Pour preuve, l'entrée en application à la rentrée dernière le nouveau programme de SES en classe de seconde (quasi obligatoire, cet enseignement exploratoire remplace, au choix avec les principes fondamentaux de l'économie et de la gestion, l'ancienne option de SES). Sur le terrain, c'est un peu la "bricole", concède Marjorie Galy. L'enseignement ayant été réduit à 1h30 par semaine, certains professeurs jonglent avec 6 classes contre 3 auparavant, souvent surchargées, et ont peu de temps pour traiter toutes les thématiques prévues. Sans compter ceux qui doivent enseigner parallèlement les PFEG, faute de compétences disponibles à proximité de leur établissement. Les SES étant un enseignement « exploratoire », certains proviseurs interdisent aussi parfois toute évaluation par notes, rendant cette discipline négligeable aux yeux des élèves. Du coup, les enseignants adaptent le contenu de leur cours en fonction des circonstances.
 

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