Réforme du lycée : une mise en œuvre en demi-teinte, qui nécessite des améliorations

Selon un rapport des inspections générales présenté par Luc Chatel, les établissements ont commencé à s'emparer de la réforme mais des inquiétudes et réticences persistent. Le ministre de l'Education va renforcer l'information des familles et l'accompagnement des équipes éducatives.
Luc Chatel va améliorer l'information sur la réforme du lycée.

"Je ne suis pas sûr que ce type de communication soit fréquent", s?est félicité ce mardi le ministre de l?Education nationale. De fait, les rapports de l?inspection générale font rarement l?objet d?une présentation par un ministre devant la presse. Preuve que dans le cas de la mission de suivi de la réforme du lycée, le rapport présenté ce mardi n?apporte reste mesuré dans ses critiques.

En l?espèce, si "beaucoup d?établissements ont commencé à s?emparer de la réforme et de l?autonomie qui leur est donnée", les inspecteurs généraux de l?IGAENR et de l?IGEN reconnaissent qu'"on ne doit pas occulter les hésitations, les inquiétudes, les réticences et surtout les contrastes en lycées". Des bémols "inévitables au tout début de la mise en ?uvre, en particulier à la date d?observation de la mission". Le recul est en effet limité, puis que l?enquête a été menée seulement de novembre 2010 à janvier 2011 (auprès de 36 lycées généraux et technologiques de sept académies) alors que la réforme du lycée est entrée en application pour la classe de seconde seulement en septembre dernier.

Recommandations

Quoiqu?il en soit, les inspecteurs généraux formulent plusieurs recommandations sur les enseignements d?exploration, l?accompagnement personnalisé (la réforme prévoit 2 heures hebdomadaires), l?autonomie des établissements et le pilotage du système. Concernant les enseignements d?exploration, qui ont vu apparaître de nouvelles disciplines tels les méthodes et pratiques scientifiques (MPS), ils répondent encore à "une logique de prédétermination" alors qu?ils étaient destinés à la découverte de nouvelles matières, relève Jean-François Cuisinier, de l?IGAENR. Ainsi, les MPS sont-ils généralement été choisis en vue d?intégrer la S, qui offre le plus de débouchés aux yeux des familles.

"Le choix de ces enseignements reste déterminé par le profil de chaque lycée", ajoute l?inspecteur général, regrettant le manque de complémentarité entre établissements proches et "l?information tardive" dont ont bénéficié les élèves.

L?accompagnement personnalisé est peut-être la nouveauté qui a suscité le plus de réticences. Les raisons ? "C?est l?innovation qui touche le plus au c?ur du métier des enseignants. Ceux-ci doivent dépasser leur discipline, agir sans programme et centrer leur action sur l?élève. Ils se retrouvent démunis mais cette déstabilisation est un signe positif d?évolution", juge Catherine Moisan, de l?IGEN. L?autonomie des lycées est un autre changement de taille, puisqu?ils disposent désormais librement de 25 % de leur dotation horaire. A eux de choisir leur mode d?organisation et de répartir ces heures en fonctions de leur spécificité, des disciplines, des enseignants.

"Des débats importants ont animé les conseils pédagogiques et les proviseurs ont été soumis à de fortes contraintes", note Catherine Moisan. Quant au pilotage du système, il a mis en évidence le fort besoin des équipes en matière d?accompagnement. "Les inspecteurs doivent aussi changer leurs pratiques. Le pilotage doit plus être basé sur l?accompagnement que la prescription et sur l?efficacité que la conformité», estime l?inspectrice générale.

Partant, le rapport préconise une meilleure information des lycéens, d?adopter une approche pluridisciplinaire et de mieux diagnostiquer les besoins des élèves pour améliorer l?accompagnement personnalisé, de renforcer les compétences des chefs d?établissements en matière de pilotage et enfin d?accompagner les inspecteurs dans l?évolution de leurs missions et de développer des outils de suivi et d?évaluation de la réforme.

Lutter contre les déterminismes

Luc Chatel a "réagi" au travail des inspecteurs en annonçant plusieurs "améliorations" pour la rentrée 2011. Afin de lutter contre les "déterminismes" en matière d?orientation, le ministre a dès ce mercredi demandé au recteurs de renforcer l?information en direction des classes de troisième et des familles concernant les enseignements d?exploration. Les recteurs devront aussi mettre en ?uvre, au sein des lycées, des plans de formation pour les enseignants "concentrés sur les nouvelles pratiques pédagogiques". Les chefs d?établissements bénéficieront également de modules de formation proposés par les académies et les inspecteurs "accompagnés" dans le développement d?une "nouvelle culture".

La réforme du lycée, qui s?appliquera en classe de 1ère à la rentrée prochaine puis en terminale en 2012 ne pourra donc prendre toute son ampleur qu?à long terme, d?autant que d?autres nouveautés, tel le tutorat, n?ont pas encore vraiment vu le jour. Sur le terrain, le bilan fait par les syndicats est encore plus mitigé. Le 14 mars, le syndicat des directeurs d?établissement (SNPDEN) relayait via une étude sur la gestion de la rentrée 2011 le diagnostic des représentants d?enseignants : nombre d?établissements "s?assoient" sur la réforme du lycée, notamment en ce qui concerne le calcul des dotations.

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