François Bloch (KPMG) : "les financements trop faibles limitent l'ambition des innovateurs en France"

Animateur national du réseau des entreprises de croissance à KPMG, François Bloch, nous présente les modes de financements dont dispose aujourd'hui l'entrepreneur innovant et avance quelques pistes pour renforcer un dispositif parfois trop modeste en France.
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Quels sont les moyens pour financer l'innovation aujourd'hui en France ?

Il existe de nombreux dispositifs efficaces, comme le Crédit impôt-recherche, le statut de jeune entreprise innovante ou les pôles de compétitivité. Ce sont d'excellentes initiatives et qui ont permis d'attirer des laboratoires étrangers, et surtout qui ont amélioré la collaboration entre universités, PME et grandes entreprises. La loi Tepa permet aux personnes qui payent l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) de défiscaliser 50% de ce qu'ils investissent dans des entreprises avec un plafonnement à 45.000 euros. Ce dispositif a rapporté 200 millions d'euros de levée de fonds en terme de capital risque. Il pourrait encore être amélioré en fléchant un peu plus ces investissements vers l'innovation. Pour ceux qui ne paient pas l'ISF il existe un autre dispositif qui est lui plus destiné à aider les entreprises innovantes. Depuis 2011 un couple qui investit jusqu'à 100.000 euros dans une entreprise qui innove peut déduire 22% de cette somme sur ses impôts (une déduction finale de 22.000 euros). Nous restons attentifs aux changements que va entraîner la suppression annoncée de l'ISF.

La batterie de dispositifs semble importante.

Des dispositifs sont là effectivement, mais ils ne suffisent pas. Un des problèmes en France c'est que les fonds d'amorçage sont bien trop modestes. Dans notre pays un projet en amorçage plafonne à 500.000 euros, alors que les besoins peuvent aller jusqu'à 10 millions d'euros ce qu'on ne sait pas financer en France. C'est ainsi que de bons projets partent vers d'autres pays. Avec ces 500.000 euros une entreprise doit financer la recherche et développement, commencer la commercialisation pour démontrer que son business est rentable avant d'espérer trouver d'autres financements. Autre effets pervers, la faiblesse des financements incite les entrepreneurs à revoir à la baisse leurs ambitions pour assurer la rentabilité de leur entreprise, impactant dans la foulé les perspectives de création d'emploi.

Quelles solutions proposez vous ?

Aujourd'hui l'innovation est très à la mode, surtout dans les régions où de nombreux projets sont financés. Le risque est d'aboutir à un phénomène de saupoudrage, avec un financement de nombreuses entreprises mais où chacun touche finalement assez peu. Une autre idée, largement soulevée pendant le SpringCampus à Avoriaz est celle de l'abondement automatique. Aujourd'hui il y a deux instructions pour lever des financements publics et privés. On pourrait permettre à un projet qui a trouvé un financement privé d'obtenir automatiquement un financement public. Cela permettrait de réduire les procédures et donc les délais, un aspect crucial dans les secteurs de l'innovation où il faut aller vite. Ce dispositif offrirait en outre une double garantie puisque chaque investisseur, privé ou public, saura qu'il n'est pas le seul à financer un projet, par conséquent plus susceptible d'aboutir.

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