Grand emprunt : les six instituts hospitalo-universitaires lauréats

Par Clarisse Jay  |   |  664  mots
Les IHU devront permettre de mieux valoriser la recherche clinique.
Le gouvernement a annoncé ce mercredi les lauréats de projets d'IHU déposés dans le cadre des investissements d'avenir. Bordeaux, Marseille et Strasbourg décrochent un IHU et Paris trois. Six autres projets jugés "prometteurs" seront soutenus financièrement.

En ce mois de mars, les annonces de résultats des appels à projet du grand emprunt se succèdent à un rythme d'enfer. Après la publication vendredi dernier des cent premiers laboratoires d'excellence ("Labex") et les sept projets pré-sélectionnés pour les initiatives d'excellence (La Tribune du 28 mars 2011), ce sont les instituts hospitalo-universitaires (IHU) qui ont été dévoilés ce mercredi par le gouvernement. Destiné à distinguer cinq à dix "fleurons de la recherche biomédicale", devant réunir "en un lieu unique la triple fonction de soins, de recherche et de formation" pour notamment mieux valoriser la recherche clinique (des super CHU, en somme), comme le préconisait en avril 2010 le rapport du professeur Jacques Marescaux, l'appel à projets a finalement couronné six IHU.

Trois lauréats à Paris

Les six projets sélectionnés ont été confirmés (La Tribune du 30 mars 2010). Il s'agit de : l'institut de rythmologie et de modélisation cardiaque au CHU de Bordeaux (avec l'université Bordeaux 2), porté par le professeur Michel Haïssaguerre (élu en janvier à l'Académie des Sciences) ; l'institut en maladies infectieuses au CHU de Marseille (université de la Méditerranée) ; l'institut de neurosciences translationnelles du pôle Sorbonne université (coordonné par l'université Paris 6 Pierre et Marie Curie) à la Pitié-Salpêtrière ; l'institut de cardiologie-métabolisme-nutrition de Paris 6 à la Pitié-Salpêtrière ; l'institut des maladies génétiques de l'université Paris 5-Descartes à Necker (projet porté par le professeur Alain Fisher) ; et enfin l'institut de chirurgie mini-invasive au CHU de Strasbourg, coordonné par l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad). Cette structure privée (à 97,5 %) créée au sein des hôpitaux universitaires en 1994 par Jacques Marescaux pour valoriser la recherche contre le cancer a toujours fait figure de modèle et de favorite pour les IHU. Mais pour plusieurs observateurs, le fait que Jacques Marescaux ait été rapporteur pour le gouvernement sur les CHU puis les IHU était finalement plutôt un handicap. " Il n'est pas évident que Strasbourg ait un IHU car Jacques Marescaux n'a pas le droit à l'erreur", confiait vendredi à Matignon lors de l'annonce des Labex le président de l'université de Strasbourg, Alain Beretz. L'avancée de l'Ircad en matière de transfert technologique aura donc convaincu le jury international...

Un label de consolation pour les bons dossiers non sélectionnés

Dix-neuf candidats ayant postulé, les déçus ont été nombreux ce mercredi, à commencer par Lyon qui avait déposé deux dossiers. La concentration de trois IHU à Paris ne manque pas non plus d'attiser les critiques et les jalousies. Déjà, la publication des résultats des IHU a été retardée plusieurs fois, notamment à cause d'une enquête de l'IGAS dont a récemment fait l'objet  pour infection nosocomiale le CHU de Marseille, l'un des favoris. Enquête qui n'a rien révélé... Et les détracteurs des procédures d'évaluation et de sélection ont tôt fait de noter que les responsables des établissements sélectionnées faisaient partie de la commission Marescaux auteure  en 2010 du rapport les IHU. Mais vu la qualité des dossiers soumis au jury, sur proposition du jury, le commissariat général à l'investissement a décidé de soutenir financièrement les six projets suivants sur leur liste, jugés "prometteurs" :  l'institut de médecine personnalisée du cancer  de Villejuif (avec l'institut Gustave Roussy et l'université Paris-Sud) ; l'institut Saint-Louis coordonné par l'université Paris Diderot ; l'institut protection et remplacement des organes et l'institut cerveau et santé mentale de Lyon ; le centre européen des sciences de la transplantation et d'immunothérapie de Nantes et enfin le Handicap medical excellence à l'hôpital Raymond Poincaré (université Versailles Saint-Quentin). Un maigre lot de consolation puisque ces "repêchés" ne se partageront qu'une dotation de 35 millions d'euros contre 850 millions d'euros pour les six IHU lauréats. Toutefois, ces dotations seront non  "consomptibles" à 80 % : la somme sera placé sur un compte spécial du Trésor et seul les revenus pourront être utilisés.